L'antisèche : Toujours intraitable, l'AS Monaco ajoute une dose de spectacle à son efficacité

Les Monégasques ne s'en cachaient même pas : mardi soir, à Louis-II, il s'agissait d'abord pour eux de préserver le (net) avantage obtenu à l'aller (1-3). Le collectif monégasque, dans la continuité de ce qu'il faisait la saison passée, s'est donc appliqué à laisser le moins d'espaces possibles aux Young Boys de Berne. Et ça a plutôt bien fonctionné, même si les Suisses, joueurs, auraient pu mettre la défense monégasque plus en difficulté.

Capables de mettre un gros pressing sur la relance monégasque, les équipiers de Sulejmani ne sont en revanche pas parvenus à faire des différences sur les côtés, comme à l'aller. Une impuissance qui a permis aux attaquants monégasques de se libérer et de recevoir du soutien. C'est sur un contre que Cavaleiro a tout débloqué avant une fin de match à sens unique.

La jeunesse monégasque a du mordant, pas que sur le papier. Ivan Cavaleiro (21 ans) et Mario Pasalic (20 ans), tous deux titulaires comme à l'aller, ont chacun livré une prestation de qualité. Aux côtés de Toulalan et Moutinho, le Croate est extrêmement propre dans l'entrejeu. L'attaquant portugais reste lui encore brouillon, mais est déjà capable de faire de vraies différences et de signer de petits exploits techniques, comme sur l'ouverture du score.

La technique, Joao Moutinho en connaît un rayon et en a fait un joli étalage mardi soir. Le Portugais était d'une propreté affolante. Il a aussi profité des nombreux appels autour de lui, notamment ceux d'un très bon Nabil Dirar, pour faire admirer son sens du jeu. Même les Monégasques plus brouillons, à l'instar d'Anthony Martial, ont été récompensés.

Une épidémie de grippe estivale ? Une infection alimentaire généralisée ? Un violent accrochage entre Leonardo Jardim et ses joueurs, qui auraient tous décidé de le lâcher quitte à y perdre la Ligue des champions ? Un envahissement de terrain par les supporters de Louis-II ? Vraiment, l'ASM n'a jamais été menacée.

Sur les 15 buts inscrits par l'AS Monaco depuis un an en compétition européenne, 14 l'ont été en seconde période. Les Rouge et Blanc sont des prédateurs à sang froid, qui contrôlent leur adversaire avant de le faire tomber dans leur piège.

Trois buts à l'aller, quatre au retour : les Monégasques marquent comme rarement la saison passée. Pointée du doigt, et même critiquée, pour sa frilosité, l'équipe de Leonardo Jardim aurait-elle opéré une mue radicale, au point d'être de plus en plus portée sur l'offensive ? On aimerait y croire mais on préfère rester plus nuancé.

Comme depuis un an, cette ASM est avant tout extrêmement réaliste. Son premier objectif était encore une fois de bloquer son adversaire, avant d'appuyer, surtout en contre, sur les points faibles de son adversaire du soir. Les Young Boys offrant un visage joueur mais très limité, cela s'est traduit au tableau d'affichage par deux gifles. Ça ne fait pas encore de Jardim et ses hommes des parangons du football offensif.

Heureusement, le réalisme de l'ASM veut aussi dire qu'elle s'appuie sur les qualités inhérentes à son groupe. De nombreux joueurs de ballon sont arrivés et vont libérer un peu plus le potentiel créatif de cette équipe. Et puis, mention spéciale pour le retourné acrobatique d'Anthony Martial qui a vu la lucarne se dérober après un magnifique décalage de Moutinho et une louche de Dirar. Ne boudons pas notre plaisir, c'était très séduisant.