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Avant City-Chelsea : pourquoi Mourinho s'acharne sur "Pellegrino", son souffre-douleur préféré

Philippe Auclair

Mis à jour 14/08/2015 à 11:42 GMT+2

PREMIER LEAGUE - José Mourinho a fait de Manuel Pellegrini, son souffre-douleur préféré et l'appelle "Pellegrino". Mais le manager de Manchester City ne se laisse plus faire. Les raisons du conflit entre les deux rivaux, qui se croiseront dimanche après-midi (17h00), à l'occasion du choc de la 2e journée.

José Mourinho avec Manuel Pellegrini - 2014

Crédit: AFP

Comme Eva Carneiro et Jon Fearn, respectivement médecin et kinésithérapeute de Chelsea, peuvent en témoigner, le baromètre de l’humeur mourinhienne n’indique plus "variable", mais "temps de (caractère de) cochon". Le manager portuguais était particulièrement grincheux après le nul 2-2 des Blues contre un excellent Swansea, samedi dernier, ce qui se comprenait un peu. Il pouvait dire et répéter que ses Blues avaient été supérieurs aux joueurs de Garry Monk. Il ne convainquait personne, à commencer par lui-même. Dix tirs cadrés à trois pour les visiteurs appelaient un autre commentaire que son "Blitzkrieg" sur un staff médical dont le seul crime était d’avoir respecté les consignes de l’Association Médicale du Football britannique en portant secours à Eden Hazard dans le temps additionnel, comme celle-ci le rappela dans un communiqué publié mercredi dernier.
Mais il en est toujours ainsi du (pas trop) Happy One: il joue en déviation. Les vraies questions à poser après que le champion avait perdu deux points – et pouvait s’estimer heureux n’en avoir pas laissé un de plus sur le bord de la route – ne lui ont pas été posées. La doctoresse si photogénique des Blues est devenue objet d’un pseudo-débat médiatique qui occultait les carences observées le week-end passé. Une semaine avant que Chelsea ne joue à l’Etihad Stadium. Une semaine avant que Mourinho ne croise le fer avec Manuel Pellegrini, autrement dit son souffre-douleur préféré.
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José Mourinho avec Chelsea - 2015

Crédit: AFP

Mourinho déteste "Pellegrino"

L’animosité du manager qui avait gagné la Liga avec le Real Madrid envers celui qui l’avait loupée d’un souffle juste avant son arrivée exige explication ; le problème étant qu’une explication est des plus difficiles à produire. Le fait est que Mourinho déteste Pellegrini, ou "Pellegrino", comme il l’appelle dédaigneusement, et que Manuel ne porte pas José dans son coeur. Ni l’un ni l’autre ne cachent le peu de bien qu’ils pensent de leur rival. Or, si l’on peut comprendre pourquoi Mourinho poursuit sa vendetta avec Rafa Benitez (épisode le plus récent, après une interview accordée par l’épouse de Benitez à un journal espagnol: "si elle s’occupe du régime [alimentaire] de son mari, elle aura moins de temps pour parler de moi"), vu les combats qui ont opposé les deux managers lorsque Liverpool et Chelsea n’en finissaient pas de jouer l’un contre l’autre, il en va tout autrement dans le cas du Chilien.
Les deux hommes se connaissaient à peine lorsque Mourinho, dans sa première saison à Madrid, crut bon de se servir de l’échec (tout relatif) de son prédécesseur à Santiago-Bernabeu pour tenter d’asseoir son autorité au Real, face à des médias et un vestiaire turbulents. Son équipe comptait alors un point de moins au classement de la Liga que celle de Pellegrini à pareille époque l’année précédente (2009-2010). Malaga, où "l’Ingénieur" avait trouvé refuge après son limogeage, était l’hôte à venir du Real. Un journaliste demanda à Mourinho: craignait-il de subir le même sort, et se faire congédier par Florentino Perez?
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Manuel Pellegrini avec Jose Mourinho lors d'un match Real Madrid - Malaga 2012

