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Ferrari, stratège, records : Michael Schumacher, c'est tout ça...

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 30/12/2013 à 20:58 GMT+1

Pilote le plus emblématique de Ferrari, hyper professionnel, stratège hors pair, roi de Spa, dur en piste avec ses rivaux... Si le monde s'émeut, c'est parce que Michael Schumacher incarne tout ça. Le septuple champion du monde s'est forgé une image forte et complexe en F1.

Eurosport

Crédit: Eurosport

LE pilote emblématique de Ferrari

Michael Schumacher est un pilote central dans l'histoire de Ferrari. C'est lui celui qui a remis la Scuderia sur les rails du succès. Arrivé en 1996 à Maranello à l'amorce d'un virage technique important (moteur V10, transition à la direction technique), il a accepté de perdre pendant quatre saisons avant de décrocher le titre en 2000, 21 ans après le dernier pilote rouge. Sa fidélité à la marque, pendant onze, ses cinq titres consécutifs - un record - et sa fidélité aux hommes - sa relation avec Ross Brawn et celle quasi-filiale avec son patron Jean Todt - ont magnifié cette épopée que tous les amoureux de Ferrari attendaient.

Ross Brawn, le fil conducteur de sa carrière

Michael Schumacher a obtenu ses sept titres mondiaux avec deux équipes différentes et un seul directeur technique, Ross Brawn. Une association unique en F1.

Un pilote fédérateur et exclusif

Michael Schumacher n'a eu qu'un coéquipier champion du monde dans sa carrière : Nelson Piquet en 1991 chez Benetton, pendant cinq courses. Il a ensuite tout voulu pour lui : une structure dévouée et un coéquipier subordonné. Il y a eu Brundle (1992), Patrese (1993), Verstappen (1994) chez Benetton, Irvine (1996-1999), Barrichello (2000-2005) et Massa (2006) chez Ferrari. Cette priorité a parfois conduit à des maladresses, comme au GP d'Autriche 2002, où son patron Jean Todt a harcelé Rubens Barrichello pour lui donner sa victoire. La caractéristique principale du "baron rouge" est d'avoir su travailler dans la continuité et une confiance réciproque. Il a ensuite fait équipe avec Nico Rosberg (2010-2012), qui était déjà signé chez Mercedes à son arrivée.

Une préparation sans faille

Michael Schumacher est peut-être le pilote qui, avant les autres, a compris qu'il était possible de transformer une course en 60 tours de qualification à condition d'y être préparé. Par exemple, il se déplace en essais privés avec un camion rempli de bancs de musculation. Lorsque sa voiture est en réparation au garage, il s'y réfugie. En course, cette condition physique lui permet de garder sa concentration et donc de commettre très peu d'erreurs. Sur les podiums, il ne paraît jamais fatigué et c'est ce qui frappe ses adversaires.

Un stratège hors pair

Michael Schumacher a utilisé avec maestria la stratégie comme un outil "live". Avec l'imagination de son complice à la technique, Ross Brawn, qui savait ce qu'il pouvait lui demander, il a signé un chef d'œuvre du genre en Hongrie en 1998, en passant de deux à trois arrêts pour battre Mika Häkkinen (McLaren). Autre exploit resté célèbre : ses quatre arrêts programmés en France en 2004 pour mettre en échec Fernando Alonso (Renault).

Un as sous la pluie

Michael Schumacher est souvent sorti du lot lorsque le ciel a changé le décor. Sur piste partiellement humide (Spa 1992) ou inondée (Spa 1995, Montmelo 1996, Silverstone 1998), il a remporté des victoires mémorables.

Un appétit de victoire débordant

Schumi a souvent été impitoyable avec ses adversaires en piste. En 1994, à Adélaïde, il se met bizarrement en travers de la trajectoire de Damon Hill. Un accrochage plus tard, il est couronné. Mais en 1997, à Jerez, la polémique atteint des sommets lorsqu'il il donne un coup de roue rageur à Villeneuve, qui file quand même vers le titre.
Michael Schumacher peut aussi user de stratagèmes diaboliques : à Monaco en 2006, il gare sa Ferrari pour provoquer un drapeau jaune et empêcher Fernando Alonso (Renault) de lui prendre la pole position. Il est sanctionné et part dernier. En 2010, en Hongrie, il tente de dissuader Rubens Barrichello de le passer et le serre contre le mur des stands. Un comportement loin d'être rare chez lui. Il a parfois poussé des adversaires hors de la piste pour avoir le dernier mot.

Ses plus belles histoires écrites avec Mika Häkkinen et Fernando Alonso

Damon Hill n'était pas de son calibre et Jacques Villeneuve n'est resté au sommet que deux ans. Michael Schumacher a finalement dû attendre Mika Häkkinen (McLaren) pour avoir le sentiment de tomber sur un os. De 1998 à 2001, il lui livre des batailles épiques. L'une d'elles se conclut par un dépassement d'anthologie à Spa (2000) qui a fait la légende du Finlandais. En 2005, Michael Schumacher fait aussi la réputation de Fernando Alonso (Renault) dans un duel titanesque à Imola. L'Espagnol n'aurait pas été un aussi beau champion s'il n'avait mis fin à la saga victorieuse de l'Allemand.

