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Serie A : Garcia n'a mis qu'un an pour conquérir Rome

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 11/05/2014 à 14:25 GMT+2

La Roma reçoit la Juventus dans un choc de haut de tableau sans enjeux puisque le titre a déjà été remporté par les Bianconeri. Cependant, cela n'enlève rien à la grande saison réalisée par la Louve qui a trouvé en Rudi Garcia l’entraîneur qu'il cherchait depuis un moment.

Rudi Garcia a vite fait l'unanimité auprès des tifosi de la Roma

Crédit: AFP

La Roma reçoit la Juventus dans un choc de haut de tableau sans enjeux puisque le titre a déjà été remporté par les Bianconeri. Cependant, cela n'enlève rien à la grande saison réalisée par la Louve qui a trouvé en Rudi Garcia l’entraîneur qu'il cherchait depuis un moment.
Jamais avant Rudi Garcia un entraîneur français n'avait œuvré en Serie A. Pour une première, elle est plutôt réussie. Le Francilien est vice-champion d'Italie avec un total de points qui lui aurait offert le scudetto neuf fois sur dix en temps normal. Même si la saison se finit sans le moindre titre, le championnat 2013-14 est déjà le meilleur de l'histoire du club. En Italie tout le monde s’accorde à dire que l'homme du renouveau romain est bien Garcia. Pour nous en parler, qui mieux que deux journalistes liés à la Roma, Rome, la France et l'Italie. Thierry Cros, la célèbre voix du calcio sur RMC basé dans la capitale italienne depuis plus de 20 ans et Alessandra Bianchi, la charmante romaine et romanista consultante sur l'Equipe21.

Rudi Garcia a fait ses preuves avant tout hors du terrain

Rudi Garcia a visé juste dans bien des cas. Dans le choix des hommes et des options tactiques mais aussi dans son approche psychologique. II a fait la différence dès son arrivée alors qu'il débarquait au milieu d'un champ de ruines suite à la finale perdue de Coupe d'Italie contre la Lazio et après les échecs de Luis Enrique et Zeman. Le Français a su rapidement prendre le pouls de la capitale italienne selon Alessandra Bianchi. "Garcia a très vite compris Rome et son environnement, une ville merveilleuse mais qui peut être compliquée pour quelqu'un qui arrive de l'extérieur. Il a mis peu de temps à comprendre la façon de raisonner de cette ville, la fusion entre elle et les supporteurs giallorossi. Cela a facilité son travail et lui a permis d'obtenir très vite des résultats. Une grande preuve d'intelligence qui l'a mis dans les meilleures dispositions pour entamer un excellent travail".
Thierry Cros lui fait écho. Pour lui, tout s'est joué dès l'été dernier avant même les premiers matches amicaux. "Il s'est imposé comme homme avant de s'imposer comme entraîneur. Il y a eu trois éléments très forts durant la pré-saison. Dès la conférence de presse de présentation, il a réussi à moucheter les journalistes qui étaient déjà prêts à le mettre en difficulté avec leurs questions. Les collègues étaient tous d'accord à la sortie'ha le palle !' (expression se référant à l’organe sexuel masculin dont vous aurez saisi le sens, ndlr).  Ensuite les contestations des tifosi lors du stage en altitude, Garcia a fait ouvrir le portail et est allé les voir pour leur dire "ceux qui nous contestent sont des laziales !". Le soir même, Totti, après avoir vu ça, a confié que Garcia lui plaisait. Et si tu as Totti avec toi, tu as déjà fait une grosse partie du travail. Enfin De Rossi, qui pouvait concrètement aller à Manchester United mais qui a préféré rester à la Roma pour le rapport franc et humain déjà instauré avec Garcia."Niveau football on n'avait encore rien vu, mais il s'était déjà imposé en tant qu'homme."
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Rudi Garcia et Francesco Totti lors du derby Roma-Lazio

Crédit: AFP

Les résultats (10 victoires consécutives pour démarrer la saison) et un savant équilibre de pragmatisme italien et de jeu léché à l'espagnole feront le reste. Une défense impénétrable reposant notamment sur les recrues estivales Maicon, Benatia et De Sanctis. Un milieu complet qui peut compter sur le retour en grâce de De Rossi, l'explosion définitive de Pjanic et les bons investissements qu'ont été Strootman et Nainggolan. Enfin une attaque toujours guidée par Totti certes mais qui possède aussi Destro attaquant à la moyenne la plus prolifique. Le plus joli coup étant le pari risqué de Gervinho mais remporté haut la main. La patte de Garcia a définitivement mis en route le projet de la Roma américaine qui s'était plantée les deux premières saisons. Un gros potentiel qui sera encore mieux exploité avec le nouveau stade en arrivage.

