A Monaco, la vie après Toulalan

Un seul être vous manque et tout est (presque) dépeuplé. Orphelin de Jérémy Toulalan, son capitaine et leader naturel durant trois saisons parti cet été à Bordeaux, Monaco, qui doit absolument battre Fenerbahçe mercredi en tour préliminaire retour de Ligue des champions, apprend à composer sans lui.

D'abord les chiffres: avec Monaco, Jérémy Toulalan, ce furent 113 rencontres disputées, toutes compétitions confondues en trois saisons. Malgré quelques blessures, l'ex-international français a très souvent été égal à lui-même. Sobre dans le jeu, récupérateur hors-pair et relanceur efficace. Cette simplicité faisait le bonheur du très difficile public du Stade Louis-II. A tel point que Toulalan était régulièrement célébré durant les matches à domicile.

Pourtant, alors qu'il avait l'opportunité de poursuivre l'aventure en principauté, Toulalan a choisi Bordeaux et l'entraîneur Jocelyn Gourvennec, dont les méthodes lui correspondent mieux. Il faut dire qu'à Monaco, entre lui et l'entraîneur Leonardo Jardim, la connivence n'était pas bien grande, marquée par des débuts ratés. Alors que sous les ordres de Claudio Ranieri la saison précédente, Toulalan était incontournable, Jardim le place, pour son premier match comme entraîneur monégasque, sur le banc lors de la première journée de l'exercice 2014-2015. Monaco perd à domicile contre Lorient (1-2). Même si, par la suite, Jardim fera de l'ex-Nantais le capitaine de son groupe, après ces débuts douloureux, l'entente ne sera que cordiale.

En public, les discours des deux hommes se rejoignaient souvent. Mais Toulalan était peu adepte du management effectué par Jardim. Aussi lorsqu'il a vu Claude Makelele évincé, Jardim confirmé comme entraîneur, et le club reparti dans un nouveau cycle pour valoriser et revendre ses joueurs, sa décision était prise. Lui qui était uniquement venu à Monaco pour jouer chaque année la Ligue des champions et disputer le titre au Paris SG, a vu le projet monégasque s'écarter de ses souhaits. Et comme pour Jardim, il n'apparaissait pas indispensable, Toulalan a préféré partir.

Mais depuis, il n'a pas été remplacé. Son expérience, sa lucidité, sa capacité à gérer temps forts et temps faibles de son équipe manquent. Le milieu du terrain monégasque est déficient. Actuellement, Jardim évolue avec un duo de milieux défensifs. Il a replacé le latéral droit brésilien Fabinho, qui pourrait toutefois quitter le club cet été, aux côtés de Tiemoué Bakayoko. Le talent de ce dernier, international espoir, est réel. Mais, au-delà du fait qu'il soit souvent blessé, il manque encore d'expérience pour tenir le milieu du terrain.

A Istanbul, Monaco a cédé à deux reprises. Certes les circonstances du match (blessure du gardien De Sanctis au bout de douze minutes, remplacé par Badiashile, 18 ans et aucune expérience) ont été contraire et la charnière centrale Raggi-Jemerson a été en difficulté. Mais le milieu monégasque n'a pas non plus su maîtriser la rencontre. Mercredi soir, si Monaco veut remonter son handicap de l'aller (défaite 2-1), l'équipe de Jardim devra savoir gagner la bataille du milieu. Sinon, Monaco pourrait déjà devoir dire adieu à ses rêves de Ligue des champions.