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Esbjerg – ASSE : Les cinq idées reçues sur le jeu de Brandao

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 22/08/2013 à 23:23 GMT+2

Le Brésilien sera l’atout offensif de Saint-Etienne en barrage aller de la Ligue Europa. Longtemps moqué, il a su balayer tous les a priori. Ou presque.

Brandao (Saint-Etienne - Milsami Orhei 2013-2014)

Crédit: Panoramic

Sa réussite actuelle a fait taire quelques mauvaises langues. Pas toutes. Les plus acerbes voient toujours en lui un bourrin. Au mieux, un besogneux, qui a le sens du sacrifice. A des années-lumière de l’attaquant véloce, pétri de talent balle au pied. Brandao est né à Sao Paulo, il y a trente-trois ans. Mais en France, ses origines ne sautent pas aux yeux. Brésilien, Brandao ? Mon œil, clament nombre d’observateurs de la Ligue 1. Depuis qu’il a posé ses valises dans l’Hexagone, en janvier 2009, l’ancien joueur du Shakhtar Donetsk cultive un style plutôt rustre. Qui suscite souvent les railleries. Ces moqueries, Brandao les a trop lui-même alimentées, au gré de plusieurs ratés marseillais et stéphanois. Mais les mérite-t-il ? Au regard de son état de forme, la réponse est forcément nuancée. Le style Brandao est plus complexe qu’il n’y paraît. Il est même un concentré d’idées reçues. En voici cinq, avant le barrage aller de Ligue Europa, jeudi, chez les Danois d’Esbjerg. Certaines sont vraies. D’autres, plus discutables.
IDÉE REÇUE N.1 : La technique, c’est pas son fort
Vu des tribunes, Brandao n’a jamais brillé par la qualité de ses contrôles et de ses passes. Vu du banc, les avis sont nettement moins catégoriques. Dans les colonnes de France Football, Christophe Galtier, son entraîneur chez les Verts, résume : "En fait, sa technique échappe peut-être à notre culture foot." Guy Stephan, qui fut l’adjoint de Didier Deschamps à Marseille, confirme : "Il ne réussit pas tout, on ne va pas se mentir. Mais on a tendance à minimiser ses qualités et exagérer ses défauts. Dans tous les secteurs ou presque, il vaut entre 6 et 8. Jamais 10, c'est vrai, mais toujours au-dessus de la moyenne."
Dit autrement, Brandao n’est sûrement pas le technicien du siècle. Pas non plus un joueur de DH. Des trois attaquants alignés par Galtier l’an passé, il était le moins précis dans ses passes (66% de réussite en L1, contre 71% pour Aubameyang et 74% pour Mollo). "Vous ne le verrez pas faire des transversales de quarante mètres", sourit Stephan dans FF. Peut-être. Mais à ses côtés, Niang puis Aubameyang ont tour à tour signé leur saison la plus prolifique. Parce que, insiste Stephan, "il se déplace intelligemment et ouvre les bons espaces à ses partenaires".
Verdict : Brandao n’est pas un génie du football. Sa qualité technique est moyenne. Mais utile.
IDÉE REÇUE N. 2 : Il rate souvent la cible
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Brandao ASSE-Guingamp 2013-2014 Ligue 1

Crédit: Panoramic

San Siro, 25 novembre 2009 : Brandao a la balle du 2-1 au bout du pied. Le but de Dida est grand ouvert. L’attaquant de l’OM est seul aux six mètres. Il n’a plus qu’à pousser le ballon dans les filets milanais. Manqué. Brandao trouve la transversale. Marseille se contente d’un nul chez les Rossoneri (1-1). Qui lui coûtera la deuxième place du groupe C et le billet pour les huitièmes de la Ligue des champions qui va avec. Après coup, Didier Deschamps dira, face à la presse, "ne pas en vouloir" à son avant-centre, préférant louer "tout ce qu’il fait pour l’équipe". Mais l’image de ce raté monumental ne fera qu’alimenter le scepticisme sur son efficacité. Sous le maillot de l’OM, le rendement de Brandao (17 buts en 82 matches) n’a jamais atteint des sommets. Même si, il faut le reconnaître, le Brésilien a souvent signé des buts qui comptent. Et depuis qu’il porte les couleurs stéphanoises, il en marque deux fois plus : 12 en 29 matches, pour un toutes les 164 minutes.
Preuve de son adresse grandissante devant le but, Brandao, auteur de quatre réalisations en autant de rencontres officielles depuis le début de saison, sait désormais régler la mire. Il cadre presque la moitié de ses frappes, contre à peine plus d’un tiers lorsqu’il évoluait à l’OM. Ce qui faisait dire à Christophe Galtier dimanche, sur le plateau du Canal Football Club : "Brandao est plus adroit qu'on ne le croit." "Il a du nez", insiste, dans Le Progrès, Robert Herbin, l’emblématique entraîneur des Verts dans les années 70. De là à en faire "un tueur devant le but", pour reprendre les termes de Franck Tabanou, fraîchement arrivé de Toulouse... "C’est un vrai finissseur, coupe Galtier, statistiques à l’appui. Depuis son arrive en Europe, en 2002, il a joué précisément 395 matches et marqué 144 fois. Et, j’insiste, sans tirer les penalties. Des chiffres pareils ne mentent pas."
Verdict : Dans ce domaine, il se bonifie avec l’âge.
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Brandao Saint-Etienne - Ajaccio

