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Arsenal devra frapper très fort !

Bruno Constant

Mis à jour 07/06/2017 à 11:49 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Wenger confirmé et prolongé deux saisons au lieu d’une, Gazidis affaibli, pas de "directeur de football" en vue, ni changement d’adjoint… Arsenal devra recruter du lourd si le club ne veut pas être encore à la traîne la saison prochaine.

Arsène Wenger Alexis Sanchez Arsenal

Crédit: Eurosport

Breaking News : Arsène Wenger est reconduit à la tête d’Arsenal. L’annonce n’a surpris personne. Sauf bouleversement dans l’esprit de l’Alsacien qui avait toujours dit vouloir continuer, il ne fallait pas s’attendre à autre chose. Pas tant que les dirigeants ne préparent pas sérieusement la succession du Français de 67 ans, ce qu’ils n’ont jamais réellement envisagé.
Ce qui a surpris, en revanche, c’est la rapidité entre le jour de la réunion du board d’Arsenal et l’annonce de la décision. Grand admirateur de Wenger, Stan Kroenke, l’actionnaire majoritaire, n’avait aucune intention de se séparer de son manager et, malgré quelques frémissements sur le fonctionnement du domaine sportif, le board n’a jamais eu le courage de remettre en cause le Français. Les raisons ? 1. Celui-ci ne connaît rien au football ; 2. il a peur de l’après Wenger, témoin depuis quatre saisons maintenant des difficultés de Manchester United depuis la retraite de Ferguson.
Si la décision était donc attendue, elle a suscité de nombreuses réactions. A commencer chez les supporters. Elle n’a ainsi "aucun sens" selon l’AST – Arsenal Supporters Trust –, le principal groupe de supporters d’Arsenal qui détient des parts dans le club et qui s’attendait à davantage de débat au sein du club. Or, celle-ci est passée comme une lettre à la poste quelques jours seulement après avoir bouclé la pire saison du club en vingt ans, éjecté du Top 4 de la Premier League pour la première fois sous l’ère Wenger et pas qualifié pour la Ligue des champions.
On s’attendait au moins à une remise en cause des pouvoirs très élargis du technicien français et notamment en matière de recrutement où il a connu de nombreux ratés, entre les joueurs qui lui ont échappé (Kanté, Mahrez, Pedro, Martial, Wanyama, Vidal, Morata, Higuain, Suarez…) et ceux qui n’ont pas convaincu (Xhaka, Lucas Perez, Elneny, Chambers, Debuchy, Sanogo, Park, Gervinho, Campbell, Andre Santos…) ces dernières saisons. Mais rien.

Ni mea culpa ni révolution

La question n’était pas tellement le maintien ou non de Wenger à son poste. J’avais d’ailleurs écris dans cette chronique, dès le 9 février, que la solution aux maux des Gunners n’était pas forcément le remplacement de l’Alsacien mais une révolution à plusieurs niveaux et un pouvoir sportif davantage réparti : changement du staff médical, nomination d’un adjoint plus charismatique, d’un directeur sportif qui aurait son mot à dire sur le recrutement, et surtout les renforts d’au moins un joueur de classe mondiale par ligne, à savoir un défenseur central, un milieu défensif axial, un grand buteur mais aussi un latéral gauche et un milieu offensif droit. J’y reviendrai plus loin…
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Arsene Wenger

Crédit: Getty Images

Dans l’histoire, le grand perdant est Ivan Gazidis, le chef exécutif, qui demandait un "catalyseur pour le changement". Mais rien de tout ça ne semble voir le jour. Ou, si changement il y a, celui-ci se fera en douceur, à l’image de son manager historique. Le départ de Wenger ? Hors de question. La nomination d’un "directeur de football" (l’équivalent d’un directeur sportif général) ? Rejetée par… Wenger. L’apport d’un adjoint plus charismatique que Steve Bould ? Pas à l’ordre du jour. Le changement, c’est vraiment maintenant ? On commence à en douter. Et quelque part, je ne suis pas surpris.

Le même discours qu'en 2014… Pour les mêmes résultats ?