Roi de Spa avec 6 victoires (1992, 95, 96, 97, 2001, 02)

Si Ayrton Senna fut le maître incontesté de Monaco, Michael Schumacher a brillé comme nul autre à Spa-Francorchamps. Sur le circuit belge, situé à une centaine de kilomètres de son fief de Kerpen, il y a gagné à peu près de toutes les manières, ou connu les revers ou polémiques les plus improbables. Pour l'as allemand, Spa-Francorchamps c'est d'abord du plaisir, comme il le déclarait en 2004 : "Ce circuit est très différent des tracés modernes. Piloter sur la trajectoire parfaite du circuit de Spa Francorchamps, spécialement dans certains endroits, provoque des frissons. Ce n'est pas une coïncidence si des générations de pilotes se sont extasiées sur l'Eau Rouge!"
En 1991, il dispute son premier gp dans les Ardennes. Etonnant qualifié cinquième au volant d'une Jordan, une écurie débutante, il grille son embrayage après quelques centaines de mètres. Flavio Briatore, le directeur de l'équipe Benetton, décide immédiatement de l'engager… En 1992, au volant d'une Benetton loin de valoir les surpuissantes Williams de Nigel Mansell et Riccardo Patrese, il entre dans le cercle des vainqueurs de gp. En 1995, piégé par la pluie il part 16e et… triomphe. En 2011, il s'élancera 21e avec sa Mercedes et finira 5e. En 1996, au volant d'une F310 dépassée en aéro, il gagne et fait surtout retomber la pression sur sa nouvelle équipe, Ferrari, au bord de l'implosion après une série de mauvais résultats.
En 1997, sous la pluie, il dépose magistralement Jean Alesi et Jacques Villeneuve en début de course pour ne plus quitter la tête. En 2001, il revient pour un 52e succès qui dépossède définitivement Alain Prost de son record de victoires. Il domine une dernière fois en 2002 - l'année de sa seule pole position - et devient en 2004 le seul pilote sacré champion sur le circuit belge. Pour faire le tour de ses relations avec Spa, on peut souligner qu'il avait été victime d'une disqualification injuste en 1994, sa Benetton affichant un fond plat non règlementaire suite à un tête-à-queue sur une bordure. En 1998, on l'avait vu dans une rage folle après un accrochage avec David Coulthard, qui avait admis sa négligence quelques années plus tard.

L'homme des records

Ce qui ressort finalement le plus dans la carrière de Michael Schumacher, ce sont ces records qui tiendront encore un moment. Parmi ceux-ci 7 titres mondiaux, 91 victoires, 68 pole positions, 155 podiums et une victoire au moins pendant 16 saisons consécutives (1992-2006), ce qui témoigne d'une extraordinaire régularité au plus haut niveau.

Un pilote qui a fait fructifier son image

Michael Schumacher quitte Benetton fin 1995 pour être traité comme il se doit. Chez Ferrari, il va être payé à sa juste valeur. Le merchandising explose (quelques 350 produits dérivés), les contrats personnels se multiplient et MS devient une véritable marque. Grâce à son premier titre en rouge, en 2000, il réalise même l'impensable : déloger le golfeur Tiger Woods de la place de sportif le mieux payé, avec des revenus estimés à 75 millions de dollars. En revanche, il n'est pas le roi de l'immobilier : il achète une résidence en Suisse à Vufflens-le-Château en 1996, qu'il quitte en 2008 sans parvenir à la revendre au prix encore demandé cet été : 13 millions d'euros. Il s'établit alors à Gland.

Une passion pour la vitesse

Comme tout pilote, Michael Schumacher a besoin de son quota d'adrénaline en hors de la Formule 1. Passionné de moto, il donne souvent rendez-vous à Sébastien Loeb sur le circuit de Bresse, en Saône-et-Loire. Le nonuple champion du monde WRC avoue qu'il doit s'accrocher pour le suivre. Retraité une première fois de la F1 fin 2006, Schumi confirme sa vocation à 2-roues en courant en Superbike allemand. Il subit régulièrement des chutes. Début 2009, l'une d'elles lui occasionne des douleurs aux cervicales qui l'empêchent de remplacer au pied levé Felipe Massa, qui vient de se blesser en Hongrie.

La main sur le coeur

Michael Schumacher a toujours fait pour l'action caritative ou humanitaire, en toute discrétion. En 2004, il a par exemple versé 10 millions de dollars pour venir en aide aux victimes du tsunami survenu dans le Sud-Est asiatique. C'est son manager, Willi Weber, qui avait révélé le don, provoquant sa colère. Le septuple champion du monde est plus connu pour son implication dans l'ICM, l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière basé à Paris, dont il est l'un des membres fondateurs, conjointement avec Jean Todt et le professeur Gérard Saillant notamment. "Ceux qui sont privilégiés par la vie se doivent d'aider ceux qui le sont moins et notamment ceux qui souffrent", explique-t-il sur le site de l'ICM. "J'estime donc qu'il est de mon devoir de les aider pour que ce projet aboutisse. Mon rôle au sein de l'ICM a été tout d'abord de les soutenir financièrement. Aujourd'hui, je souhaite mettre ma notoriété au service de l'ICM de façon à populariser le projet, notamment auprès d'entreprises susceptibles de nous rejoindre."
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