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Ligue 1 : Fair-play financier ou pas, le PSG a encore des étapes à franchir pour devenir un géant

Florian Maussion

Mis à jour 09/07/2015 à 15:01 GMT+2

LIGUE 1 - Même après la levée des sanctions de l'UEFA dans le cadre du fair-play financier, le PSG ne va pas faire de folies sur le marché des transferts. En pleine croissance, le club parisien a encore quelques marches à gravir pour aller concurrencer les plus gros, à commencer par le Real Madrid.

Nasser Al-Khelaifi, PSG

Crédit: AFP

Le PSG est libre, et il va tout faire pour le rester. La semaine dernière, l'UEFA a annoncé la levée des sanctions prises contre le club dans le cadre du fair-play financier. De quoi voir plus grand lors du mercato. Mais Nasser Al-Khelaïfi a d'ores et déjà prévenu qu'il ne faudrait pas attendre de folies de la part de Paris cet été.
Sans prendre en compte la saison 2014/2015, biaisée par les restrictions du FPF, le club a dépensé en moyenne 130 millions d'euros par an sous la houlette de QSI depuis 2011. Cet été, le club devrait se montrer plus raisonnable, avec une enveloppe estimée entre 100 et 120 millions d'euros, pour s'assurer d'être à l'équilibre financier à la fin de la saison prochaine et éviter de nouvelles sanctions, sachant qu'il a dépensé environ 20 millions d'euros pour Serge Aurier et Kevin Trapp.
"Notre budget n'est pas illimité. Nous dépenserons notre argent sur des joueurs bien ciblés pour aider le club à grandir", déclarait le président parisien la semaine dernière. Grandir, c'est justement l'objectif du PSG. L'ambition avouée de QSI est d'aller marcher sur les plates-bandes du Real Madrid, qui trône en tête des clubs affichant les plus gros revenus en Europe. Paris en est loin, 75 millions d'euros environ, mais il a encore des leviers de croissance à mobiliser pour rattraper son retard.
Revenus des clubs européens en 2013/2014 en millions d'euros (cabinet Deloitte)
1Real Madrid549,9
2Manchester United518
3Bayern Munich487,5
4FC Barcelone484,6
5Paris Saint-Germain474,2
6Manchester City414,4
7Chelsea387,9
8Arsenal359,3
9Liverpool305,9
10Juventus279,4

Diversifier ses sources de revenus sponsoring

Le point fort du PSG est aussi sa principale faiblesse. Soutenu corps et âme par le Qatar, il dispose sur le papier de ressources gigantesques : un contrat record de 200 millions d'euros par saison avec l'Office du tourisme qatarie (QTA), un autre avec la Banque nationale (QNB) et un dernier avec l'opérateur télécom Ooredoo (anciennement Qatar Telecom) pour le naming du Camp des Loges. Pour justifier l'omniprésence de l'État du Golfe, le club met en avant le concept du "nation branding" (la promotion d'un pays par l'image). Il n'en reste pas moins que l'UEFA interdit tout contrat passé "entre des parties liées", ce que le PSG aura beaucoup de mal à contourner.
"Pour Paris, c'est un risque puisque le Qatar utilise l'Office du tourisme pour passer un contrat de sponsoring totalement disproportionné, explique Pierre Rondeau, économiste du sport spécialisé dans le football. L'UEFA impose une diversification des recettes, notamment pour éviter un non-paiement des salaires si un investisseur unique décidait de se retirer." Au moment de décider des sanctions contre le PSG en mai 2014, l'UEFA avait d'ailleurs attaqué le contrat passé avec QTA et l'avait dévalué de moitié à 100 millions d'euros. Une démarche que l'instance européenne pourrait répéter sur les autres contrats siglés Qatar passés avec Paris.
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Depuis 2013, le Camp des Loges a pris le nom de l'opérateur télécom qatari Ooredoo

Crédit: Panoramic

Le PSG veut s'implanter aux États-Unis et en Asie, où il cherche à développer des partenariats locaux
Pour éviter que cette épée de Damoclès ne pèse sur son développement, le club a déjà commencé par sécuriser ses autres ressources de sponsoring. En 2013, il a renouvelé ses contrats avec Fly Emirates et Nike pour un montant total compris entre 50 et 60 millions d'euros par an. Mais ce n'est pas encore suffisant. "Le PSG cherche à développer des partenariats locaux, poursuit Pierre Rondeau. Il veut s'implanter aux États-Unis et en Asie. Il va signer des contrats publicitaires avec des marques indonésiennes, coréennes, américaines… Tout ça pour diversifier ses revenus."
La tournée aux États-Unis cet été, sous le slogan "Paris loves US", entre de plain-pied dans cette logique de développement de la marque PSG à l'étranger. Entre le 18 et le 29 juillet, le club de la capitale va affronter Benfica à Toronto, la Fiorentina à New York, Chelsea à Charlotte et Manchester United à Chicago, avant d'aller défier l'Olympique lyonnais le 1er août à Montréal pour le Trophée des champions. Un bon moyen d'améliorer la notoriété du club outre-Atlantique, déjà renforcée en 2013 par la signature de David Beckham.

