Chelsea - Benfica (1-2) : Fernando Torres, un homme de coup(e)s

Un cas rarissime dans les annales du foot européen. Comme Juan Mata, Fernando Torres est désormais tenant de la Coupe du monde, de l’Euro, de la Ligue des champions et de la Ligue Europa. Les deux Espagnols le seront encore une dizaine de jours,  jusqu’à la finale de la C1 entre le Bayern Munich et le Borussia Dortmund le 25 mai prochain à Wembley. Ils ont joué un rôle clé dans la conquête de la C3, remportée par Chelsea mercredi aux dépens de Benfica (1-2). Mata a délivré deux passes décisives, la première pour son compatriote (60e), la seconde pour Branislav Ivanovic, auteur du but de la victoire dans les arrêts de jeu (90e+2).  Torres a lui confirmé sa prépondérance dans le parcours européen des Blues. Au cours de cette finale, il a compilé sa sixième réalisation sur les six derniers matches de Ligue Europa.

Une revanche pour celui qui avait très mal vécu de débuter sur le banc la finale de la Ligue des champions la saison passée contre le Bayern Munich (1-1, 3-4 TAB). Buteur sur sa seule frappe face aux Lisboètes, Torres s’est révélé utile dans bien d’autres secteurs. Précieux en première période par sa capacité à conserver le ballon dos au but et à provoquer des fautes (trois au total), il a permis au bloc londonien, acculé dans son camp sous la pression portugaise en début de match, de remonter au fil des minutes. "La route a été longue pour arriver jusqu'à Amsterdam et ce match a vraiment été dur, souligne Torres, qui ne portait pas son masque de protection au visage. La première période n'a pas été bonne pour nous, pas du tout. Nous avons dû changer notre manière d'aborder la deuxième et on a pu voir la différence après la pause". La différence, c’est lui qui l’a faite en premier dans cette partie.

Torres : "Un super but"

Sur une action quasiment anodine, initiée par une relance de cinquante mètres de Petr Cech, relayée par Mata, le Madrilène de naissance (29 ans) a laissé sur place la défense benfiquiste. "J'ai le mérite d'être solide sur mes jambes face à Luisao et Artur. C'est un super but", savoure le principal intéressé. Ce mouvement a rappelé les plus belles heures de l’ancien attaquant de Liverpool. Notamment celles de 2008, lorsqu’il avait inscrit l’unique but de la finale de l’Euro entre l’Espagne et l’Allemagne (1-0). "Fernando était bien dans le rythme aujourd'hui (mercredi)", estime Rafael Benitez. En marquant contre Benfica, Torres a validé son aptitude à être décisif dans les grands rendez-vous. Surtout dans les matches de Coupe, où il totalise quinze réalisations cette saison. Sur la scène européenne, Ligue des champions et Ligue Europa confondues, seuls Cristiano Ronaldo (12) et Robert Lewandowski (10) ont davantage marqué que Torres (9). Ce dernier figure à égalité avec Oscar Cardozo, qui a égalisé pour Benfica à l’ArenA d’Amsterdam (68e).

Mais le sort a finalement choisi son camp dans le temps additionnel et El Nino étoffe ainsi un palmarès déjà bien fourni (2 Euros, 1 Mondial, 1 C1, 1 C3, 1Cup). Ce trophée récompense aussi la persévérance de l’enfant de l’Atletico Madrid, relancé par l’arrivée sur le banc des Blues en novembre de Benitez, qu’il avait côtoyé à Liverpool. Avec 21 réalisations toutes compétitions confondues sur l’exercice en cours, il fait mieux que Sergio Agüero, Wayne Rooney, Mario Gomez, Gonzalo Higuain, Karim Benzema ou encore Mario Balotelli. De quoi faire taire le scepticisme qui entoure régulièrement ses prestations depuis son transfert mirobolant pour Chelsea en janvier 2011, même s'il n'a plus marqué en championnat depuis le 23 décembre dernier. Joueur le plus cher de l’histoire de la Premier League (58 millions d’euros), Torres ne justifie pas toujours ce montant. Mais il sait le faire dans les grandes occasions.