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Le Bayern a connu des hivers plus sereins...

David Lortholary

Mis à jour 15/02/2017 à 01:20 GMT+1

Munichois du Bayern et Londoniens d'Arsenal, qui se retrouvent ce mercredi 15 février en Ligue des champions, se sont déjà affrontés trois fois à ce stade de la compétition - la dernière fois en 2014 - et les Allemands se sont toujours qualifiés. Cette année, cependant, ils doivent faire face à une série de difficultés et n'ont, jusqu'à présent, guère convaincu ni impressionné sur le terrain.

Xabi Alonso, Arturo Vidal, Thomas Muller

Crédit: Panoramic

Ce fut, soudain, comme un soulagement un peu démesuré. Arjen Robben, en inscrivant le deuxième but, venait d'offrir, dans les arrêts de jeu, une victoire définitive au Bayern à Ingolstadt (2-0), l'une des équipes de bas de classement en Bundesliga. L'entraîneur Carlo Ancelotti, aux émotions souvent contenues et toujours placide, tomba dans les bras de son capitaine Philipp Lahm, remplacé quelques minutes plus tôt. Rarement cette saison les Bavarois n'avaient fêté but et victoire de manière aussi démonstrative que ce samedi.
Était-ce un soulagement ? Était-ce un sentiment d'euphorie renaissant ? Était-ce la sensation de renouer avec cet ADN de la victoire permanente, même sans convaincre, qui fait la force et l'identité du Bayern ? Autrement dit, à quelques heures d'affronter Arsenal en Ligue des champions, le Bayern a-t-il besoin de se rassurer ou est-il sûr de sa force, de sa forme ?
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Philipp Lahm et Thomas Müller

Crédit: Imago

Le Bayern n'est plus aussi fort
Quatre fois déjà cette saison en championnat le Bayern s'est imposé grâce à des buts dans les dix dernières minutes. Pas simplement de la chance, selon Philipp Lahm. "C'est aussi la conviction que l'on peut encore gagner le match et que l'on peut sortir du terrain en vainqueurs". Ce à quoi fait écho son entraîneur en estimant que son équipe avait "montré un vrai caractère". À l'aube d'affronter les Gunners, le capitaine l'assène : "Nous sommes toujours prêts !" On n'est pas obligé de croire sur parole sa communication toujours maîtrisée.
Livrer une autre analyse des victoires étriquées ou tardives du Bayern est en effet possible. C'est l'avis de Mesut Özil, pour qui "le Bayern n'est plus aussi fort". En Bavière, on en est conscient, "ce sera un match difficile", ainsi que le pense le président du directoire Karl-Heinz Rummenigge. Par-ci, par là, ces temps-ci, la frustration suinte. Le 4 février, à l'issue du piteux 1-1 à domicile contre Schalke, Thomas Müller, habituellement disponible pour les médias en zone mixte, s'est éclipsé en silence. Mécontent, presque lassé peut-être, de sa prestation fantomatique comme de celle de son équipe. Quelques minutes avant, Arjen Robben, remplacé à la 71e, avait tapé la main de son entraîneur de façon polie mais fuyante, pour ne pas dire glaciale, son visage grimaçant trahissant son désaccord.
La dimension physique, c'est-à-dire la question de la forme de ses joueurs, a été gentiment balayée par Carlo Ancelotti, d'un sourire, en conférence de presse, début février. Vu des tribunes, c'est flagrant : personne, depuis janvier, n'apporte de tonus au jeu du Bayern, personne ne dynamite les défenses adverses, personne ne crée de différence, personne n'apporte de variété ni d'inspiration. Questionné sur ces difficultés, le "Mister" a souri. De longues secondes. Puis lâché, tel un vieux sage qui en a vu d'autres, en rappelant qu'il a dirigé, à la louche, un bon millier de matches : son staff a préparé les joueurs pour être en forme au bon moment.
Il s'appuie, pour cela, sur des hommes d'extrême confiance : son préparateur physique Giovanni Mauri - avec qui il travaille sans discontinuer depuis Parme, en... 1996 ! - et sur son propre fils, devenu son adjoint direct depuis le départ à la trêve de Paul Clement vers le Pays de Galles. Ancelotti a intérêt à être sûr de son coup car, comme l'assurait Philipp Lahm début février, "si nous continuons à évoluer comme ces dernières semaines, nous allons être très vite éliminés de plusieurs compétitions". Lahm pense évidemment aux deux Coupes, la DFB Pokal et la Ligue des champions. Là où toute faiblesse est punie. Et il ajoute : "Je ne sais pas où l'on trouve le levier qui ferait que cela aille mieux du jour au lendemain". Preuve qu'atteindre son pic de forme ne répond pas à un itinéraire linéaire.