Agrandir le Parc des Princes

Engagé dans son développement hors des frontières françaises, le PSG a aussi un énorme chantier à mener à Paris : "Faire du Parc des Princes un temple du football", selon le slogan du club. Le stade a déjà été transformé depuis l'arrivée de QSI à la tête du club en 2011, mais le projet d'agrandissement pour porter sa capacité à 60 000 places est toujours en suspens et ne verra pas le jour au moins avant la fin de l'Euro 2016. Une épine dans le pied des dirigeants parisiens, qui comptent sur le Parc des Princes pour franchir un nouveau palier.
Avec 63,1 millions d'euros de recette de billetterie en 2013/2014, soit 13% de ses revenus totaux, Paris est entré dans le Top 10 européen en la matière, mais il est encore loin des plus hautes sphères du classement et notamment de Manchester United, qui dégage deux fois plus de revenus avec Old Trafford que le PSG avec le Parc des Princes.
Revenus de billetterie des clubs européens en 2013/2014 en millions d'euros (cabinet Deloitte)
1Manchester United129,3
2Arsenal116,8
3FC Barcelone116,8
4Real Madrid113,8
5Bayern Munich88
6Chelsea84,9
7Paris Saint-Germain63,1
8Liverpool61
9Manchester City56,8
10Borussia Dortmund56,1
"Ils ont amélioré l'accueil et les places VIP, mais tant qu'ils seront bloqués à 45 000 places, ils ne pourront pas dégager autant d'argent qu'ils pourraient l'espérer, souligne Pierre Rondeau. Paris devra miser sur les loges. Une loge à l'année au Bayern Munich peut aller jusqu'à 300 000 euros. Si le PSG trouve le moyen d'en construire une centaine, il va pourra générer de gros bénéfices." À titre de comparaison, l'Emiraites Stadium, le stade d'Arsenal, compte 150 loges. Le futur Stade des Lumières de Lyon en comportera 105, et l'OL espère en tirer 5 millions d'euros pour un seul huitième de finale de Ligue des champions.
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Le Parc des Princes à Paris - 2014

Crédit: AFP

Paris peut déjà miser sur la multiplication des spectateurs et la diminution des supporters
En attendant de pouvoir enfin agrandir le stade, Paris a toujours la possibilité de jouer sur le prix des places et des abonnements. S'il est plus cher qu'à Barcelone, Manchester City, au Real Madrid ou encore au Bayern Munich, le prix de l'abonnement au Parc des Princes (450€ pour 2014/2015) est encore très éloigné de ceux pratiqués à Arsenal (1266€), Tottenham (993€) ou Liverpool (887€).
"Le PSG pourrait miser sur l'embourgeoisement de la ville, qui fait qu'il y a de plus en plus de gens attirés par les évènements sportifs et les stars. À Londres par exemple, le prix est basé sur ceux de la ville, souligne Pierre Rondeau. Aujourd'hui on parle plus de spectateurs que de supporters et il pourrait justifier la hausse du prix des places en attirant de grandes stars à la fois sur la pelouse et dans les tribunes."

Aller loin en Ligue des champions

Les revenus de sponsoring, l'agrandissement du stade et la hausse du prix des places, le PSG a des moyens pour poursuivre sa croissance. Mais le meilleur est encore sur la pelouse. D'autant que le club ne pourra pas compter sur les droits télé reversés pour la Ligue 1, qui sont très, très loin de ceux que percevront, par exemple, les clubs de Premier League la saison prochaine. Pour Paris, la clé se trouve en Ligue des champions. Quart de finaliste depuis trois ans, il espère aller encore plus loin cette saison. "Nous avons plus que jamais la volonté de nous battre pour atteindre une place au sommet du football européen", lançait d'ailleurs Nasser Al-Khelaïfi la semaine dernière. Un objectif qui peut rapporter gros pour Paris.
"La performance sportive est immédiatement liée à la performance économique, rappelle Pierre Rondeau. La Ligue 1 n'est pas intéressante financièrement pour le PSG. Il doit miser sur des réussites en Ligue des champions. S'il atteint les demi-finales ou la finale, il améliorera encore la visibilité de la marque à travers le monde et pourra faire exploser ses recettes."
Plus visible, Paris pourra aussi compter sur les dotations reversées par l'UEFA. Son quart de finale face à Barcelone cette saison (1-3, 0-2) lui a rapporté 3,9 millions d'euros. Un million de moins que les demi-finalistes, le Real Madrid et le Bayern Munich. Finaliste, la Juventus a glané 6,5 millions d'euros et le Barça, vainqueur, 10,5 millions. De quoi donner des envies au club de la capitale d'aller plus loin dans la compétition dans un avenir proche. D'autant que ces chiffres ne prennent pas en compte les droits télé. Il ne reste plus au PSG qu'à aller chercher ce jackpot sur le terrain.
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Edinson Cavani, buteur avec le PSG en Ligue des champions face à Nicosie - 2014

Crédit: AFP

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