On aurait pu s’attendre à un mea culpa, que l’on aurait d’ailleurs volontiers accepté pour tout ce qu’il a apporté au club. Mais rien, une fois de plus. Wenger a déclaré vouloir surfer sur la dynamique positive née de ce succès et a employé les mêmes mots comme en 2014, après sa… prolongation dans la foulée de la victoire en Cup, déjà : "commitment" ("engagement"), "faith" ("foi"), "optimism" ("optimisme"). Pour le même résultat ? Je ne suis pas le seul à le penser.
Si Thierry Henry s’est dit "heureux" de voir Wenger rester, la légende du club reste dubitative sur le discours de l’Alsacien : "Il dit que l’équipe est suffisamment bonne. Il dit vouloir recruter un ou deux joueurs pour créer une dynamique et remporter enfin le titre. Mais c’est quelque chose que j’ai entendu avant, l’année d’avant et l’année d’avant encore…" Que penser d’un manager qui s’érige lui-même comme la "bonne personne" pour le poste et l’objectif de la conquête du titre dans laquelle il a échoué ces trois dernières saisons, soit le contrat pour lequel il avait déjà été renouvelé ?
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Thierry Henry

Crédit: Eurosport

Les chances auraient peut-être été plus grandes si, comme Chelsea la saison passée, Arsenal n’avait pas de coupe d’Europe à disputer mais le club londonien se retrouvera tous les jeudis en Ligue Europa. Sans frapper un grand coup sur le marché des transferts cet été, les Gunners n’ont donc objectivement aucune chance.
Alors que la blessure de Hazard a peut-être repoussé tout départ vers le Real Madrid, Chelsea va continuer à se renforcer (un joueur par ligne) en vue de la prochaine Ligue des Champions. Manchester United et Mourinho, qui ont déjà déboursé 170 M€ l’été dernier, n’ont pas l’intention de s’arrêter là. Guardiola a d’ores et déjà lancé sa révolution à Manchester City. A un degré moindre, Liverpool et Tottenham semblent bien partis pour conserver leurs effectifs respectifs et renforcer les secteurs défaillants, la défense chez les Reds et le banc chez les Spurs.

Wenger doit convaincre Mbappé

Sans l’attrait de la Ligue des Champions, Arsenal devra donc être convaincant, rapide et efficace. Renforcer la défense, la sixième de Premier League, est une priorité. Le club a déjà officialisé l’arrivée du Serbe Kolasinac, défenseur gauche rugueux et polyvalent, en fin de contrat à Schalke 04, pour remplacer Monreal. Etre libre ne veut pas dire pour autant qu’il n’est pas bon. Pour preuve, il figurait dans l’équipe de la saison de Bundesliga. Le club londonien vise également Sidibé à droite pour pallier le retour de plus en plus probable de Bellerin à Barcelone. En cas de maintien du système à une défense à trois, l’arrivée d’un axial serait souhaitable. Mais renforcer le secteur défensif signifie également trouver ce milieu axial qui manque tant aux Gunners.
Néanmoins, le chantier est autant offensif que défensif. Les Canonniers, qui doivent à nouveau faire peur offensivement, lorgnent Lemar ou Mahrez. Deux joueurs de côté brillants et excitants. Mais pas seulement. Avec tout le respect que j’ai pour Giroud, dont le ratio est plus qu'honorable sous le maillot d’Arsenal, le club doit trouver un buteur de classe mondiale capable de rivaliser avec les meilleures gâchettes d’Angleterre, soit au-delà de la barre des 25 buts par saison.
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Le lapsus de Wenger : "Une offre pour Mahrez ? Pas encore..."

Un attaquant qui fasse peur aux adversaires des Gunners et donne confiance à son équipe. Les pistes sont rares et très chères. Mais Wenger et le club, qui ont déjà fait une première offre de 100 M€ à Monaco pour Mbappé, semblent cette fois en phase avec la réalité du marché. Si les Londoniens étudient en parallèle les options Dembélé (Celtic) et Lacazette (Lyon), leur priorité absolue semble bien Mbappé pour lequel ils sont prêts à augmenter leur offre.
La balle est désormais dans le camp d’Arsène Wenger qui devra convaincre le joueur et sa famille du bien-fondé d’un transfert à Arsenal plutôt qu’au Real Madrid. A un an de la Coupe du monde, les Gunners pourraient représenter un palier parfait dans l’ambition du gamin de 18 ans avec un championnat plus exigeant que la Ligue 1 et l’assurance d’être titulaire, ce que ne peut lui offrir Zidane au Real. Un tremplin en quelque sorte dans son ascension fulgurante mais, malheureusement, sans Ligue des Champions et qu’il n’est même pas sûr de retrouver l’année suivante.
Avec ce genre de renfort, il serait alors plus facile aux dirigeants de prolonger les contrats d’Özil et surtout Alexis Sanchez. Mais, surtout, Mbappé deviendrait le nouveau fer de lance d’Arsenal depuis le départ du club de Thierry Henry, il y a déjà dix ans…
Bruno Constant fut le correspondant de L'Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd'hui avec RTL et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.
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