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L'AC Milan se refait une beauté, mais quel est son projet ?

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 22/06/2015 à 12:03 GMT+2

SERIE A - Après une deuxième année consécutive marquée par le sceau de l'échec, Silvio Berlusconi a décidé de prendre les devants pour relancer l'AC Milan. Il a ainsi décidé de revendre la moitié du club lombard à un investisseur asiatique. A quel but ? Beaucoup de questions se posent. Voici notre décryptage.

Silvio Berlusconi - AC Milan 2015

Crédit: Panoramic

Berlusconi est-il un génie ?

C’est en tout cas un homme d’affaires très doué, quoi qu’on en dise. Il a soufflé le chaud et le froid pendant plusieurs mois sur sa volonté de vendre, entièrement ou partiellement, le club. Négociant tantôt avec les Chinois, tantôt avec les Thaïlandais, tantôt avec les deux, tantôt virtuellement. Feignant de se rétracter, de se vexer même pour mieux être courtisé, il a fait honneur au plus représentatif de ses surnoms : le Caïman.
Les chiffres doivent encore être officialisés, mais on parle bien de 500 millions d’euros pour seulement 48 % des parts du club. Berlusconi empochera donc un demi-milliard tout en restant l’actionnaire majoritaire et président, alors qu’il dirige un club dont le chiffre d’affaires est d’environ 200 millions d'euros. Jackpot ! Notons tout de même que cette somme très élevée comprend la recapitalisation et aussi le budget transfert. Les deux parties se sont engagées à conclure les détails de l’affaire d’ici début aout. Malgré tout, Berlusconi continue d’égratigner son nouveau partenaire, le faisant passer pour un faire-valoir : "Tout se passe bien avec Mr Bee, et tout se passerait aussi bien sans lui", a-t-il encore déclaré il y a quelques jours. De l'ego mal placé ?
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Silvio Berlusconi - Milan

Crédit: Imago

Mais qui est ce M. Bee ?

Un magnat du Sud-Est asiatique comme il y a en a de plus en plus. Un profil identique à celui d’Erick Thohir, propriétaire de 70 % de l’Inter depuis l’automne 2013, sans que cela n’ait d’ailleurs eu une quelconque influence sur les résultats des Nerazzurri. Bee Taechabuol de son nom complet, Thaïlandais mais 100 % chinois d’origine de par ses quatre grands parents. Né dans une famille bien portante….mais à la plonge du restaurant familiale en Australie à l’âge de 16 ans. Diplôme d'ingénieur du génie civil en poche, il a rapidement entrepris un parcours de financier classique, mais plutôt précoce (dès l’âge de19 ans). Un joli CV de broker, plusieurs sociétés d’investissement créées, parfois consultant auprès du gouvernement de son pays et surtout une vraie passion pour le foot.
Milanista depuis sa plus tendre enfance, il a fondé la Global Legends Series et organise des rencontres avec les vieilles gloires, finançant tout personnellement. On y retrouve Kluivert, Shevchenko et Cannavaro, avec lequel il est particulièrement ami. M. Bee est loin d’être l’homme le plus riche au monde, il représente d’ailleurs un groupe d’investisseurs dont le but ultime est de coter le Milan à la bourse de Hong Kong. Business is business.
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Le stade de San Siro

Crédit: AFP

Quel est le rôle de la Doyen Sport Investment ?

Mr Bee n’est pas venu seul : il est en effet accompagné de Nelio Lucas, administrateur délégué de la Doyen Sport Investment, le plus célèbre des TPO. Ce sont ces fameux fonds d’investissement qui possèdent les parts de certains joueurs et que la FIFA a interdit depuis le 1er mai dernier. Toutefois, ils peuvent toujours continuer d’aider les clubs dans leur politique de transferts voire les financer comme une banque. Il suffit qu’il n’y ait pas de clause permettant au fond d’imposer la vente d’un joueur.
M. Bee et Nelio Lucas sont très proches et le second est même un consultant technique du premier. Ainsi, le Brésilien a embarqué Adriano Galliani, le M. mercato du Milan, dans son jet privé pour lui faire faire le tour d’Europe et formuler des offres multimillionnaires. Direction Porto, partenaire privilégié de la DSI, puis Monaco et Kondogbia, un joueur proche de cette société d’investissements. Et ainsi de suite. Dans un communiqué publié le 9 Juin dernier, la Doyen s'est dit "impatiente de travailler avec un des clubs les plus prestigieux." Cela ne fait donc aucun doute sur son rôle.

Le nouveau Milan a-t-il un projet ?

La question mérite d’être posée. Il y a quelques semaines encore, Silvio Berlusconi parlait d’un Milan jeune et italien. Projet un tantinet démago sur les bords, surtout à l’approche des élections régionales de la fin mai, mais plutôt intrigant sur le papier. C’est aujourd’hui tout le contraire, les négociations entamées concernent avant tout des stars étrangères et pas toutes jeunes. Malgré les gros problèmes défensifs, Adriano Galliani s‘est jeté sur les attaquants, notamment Jackson Martinez, Colombien de 29 ans évoluant à Porto. Auparavant, sa clause de 35 millions d’euros aurait tenu le Milan à l'écart, désormais, il ne s’agit que d’une formalité, sauf qu'il a choisi l'Atlético.
Autre avant-centre sur les tablettes, Zlatan Ibrahimovic, parti le cœur gros et les poches pleines il y a trois ans, opération compliquée voire même en stand-by. Le club milanais était à fond sur Geoffrey Kondogbia, mais le milieu de terrain de l’AS Monaco a finalement filé chez le rival interiste. Trois refus qui ont vite calmé les ardeurs. Parallèlement, il y a un effectif à alléger, mais la priorité est donnée à ces renforts importants mais un brin compulsifs. Ne pas confondre vitesse et précipitation.
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Zlatan Ibrahimovic sous le maillot du Milan AC, en mai 2012

Crédit: AFP

Et Mihajlovic dans tout ça ?

On en oublierait presque que le Milan a un nouvel entraîneur. Après la tentative à peine sérieuse de ramener Carlo Ancelotti (à des fin électorales avant les régionales de la fin mai ?), les dirigeants lombards ont décidé de miser sur Sinisa Mihajlovic, qui a guidé la Sampdoria à une 7e place synonyme d’Europa League. "Même si je devais mourir de faim, je n’entrainerais jamais le Milan, car je suis trop interiste", déclarait-il du temps où il officiait à Catania. Les dossiers ont vite étaient ressortis. Depuis, le Serbe a décidé d’arrondir les angles de son personnage hirsute et a bien compris qu’il ne pouvait refuser certaines opportunités professionnelles. S’il doit encore démontrer beaucoup de choses, il garantira au moins de la discipline. Reste à savoir quelle sera sa réelle influence sur la construction d’un effectif sans queue ni tête depuis quelques années.
En attendant, son prédécesseur Pippo Inzaghi a été remercié, un terrain d’entente pour une résiliation à l’amiable n’ayant pas été trouvé. Avec Seedorf, cela fait deux anciennes gloires du club sacrifiées sur l’autel du grand n’importe quoi. Ainsi, le Milan devra payer trois entraîneurs jusqu’en juin 2016. Finalement, les 500 millions d’euros de M. Bee ne seront pas de trop.
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