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Celtic - PSG : et si Liverpool s’était trompé sur Brendan Rodgers ?

Bruno Constant

Publié 12/09/2017 à 07:13 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Raillé par une partie des médias anglais pour son ton quelque peu arrogant et surtout pour avoir laissé échapper le premier titre de Liverpool depuis 1990 en 2014, Brendan Rodgers a, depuis, redoré son blason avec le Celtic et rappelé qu’il est un excellent entraîneur.

Brendan Rodgers

Crédit: Getty Images

Commençons par un peu d’histoire. Les fans de Liverpool et du Celtic débattent depuis des décennies sur "qui des deux kops a chanté le premier le célèbre You’ll never walk alone ?" Intronisation majestueuse dans chacun des deux temples du football que sont Anfield et le Celtic Park. L’histoire raconte que ce serait les Reds, un an après la reprise de la chanson de Rodgers et Hammerstein (en 1945) par Gerry and the Pacemakers en 1963.
Cela n’empêche pas les deux clubs d’entretenir un respect mutuel, presque fraternel depuis ce fameux match d’avril 1989 joué par les Reds au Celtic Park, le premier qui suivit le drame de Hillsborough, et au cours duquel les supporters écossais avaient applaudi chacun des quatre buts anglais. Depuis, les deux clubs cultivent une certaine ressemblance à travers leurs traditions et l’émotion qui se dégage de leurs stades respectifs étirant même le lien de parenté lorsque l’ancien manager de Liverpool est devenu le nouvel entraîneur du Celtic, un certain Brendan Rodgers.

Précurseur de la défense à trois en Angleterre, bien avant Conte

Huit mois ont séparé son départ des Reds (octobre 2015) et son arrivée à la tête des Hoops (mai 2016). Echaudé par la fin de son aventure à Liverpool, pourtant plus qu'honorable, Rodgers a longtemps réfléchi avant de replonger malgré de nombreuses propositions en Premier League. Il faut dire que la décision des dirigeants de Liverpool avait été pour le moins brutale - dix-huit mois après avoir été tout près d’offrir le premier titre au club en vingt-quatre ans et deux mois seulement après le début de la saison, à l’issue du Merseyside derby – au point de provoquer une scène désormais célèbre qui montre Thierry Henry, choqué en apprenant la breaking news en direct sur le plateau de Sky Sports, poser sa main sur la cuisse de l’ancien Red Jamie Carragher.
Longtemps dénigré pour ses choix en matière de recrutement (Markovic, Balotelli, Lovren, Moreno, Luis Alberto, Aspas, Lambert, Benteke) et son obsession pour le 4-3-3, Rodgers a souvent été victime du délit d’arrogance qui se dégageait de ses conférences de presse. Beaucoup ont tendance à oublier qu’il a également fait venir Coutinho, Firmino, Lallana, Sturridge, Clyne ou encore Can, qu’il a été le précurseur de la défense à trois en Premier League, bien avant Antonio Conte à Chelsea, avec Swansea (2011-2012) puis Liverpool. Surtout, il a été et reste à ce jour le manager le plus proche de rapporter le titre à Liverpool pour la première fois depuis 1990, c’était en 2014 où son équipe était leader à trois journées de la fin.
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Emre Can et Brendan Rodgers

Crédit: Eurosport

Un meilleur bilan que Klopp à Liverpool

Rodgers a également été jugé comme le responsable du départ de Gerrard - admis par l’intéressé lui-même -, mais il est amusant de noter que les deux moments clés qui ont précipité sa chute - la perte du titre en 2014 et de la quatrième place en 2015 - ont été l’œuvre malheureuse du… capitaine des Reds : sa glissade face à Chelsea puis son expulsion au bout de 38 secondes contre Manchester United.
Les critiques ont été violentes, notamment venant des anciens de la maison rouge, mais pour beaucoup exagérées. La preuve ? Aujourd’hui, Jürgen Klopp, accueilli comme une rock star à son arrivée, affiche pourtant le même pourcentage de victoires (50,55) que Rodgers (50,30). Et, en y regardant de plus près, sur les soixante-douze premiers matches de Premier League des deux techniciens, l’actuel manager de Liverpool fait même moins bien que son prédécesseur : l’Allemand totalise 37 victoires, 20 nuls et 15 défaites contre 40 succès, 18 nuls et 14 revers pour le Nord-Irlandais tout en ayant marqué moins (141 contre 164) et concédé plus de buts (90 contre 85). Étonnant, non ?
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Brendan Rodgers, Jurgen Klopp

Crédit: Getty Images

Du sang vert et banc dans les veines

Marqué par ce torrent de critiques parfois injustes et qu’il qualifia lui-même d’"hystérique", le technicien de 44 ans a mis du temps à digérer. Un seul club semblait pouvoir le décider à se remettre en selle si vite : le Celtic Glasgow. Car dans ses veines coule du sang vert et blanc. A Belfast, Rodgers est issu d’une famille de grands supporters du Celtic, club qu’il chérit depuis son enfance. Certains de ses oncles, cousins et frères continuent d’aller au stade et quelques-uns d’entre eux ont versé une larme le jour de sa nomination qu’il a gardé secrète jusqu’au dernier moment.
En mai 2016, Rodgers a succédé au Norvégien Ronny Deila qui n’avait pas totalement convaincu malgré deux titres consécutifs mais une élimination en demi-finale de la Scottish Cup face à l’ennemi historique, les Rangers. Dès sa première saison, Rodgers est devenu le troisième manager seulement à remporter le triplé (championnat, cup, league cup), et sans la moindre défaite s’il vous plaît ! Un accomplissement exceptionnel salué par les supporters de… Liverpool, qui gardent un très bon souvenir de lui, et même par certains médias anglais obligés de faire leur mea culpa, à l’image du Guardian qui titrait : "Chapeau bas Brendan Rodgers pour avoir conduit le Celtic à un autre niveau".
Rodgers affiche non seulement le meilleur pourcentage de victoires de l’histoire du club mais, de l’avis de tous les observateurs du championnat écossais, il a permis à l’équipe de franchir un palier. La sélection écossaise profite de la progression des Gordon, Tierney, Brown, Armstrong, Griffits. Il a fait de Sinclair un vrai buteur et a permis à Moussa Dembélé d’éclore. Mais, plus important encore, Rodgers a redonné goût au public du Celtic Park qui boudait quelque peu le stade. Avec lui, la moyenne de spectateurs est passée de 45 à plus de 55 000 personnes. Et le plaisir apporté ne concerne pas que les supporters catholiques de la ville. Un jour, alors qu’il est coincé dans les embouteillages du Clyde Tunnel de Glasgow, Rodgers a craint le pire lorsqu’il a vu un homme sortir de sa voiture vêtu du maillot des Rangers, jusqu’au moment où ce dernier le remercie d’être venu dans le championnat écossais : "Vous êtes une bouffée d’air frais !" Un vent d’air frais qui a redonné le sourire au Nord-Irlandais et relancé sa carrière d’entraîneur. Au point peut-être de nourrir quelques regrets du côté de Liverpool.
Bruno Constant fut le correspondant de L’Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd’hui avec RTL et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté. Pour approfondir le sujet, retrouvez mon Podcast 100% foot anglais sur l’actualité de la Premier League et du football britannique.
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