Statistiques en baisse

Comparées à celles des six mois précédents, les statistiques 2017 ne trompent pas. Les artilleurs du Bayern frappent moins au but (en moyenne, 12,7 tirs contre 17,8 pour 1,7 but marqué contre 2,4), se créant ainsi moins d'occasions franches (5,7 contre 8,1). Ce n'est donc pas de manque de réussite dont il s'agit mais d'un problème plus profond. Le jeu de passes est moins brillant, le ballon circule moins vite, l'adversaire est, par conséquent, plus difficile à surprendre et à pousser à la faute. Un diagnostic qui concerne aussi bien le coeur du jeu - surtout lorsque Thiago Alcantara n'est pas sur le terrain - que les ailes, de telle sorte que Robert Lewandowski, l'avant-centre, se retrouve isolé à lutter seul contre des vis-à-vis qui lui mènent la vie dure.
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Carlo Ancelotti

Crédit: Imago

Les prestations de Thomas Müller sont toujours aussi peu convaincantes, celles de Douglas Costa carrément insuffisantes, Kingsley Coman a besoin de temps pour digérer sa longue blessure, Renato Sanches est encore beaucoup trop timide... Et tout le monde manque de jus. La défense n'est pas exempte de soucis non plus : les adversaires du Bayern se créent, en moyenne, une occasion de plus par match qu'avant Noël (4,0 contre 2,9), frappent plus souvent au but (9,7 contre 7,6) et le pourcentage de concrétisation des occasions a augmenté (25,0 contre 19,1). Cette saison, les coéquipiers de Manuel Neuer ont déjà laissé échappé la victoire à trois reprises après avoir mené, et il faut remonter à 2010/2011 pour retrouver pire bilan.
Au moment de décider s'il fallait renforcer le groupe pour la seconde partie de la saison, les décideurs (les présidents Hoeness et Rummenigge, le directeur technique Reschke et l'entraîneur Ancelotti) ont choisi : aussi peu nombreux soient-ils, on garde les éléments à disposition... On prête même Holger Badstuber à Schalke et on lâche Julian Green, seule doublure de Lewandowski, à Stuttgart. Le Bayern s'est donc engagé dans la course aux trophées avec 18 joueurs de champ seulement. Aucun huitième de finaliste de la Ligue des champions n'en compte moins.
Avec 23 joueurs comptabilisés au total (dont ses trois gardiens et les deux jeunes Niklas Dorsch et Fabian Benko), le club aux 26 titres de champion d'Allemagne est à égalité dans ce domaine avec le Barça et l'Atletico, deux des autres grands favoris de la compétition. Durant son mandat en Bavière, Josep Guardiola a toujours pu compter sur plus de 30 joueurs ; mais Hitzfeld et Heynckes, les deux derniers entraîneurs vainqueurs de la Ligue des champions avec le Bayern, en 2001 et en 2013, s'appuyaient respectivement sur 28 et 27 joueurs.

Management et risque maîtrisé

Ottmar Hitzfeld, aux avis toujours extrêmement écoutés, ne voit aucun inconvénient à cette troupe amincie. "J'ai toujours été partisan d'un petit groupe. Avec 26 ou 27 éléments, on ne peut pas se concentrer", a-t-il récemment expliqué au bi-hebdomadaire spécialisé Kicker. Sans compter les rancunes pour manque de temps de jeu telles que celle dont l'agent de Douglas Costa vient de faire part aux confrères du Bild am Sonntag. Le manager hors pair qu'est Ancelotti, très attentif au degré de satisfaction de ses joueurs, agit donc en conscience.
La thèse : une doublure de niveau équivalent au titulaire est nécessairement insatisfaite et plombe l'atmosphère du vestiaire. Place donc au fameux risque maîtrisé, notamment en défense centrale. Badstuber dans la Ruhr, Boateng absent jusqu'en mars, l'entraîneur devra recentrer Alaba si Hummels ou Martinez devait manquer à l'appel. Rien d'incongru – Guardiola l'a fait 27 fois la saison dernière – mais une solution nécessairement ponctuelle. Il y a un an, quatre défenseurs centraux du club étaient blessés (Boateng, Benatia, Badstuber et Martinez), et les dirigeants avaient choisi de débourser 3 M€ pour engager Serdar Tasci, finalement hors sujet...
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