Terry, capitaine terrible

Dans sa carrière, John Terry a connu des hauts. Beaucoup. Quelques bas également. Des glissades. Sur le rectangle vert, la plus célèbre d'entre elles a coûté une Ligue des Champions à Chelsea*. En dehors du terrain, elles ont terni la réputation du défenseur des Blues et devraient le priver du brassard de capitaine de l'équipe d'Angleterre. Si ce n'est plus de l'équipe d'Angleterre tout court. Parce que JT, à côté de ses qualités footballistiques indéniables et d'une carrière d'ores et déjà réussie, est personnage aux mœurs peu recommandables.

Depuis le début de sa carrière, Terry fait les beaux jours des sections Sport et Faits divers des quotidiens anglais, avides d'histoires à sensation et de dérapages incontrôlés. Quelques erreurs de jeunesse, comme uriner partout sauf aux toilettes après des soirées arrosées, ou importuner des touristes américains après le 11 septembre... En même temps, avec un père qui se fait attraper en vendant de la cocaïne et une mère qui a été confondue pour vol à l'étalage chez Marks and Spencer, l'international anglais a de qui tenir. Souci, l'Anglais n'a aujourd’hui plus vingt ans et devrait avoir mûri. Mais son attrait pour les écarts de conduite n'a pas cessé. On ne se refait pas.

Le dernier d'entre eux va lui coûter un procès. Le 9 juillet prochain, le capitaine de Chelsea devra comparaitre pour insultes racistes. En octobre dernier, Terry a été pris en flagrant délit. La victime ? Anton Ferdinand (QPR), qui n'est autre que le frère de Rio, son coéquipier en équipe d'Angleterre. Terry plaide non-coupable. Le numéro 26 de Chelsea se défend... en reconnaissant avoir prononcé les termes qui lui sont reprochés. Simplement, il assure les avoir utilisés pour dire à Anton Ferdinand qu'il avait mal entendu. Nébuleux. Quoi qu'il en soit, John Terry risque 2500 livres d'amende (environ 3000 euros). Autant dire pas grand chose.

Sportivement, le capitaine de l'équipe d'Angleterre (72 capes) risque bien plus gros. Déjà privé du brassard de capitaine de la sélection en février 2010 après avoir couché avec la compagne de Wayne Bridge (son grand ami d'alors), Terry l'avait récupéré en mars dernier, en raison des indisponibilités répétées de Rio Ferdinand. Moins d'un an après, JT s'est remis tout seul dans la panade. De l'autre côté de la Manche, des voix s'élèvent afin que Fabio Capello le punisse et qu’il soit, au moins, dépourvu du capitanat. Damian Collins, membre du parlement anglais : "John Terry devrait être privé du brassard jusqu'à la fin de l'affaire, pour que les doutes soient dissipés". La FA s'est d'ores et déjà penchée sur le sujet lors d'une réunion et aurait décider vendredi de le priver du capitanat, selon les médias anglais.

Dans un camp plus minoritaire, certains - jusqu'au-boutistes - jugent que Terry ne devrait pas participer au Championnat d'Europe des Nations. C'est le cas de Jason Roberts, attaquant de Reading, qui se souvient que Lee Bowyer et Jonathan Woodgate avaient dû mettre leur carrière internationale entre parenthèses lorsqu'ils avaient eu maille à partir avec la justice. Ajoutez à cela un problème sous-jacent. Mais sans doute le plus important de tous, sportivement parlant : "Dans le vestiaire, croyez-moi, l'atmosphère pourrait être nocive", prédit Roberts. Quant au terrain, pas la peine de vous faire un dessin. Surtout si Rio Ferdinand est du voyage. Le défenseur de Manchester United croisera Terry dimanche, lors du choc de la 24e journée. Le frère aîné d’Anton n’a pas encore décidé s'il serrera ou non la main de Terry avant le match. Un refus équivaudrait à une déclaration de guerre. L’Angleterre et Fabio Capello en tremblent déjà.

* Le 21 mai 2008, John Terry a manqué un tir au but décisif en finale de la Ligue des Champions. Au moment de frapper, le défenseur a glissé sur la pelouse détrempée de Moscou.