Crédit: AFP

Si le Real se débarrasse de moi, je n’irai pas entraîner Malaga
Pellegrini n’a certainement pas dû oublier la riposte de Mourinho. "Si le Real se débarrasse de moi, lâcha-t-il, je n’irai pas entraîner Malaga. J’irai dans un grand club en Premier League ou en Serie A. Parce que je suis dans une situation où je peux choisir. Il y en a qui ne peuvent pas choisir." Pour ceux qui n’auraient pas compris l’allusion, s’ils existaient, le Portuguais enfonça le clou avec un marteau pneumatique. "Le deuxième n’est que celui qui finit premier des derniers". Puis, se référant à l’élimination du Real par une équipe de D3 en Copa del Rey quand Pellegrini en était le coach: "cette saison, pour faire mieux en Coupe, nous n’avions qu’à passer le premier tour. Nous l’avons déjà fait". La guerre était déclarée. Mais la contre-attaque du Chilien mit du temps à se dessiner.
Il est vrai que le match qui avait suivi les déclarations de Mourinho s’était soldé par une victoire 7-0 des Madrilènes sur un Malaga réduit à dix, et que le bilan des face-à-face entre les deux managers en Espagne est largement, et logiquement, doit-on ajouter, à l’avantage du second: des huit matches qui avaient opposé les deux ennemis, Pellegrini n’en remporta qu’un seul. En Angleterre, scénario identique. Un succès 2-0 en FA Cup, le 15 février 2014, ne peut effacer le fait qu’en quatre tentatives, ses Skyblues n’ont toujours pas battu l’équipe de Mourinho en championnat. Deux nuls, deux défaites. Pourquoi donc Mourinho s’acharne-t-il alors sur un adversaire qu’il domine, dont, comme disent les Anglais, "il a le numéro de téléphone"?
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José Mourinho avec Manuel Pellegrini lors d'un Manchester City-Chelsea - 2014

Crédit: Panoramic

Pellegrini a décidé de répondre

Peut-être parce que Pellegrini, si élégant, si affable, si modeste, n’a pas manqué de tacler son collègue quand l’occasion s’en est présentée. Dans un premier temps, en Espagne, il choisit de jouer la blanche colombe que n’atteint pas la bave du crapaud. Les choses ont changé depuis qu’il a succédé à Roberto Mancini à City. Morceaux choisis, dans la série "suivez mon regard":
Je n’aime pas les entraîneurs qui ne s’intéressent qu’aux résultats. Les concepts de spectacle et de créativité sont fondamentaux pour moi.
Je diffère de lui sur tous les plans. Ça ne m’intéresse absolument pas de l’analyser comme personne.
Quand il gagne, Mourinho veut s’attribuer le mérite de tout. Moi, je ne fais jamais ça. Quand j’ai gagné la Premier League, je n’ai pas dit un mot.
Après un nul 1-1 à l’Etihad, le 21 décembre 2014: "je crois que nous avons joué quatre-vingt-dix minutes contre une petite équipe qui essayait de défendre. Je crois que nous avons joué exactement [de la même façon] que nous avions joué contre Stoke ici." Ceci n’a pas empêché Pellegrini de voter pour Mourinho lorsque l’association des managers anglais élit celui-ci "manager de l’année" en mai 2015 – tout en relevant qu’avec exactement le même palmarès (doublé championnat-Coupe de la League), il avait vu Brendan Rodgers (zéro trophée) lui être préféré la saison précédente.
Vous pouvez trouver ces échanges mesquins, indignes d’hommes qui ont largement passé la cinquantaine ; mais la Premier League se nourrit de ce genre de scripts qui, quand on y regarde de plus près, sont ridicules. Et ce dimanche, on aura les yeux rivés sur la pelouse de l’Etihad avant le coup d’envoi, guettant la poignée de main que se donneront, ou ne se donneront pas, deux managers qui sont aussi des metteurs en scène. The show must go on.
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