Que peut-on lui reprocher ?

Oui mais voilà, passer la saison à tresser les louanges de Rudi Garcia en deviendrait presque monotone. Alors essayons de lui trouver des défauts. Question compliquée à laquelle répond Thierry Cros. "Moi personnellement je ne lui reproche pas, mais il y a le match chez la Juve du 5 janvier. Garcia l’a affronté comme si c'était une rencontre comme les autres, en essayant d'imposer son jeu. Est-ce que la Roma n'aurait pas dû être un peu plus modérée ? Car si tu reviens avec au moins un point de Turin, la saison peut prendre une tournure différente". Alessandra Bianchi ne le réprimande que sur une seule chose et avec une pointe d'ironie, "ne pas avoir terminé premier..."
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Vidal Gervinho Juve Roma

Crédit: Eurosport

Et c'est vrai, la Roma pouvait difficilement faire mieux en Serie A, surtout quand on sait d'où elle vient. En revanche il y avait peut-être moyen de gratter une Coupe d'Italie. Cette 'décima' sauce romanista qui se fait attendre depuis plusieurs années et qui signifierait une jolie étoile d'argent à broder au-dessus de l'écusson. La demi-finale contre le Napoli peut laisser des regrets. Rappelons le scénario, à l'aller à l'Olimpico, la Roma mène 2-0 à la mi-temps mais se fait rejoindre au score avant de l’emporter 3-2 en fin de match. Un nul suffit au retour au San Paolo, mais c'est un cinglant revers 3-0. Voilà un petit bémol. Enfin médiatiquement, Rudi Garcia a quasiment effectué un sans-faute, ce qui n'est pas rien quand on connait la capacité des médias romains (journaux mais aussi de nombreuses radios) à influencer les joueurs et entraineurs. Seule petite anicroche, ses discours il y a deux semaines sur la prétendue mollesse des adversaires de la Juve. Les collègues de Bologna, Livorno et Sassuolo n’ont pas apprécié et Conte lui était carrément furieux.

Et la saison prochaine ?

La saison de la confirmation est toujours la plus compliquée dit-on dans le monde du foot. En attendant une prolongation de contrat de plus en plus proche (jusqu'en 2017 en théorie), Garcia a été clair une fois que la participation à la Champions League a été acquise. "Il ne veut pas simplement participer et faire de la figuration mais y aller avec les meilleures intentions possibles", affirme Alessandra Bianchi. Thierry Cros va également dans ce sens et est même plutôt confiant. "C'est une équipe qui a déjà une mentalité beaucoup plus proche de ce qu'il faut faire en Champions League, plus que la Juve même. La structure, la mise en place tactique avec le 4-2-3-1 sont déjà assez adaptées à cette compétition." En revanche, il faudra forcément renforcer l'équipe, "c'est impossible de continuer avec cet effectif, il faut au moins deux latéraux, un autre milieu de quantité et un buteur". Alessandra Bianchi approuve ces propos. "La confirmation de Pjanic est fondamentale, il faut recruter et nul doute que Garcia en parle déjà avec son directeur sportif Sabatini."
Le tout sans oublier de s'affirmer définitivement dans le haut de tableau de la Serie A en profitant d'un éventuel rassasiement de la Juventus sur la scène nationale. Il ne faudra pas chaque année 100 points pour être sacré champion et il est évident que la Roma a plus de chance de conquérir le scudetto plutôt que la Champions League. Bref, ne pas se tromper d'objectif. Mais le plus difficile pour Garcia sera probablement de contenir l’enthousiasme effréné des tifosi de la Louve. Et avec eux, c'est tout ou rien, car à un moment ou un autre arrivera une période de crise accompagnée de contestations. Cela dit, Rudi Garcia semble armé pour affronter ces turbulences vu la psychologie dont il a fait preuve jusqu'ici. Cette facette ne doit d'ailleurs pas masquer des compétences techniques et tactiques qui ont conquis non seulement la Roma mais aussi l'Italie entière. Pas un mince exploit aux pays des tacticiens. Alors Chapeau bas Rudi ou plutôt "Giù il cappello !"
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Rudi Garcia livre ses secrets d'entraîneur dans Tous les chemins mènent à Rome

Crédit: Le Mag

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