Crédit: Panoramic

IDÉE REÇUE N. 3 : Il pèse sur les défenses adverses
Pour étayer leur thèse, les partisans de Brandao louent "sa grosse présence athlétique dans la surface" (Tabanou). Ou encore "son gabarit et son jeu de corps” (Galtier). Le Brésilien serait un poison pour son vis-à-vis. Un attaquant qui, du haut de son 1,89 m, pèse de tout son poids (78 kg) sur la défense adverse. Comparé à un Zlatan Ibrahimovic (1,95 m, 95 kg) voire à un André-Pierre Gignac (1,87 m, 90 kg), Brandao n’a pas non plus un physique de déménageur. Mais il sait en jouer. "J’ai eu du mal avec lui, admettait le Lyonnais Samuel Umtiti en avril 2012. Je n’étais pas habitué à jouer contre un tel physique."
Ce "physique", dixit Galtier, "excelle" de la tête. Le constat de l’entraîneur forézien n’est pas tout à fait juste. A Saint-Etienne, comme à Marseille auparavant, Brandao gagne à peine 40% de ses duels aériens en L1, quand Zlatan Ibrahimovic en remporte plus de la moitié. Mais dans ce registre, l’efficacité du Paulista est sans égal : l’an passé, 45% de ses buts ont été inscrits de la tête. Plus que les plus fines gâchettes de notre Championnat, à savoir Ibrahimovic (7%), Aubameyang (5%), Cvitanich (16%), Gomis (6%), Ben Yedder (27%), Aliadière (7%), Modeste (33%), Kalou (14%) et Gignac (23%).
Verdict : Sans être le déménageur supposé, sans être le roi des airs, devant le but, c’est une forte tête.
IDÉE REÇUE N. 4 : Il fait trop de fautes
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Brandao Lyon - Saint-Etienne 2012-2013

Crédit: Panoramic

"J’ai pas touché ! Non, j’ai pas touché !" 17 mars 2010, Stade de France. Finale de Coupe de la Ligue. Dix-sept minutes de jeu entre l’OM et Bordeaux. Brandao sèche Mathieu Chalmé. M. Lannoy ne se laisse pas attendrir par le plaidoyer de l’attaquant marseillais. Carton jaune. Ce soir-là, l’ancien Marseillais soulèvera la première de ses trois Coupes de la Ligue. Sans marquer. Dans le microcosme arbitral, sa réputation de brute épaisse n’est déjà plus à faire. Elle est franchement exagérée. Brandao joue souvent des coudes, c’est un fait. Normal, précise Stephan : "C’est un joueur de duels, de contacts." Capable, par exemple, de laisser trainer ses crampons sur la cheville du Parisien Thiago Silva.
Pourtant, chiffres à l’appui, Brandao n’est pas LE bourrin des terrains. L’an passé, son bilan disciplinaire (3 cartons jaunes pour 43 fautes commises en 27 matches de L1) était mesuré. Moins "étincelant" que ceux du Marseillais Alaixys Romao (82 fautes), de l’Ajaccien Adrian Mutu (80) et du Parisien Zlatan Ibrahimovic (66), pour ne citer que des membres du Top 10. Chez ses coéquipiers stéphanois, Renaud Cohade (49 fautes commises), Josuha Guilavogui (58) et Yohan Mollo (45) avaient aussi le pied plus lourd. Cette saison, les velléités du Brandao lui ont déjà valu un carton et huit coups de sifflets. Autant que celles de Falcao (huit fautes en deux matches), son homologue monégasque. Mais moins que celles de Zlatan (neuf fautes en deux matches). Bref, vu comme ça, le buteur stéphanois pêche par un excès d’engagement tout relatif. Par excès de générosité, soulignait Didier Deschamps il y a quatre ans, lorsqu’il était assis sur le banc de l’OM. "Il fait beaucoup d’efforts et permet à ses partenaires d’avoir un peu plus de liberté, disait alors le coach phocéen. C’est quelqu’un d’exemplaire dans le don de soi."
Verdict : Rugueux ou généreux, c’est une question de point de vue. En tout cas, dans le genre brute épaisse, il y a pire que lui.
IDÉE REÇUE N. 5 : Il fait gagner son équipe
Quand, dans le magazine Surface, Brandao cherche à balayer les critiques entourant son propre jeu, il dit ceci : "Mon style de jeu, ce sont les titres." Difficile de lui donner tort. Avec lui, son équipe n’a plus le même rendement. Ce sont les chiffres qui parlent : lorsqu’il est titulaire, l’ASSE remporte 65,2% de ses matches, prend 2,3 points et marque 1,9 but par rencontre. Lorsqu’il ne joue pas ? La moyenne des Verts chute de manière vertigineuse : seulement 17,6% de victoires, pour 1,1 but et un petit point par match.
A ce tarif-là, sa simple présence change tout. Le 20 avril, c’est lui qui a offert la Coupe de la Ligue à Saint-Etienne, face à Rennes (1-0). Un an plus tôt, c’est déjà lui qui l’avait ramenée sur la Canebière, aux dépens de Lyon (1-0 a.p.). "Partout où je suis passé, reprend Brandao, j'ai gagné des titres." Champion d’Ukraine avec le Shakhtar, il a ensuite décroché la timbale en France, avec l’OM. A Saint-Etienne, il tient "toute l'équipe à bout de bras sur le plan offensif", à croire Galtier. Surtout depuis le départ de Pierre-Emerick Aubameyang pour Dormund. Du coup, l’entraîneur des Verts "cherche quelqu'un qui puisse suppléer ou soutenir Brandao". Le Brésilien ne jouera pas éternellement les sauveurs.
Verdict : Un porte-bonheur, et sans doute un plus
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Brndao Saint-Etienne Coupe de la Ligue Roland Romeyer

Crédit: Panoramic

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