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Sébastien Bourdais : "Les Américains aiment bien voir et toucher"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 18/11/2012 à 14:36 GMT+1

La F1 et la course aux Etats-Unis n’ont pas de secret pour Sébastien Bourdais. Le Français doute de la réussite à terme du Grand Prix des Etats-Unis, pour une question de proximité pour les spectateurs et de programmation pour les téléspectateurs. Bref, ça peut marcher mais "le pari n’est pas gagné".

General view Austin F1

Crédit: AFP

Sébastien, quel est votre avis de pilote sur ce circuit d’Austin ?
Sébastian Bourdais : Il y a un peu trop de serrés à mon goût. C’est un peu la marque de fabrique des circuits de Hermann Tilke, dont je ne suis pas un grand fan. Ça reste un circuit moderne, sans sanction en cas de faute de pilotage. C’est vrai que le premier secteur est assez sympa avec tous ses esses : c’est un bel enchaînement. Mais après la longue ligne droite du retour (du virage 11 au virage 12), il y avait peut-être mieux à faire que ces épingles.
Beaucoup de pilotes ont dit du bien de ce circuit, mais il y a toujours une différence entre le plaisir du pilote quand il tourne seul, et l’intérêt d’une course qui réclame des dépassements…
S.B. : Je pense qu’il s’égare un peu. La ligne droite du retour, zone essentiellement de dépassements, est précédée par les esses, et là, pour suivre quelqu’un de près, il faudra y mettre de la volonté. Les craintes de difficultés à dépasser en F1 ne sont pas fondées en raison de l’usure des pneus, les stratégies décalées et le DRS. Et sans ces artifices, il ne serait pas facile de doubler en F1. En proto ou avec d’autres monoplaces, ça sera bien plus difficile de passer dans la ligne droite. Personnellement, je ne l’aurais donc pas fait comme ça. Mais autrement, le site est extraordinaire.
L’enthousiasme est au rendez-vous. Toutes les places ont été vendues pour la course (120.000 tickets).
S.B. : La curiosité de la première année est une chose. Il faudra voir ensuite. Je pense que le plus gros problème de la F1 aux Etats-Unis concerne les retransmissions TV. Tant qu’ils n’auront pas une audience large de gens qui s’intéressent au championnat tout au long de l’année, ça marchera difficilement. Et ça ne pourra passer que par un pilote américain et une équipe. Je ne suis pas sûr que le challenge soit encore gagné, même s’ils ont un site extraordinaire qui va servir au sport américain en général, pour nous (l’Indycar), pour le WEC.
Comment le public va-t-il percevoir cette F1 finalement assez aseptisée pour lui. On sait qu’il aime voir des machines proches en performances et des pilotes s’engager pour faire la différence…
S.B. : Le problème n’est pas là. Le principal problème se situe au niveau de l’accès : les Américains aiment bien voir et toucher. Et en F1 ça n’existe pas. C’est vraiment un choc culturel, et un gros problème. Quand les Américains ne peuvent pas voir une voiture à moins de cinquante mètres, ça leur pose un problème. C’est pour ça que j’ai peur que passée la curiosité de la première année, l’intérêt retombe. En plus, le prix du billet est toujours aussi élevé. J’espère me tromper, mais le pari n’est pas gagné.
La façon dont les courses se déroulent aux Etats-Unis est très différente de la F1…
S.B. : Le moindre prétexte est bon pour sortir un drapeau jaune afin de regrouper tout le monde. En F1, ça ne remet pas à grand-chose en question car le peloton s’étire à nouveau très rapidement. Le spectacle de la F1 a néanmoins beaucoup évolué dernièrement, même si c’est artificiellement. On va bien voir comment la course va être perçue.
La course aux Etats-Unis reste dominée par la NASCAR…
S.B. : C’est ce qui a vraiment aujourd’hui de l’exposition aux Etats-Unis, malheureusement. A ce niveau-là, l’Indycar est une micro bulle. Au même titre que la F1 qui, certes, est un peu plus suivie que l’Indycar.
Alors, Vettel ou Alonso champion ?
S.B. : Si Vettel n’est pas champion, ce sera essentiellement dû à un problème de fiabilité de sa voiture. Au niveau des pilotes, c’est extrêmement serré. L’un comme l’autre le mériterait.
La FIA veut réduire les zones de DRS l’an prochain. Il reste quand même très utile dans le trafic. Pensez-vous, de par votre expérience du push to pass, qu’il ne faudrait-il pas mieux laisser les zones en l’état et limiter l’utilisation du DRS pour les véritables attaques ?
S.B. : Ce serait pas mal de pouvoir l’utiliser qu’un certain nombre de fois. Le problème est que dans un train de voiture, tout le monde met le DRS et qu’au bout du compte personne ne double personne. Avec un nombre limité d’utilisation, ce serait plus intéressant, plus productif. Ça créerait des stratégies décalées, certains qui en auraient abusé se retrouveraient exposés en fin de course en cas de safety car. Tout ça reste artificiel, malheureusement, mais on ne sait pas faire autrement.
La FIA veut instaurer un permis à points visant suspendre automatiquement un pilote après un certain nombre d’incidents responsables…
S.B. : Pourquoi pas, mais je ne vois pas la valeur ajoutée. Ça ne sert à rien de décaler la pénalité. S’il y a faute, elle doit être sanctionnée sur le moment, ou au grand prix suivant. Je ne suis déjà pas favorable au système en vigueur pour les automobilistes, je ne vois donc pas l’intérêt de le transposer aux pilotes. En revanche, la fermeté montrée récemment est importante. Certaines choses ne sont pas acceptables.
La prochaine course d’Indycar est en mars. Qu’allez-vous faire d’ici là ?
S.B. : Ma participation aux 24 Heures de Daytona sera annoncée prochainement. A part ça, je ne ferai pas grand-chose en dehors de la pré-saison d’Indycar. Mon programme principal est assez exigent.
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