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La ligne jaune franchie?

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ParEurosport

Mis à jour 30/04/2011 à 15:20 GMT+2

Mediapart publie ce matin l'intégralité du dialogue d'une réunion du 8 novembre dernier à la FFF. Le site d'information montre comment les cadres de la Fédération française auraient dérapé dans certains échanges sur la mise en place de mesures discriminatoires dans les centres de formation.

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Crédit: Eurosport

Sur l'affaire des quotas discriminatoires, Mediapart avait promis une réplique à la secousse de jeudi. Elle est venue samedi matin, par la longue et riche publication du verbatim, au mot près, de la réunion du 8 novembre 2010 ayant confronté Laurent Blanc, François Blaquart, Erick Mombaerts et entre autres Francis Smerecki. Cette publication replace dans leur contexte les phrases les plus controversées de l'enquête publiée jeudi par le site d'investigation, notamment le désormais fameux : "On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit" de François Blaquart, suivi d'un confus : "Ça reste vraiment que de l'action propre. Bon voilà, on fait attention. On a les listes, à un moment donné..."
La lecture de ces dialogues enseigne que les cadres techniques de la fédération ont réellement débattu des deux problèmes exposés hier lors des différentes conférences de presse organisées à Paris et à Bordeaux : la double nationalité, qui entraîne de facto la mise à disposition de joueurs formés par la FFF à d'autres sélections, et un projet de jeu répondant à d'autres stéréotypes que ceux de la puissance. Mais, consciemment ou non, le dialogue a pu déraper et aboutir à des positions moralement condamnables. Le passage-clef de ce dialogue met en scène Erick Mombaerts, le sélectionneur de l'équipe de France Espoirs, et Laurent Blanc. Un concentré de la subtilité du problème : des entraîneurs qui envisagent en s'en rendant à peine compte d'authentiques mesures discriminatoires, et qui, sentant peut-être le débat dévier, se gardent de toute position à connotation raciste.
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2010 - FOOTBALL - ESPOIRS - MOMBAERTS

Crédit: AFP

MOMBAERTS : "Est-ce qu'on s'attelle au problème et on limite l'entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité? Oui? Non? Donc, auquel cas, on est obligé de le faire sous le coude. C'est-à-dire on est obligé de le faire... Mais est-ce qu'il faut le faire? Je pense que tout le monde doit être concerné, là.
BLANC : J'y suis tout à fait favorable. Sincèrement, ça me dérange beaucoup. Ce qui se passe dans le football actuellement, ça me dérange beaucoup. A mon avis, il faut essayer de l'éradiquer. Et ça n'a aucune connotation raciste ou quoi que ce soit. Quand les gens portent les maillots de l'équipe nationale des 16 ans, 17 ans, 18 ans, 19 ans, 20 ans, Espoirs, et qu'après ils vont aller jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément. Ça, il faut quand même le limiter. Je dis pas qu'on va l'éradiquer mais le limiter dans ces pôles-là...
MOMBAERTS : Donc il faut 30% ? Un tiers de gamins qui peuvent changer (de nationalité, NDLR)?
BLAQUART : Même pas.
MOMBAERTS : Même pas ?
BLAQUART : Même pas. (...) Faut faire un projet. (...) L'idéal effectivement, c'est de dire, mais pas officiellement: de toute façon on ne prend pas plus de tant de gamins qui sont susceptibles de changer (de nationalité, NDLR) à terme.
Le verbatim proposé par Mediapart permet aussi de relever que la discussion n'a pas été d'une "sérénité" aussi choquante que celle proposée dans son premier article. Laurent Blanc aura cherché à reprendre la main dans des termes qui ressemblent à ceux de sa conférence de presse de vendredi : "Moi c'est pas les gens de couleur qui me posent un problème. C'est pas les gens de couleur, c'est pas les gens nord-africains. Moi j'ai aucun problème avec eux. (...) S'il n'y a que des — et je parle crûment — que des Blacks dans les pôles (de jeunes, NDLR) et que ces Blacks-là se sentent français et veulent jouer en équipe de France, cela me va très bien."
Francis Smerecki, le sélectionneur des moins de 20 ans, aura aussi joué un rôle de garde-fous en faisant observer à l'assistance que les mesures proposées ont un caractère "discriminatoire", rappelant sa propre origine polonaise et la nécessité de ne pas confondre "équipes de France" et "football français". "Les Blacks aujourd'hui, parce que ça a été l'Afrique, et on est fautifs quand même parce qu'on a été les chercher quelque part par wagons entiers. Et aujourd'hui, on voudrait s'en séparer?" dit-il, avant de demander : "Aujourd'hui, ceux-là, si on les enlève... je sais pas si on a une division."
Mais ce qui demeure à la lecture de cet échange, c'est effectivement une forme de confusion voire d'irresponsabilité entre différentes notions, lorsque Blaquart parle de joueurs "fondamentalement, de souche française" (Blaquart), "aussi français que toi et moi" selon Blanc, et lorsque Erick Mombaerts entend résumer la situation par cette formule : "Le jeu, forcément, ça va être d'intégrer d'autres types de joueurs. Parce que le jeu, c'est l'intelligence, donc c'est d'autres types de joueurs. Donc tout est lié, tout est lié."
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