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Après avoir ébloui pour ses débuts chez Red Bull, Max Verstappen brille beaucoup moins

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 30/09/2016 à 13:51 GMT+2

GRAND PRIX DE MALAISIE - Max Verstappen a ébloui en gagnant à Montmelo cette année avant de voir Daniel Ricciardo reprendre peu à peu la main chez Red Bull. Et pour justifier l'avenir doré qu'on lui prête, il va devoir rapidement remettre un coup d'accélérateur.

Max Verstappen (Red Bull) au Grand Prix de Singapour 2016

Crédit: Eurosport

Max Verstappen suivait une courbe ascendante, irrésistible. En parfaite incarnation d'un futur champion que l'on voyait arriver de loin, comme Lewis Hamilton et Sebastian Vettel en leur temps. En 2007, le Britannique était dans une écurie au sommet, l'Allemand en 2009 dans un team où Adrian Newey s'apprêtait à répliquer les épopées de Williams et McLaren. On considérait que le temps leur donnerait raison, mais on s'avançait sans savoir.
Max Verstappen est-il sûr d'y arriver comme eux ? Il n'en doute pas et le contraire serait dommage. Seulement, depuis quelques temps, ses Grands Prix sont plus ingrats. Les polémiques assumées, ses résultats butent sur un palier, ce qui doit le gêner beaucoup plus que ses déclarations puériles. Le contrecoup du premier succès ? Pas certain que ce soit juste ça…
C'est sûrement une grossière provocation de considérer qu'il a déjà atteint son seuil de compétences. A 19 ans, ça n'aurait pas de sens. Quoique, à son âge, d'autres savent déjà qu'ils ne feront jamais rien en Formule 1. Non, après une saison de rookie en 2015 passée à massacrer Carlos Sainz en course (49 points contre 18), il a poursuivi sur le même ton insolent. A tel point qu'Helmut Marko, l'oeil expert et accélérateur de destins chez Red Bull, a jugé qu'une promotion précipitée s'imposait sur le dos de Daniil Kvyat.
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Max Verstappen (Red Bull) au Grand Prix d'Italie 2016

Crédit: Panoramic

Depuis quatre courses, Ricciardo le rend dingue

C'est sûr, le gamin a fait un truc inimaginable en remportant sa première course pour sa nouvelle écurie, à Montmelo. C'était au milieu d'un providentiel cimetière de Mercedes mais nombre de fans et observateurs n'ont pas hésité à le voir déjà meilleur des non-Mercedes de 2016. C'était tentant de voir sous ses impitoyables roues un pauvre Daniel Ricciardo laminé. Mais c'était s'emballer considérablement.
Que s'est-il passé depuis le Grand Prix d'Espagne ? Le rejeton de "Jos The Boss" est devenu la bête noire d'un Kimi Räikkönen qui n'a rien fait d'autre que se plaindre de ses coups de volant et de frein à contretemps. Ne pas respecter le Finlandais, c'était servir un désir narcissique de se placer au niveau d'une star. Pour le coup, c'est réussi. Sans tarder, il a ajouté deux places de deuxième, un dépassement à la testostérone sur Nico Rosberg à Silverstone, une troisième place à Hockenheim et puis… plus rien ou presque. En fait, depuis quatre courses, Daniel Ricciardo, incontestable n°3 mondial, le rend dingue.
Après un exploit, quelques coups d'éclats et beaucoup d'esbroufe, l'histoire commence donc à devenir intéressante. Parce que dorénavant, elle va nous livrer le vrai Verstappen, celui qui s'est fait taper en qualification par le rookie Sainz l'an dernier (9-8), et qui continue à ne pas voir le jour face à l'Australien rigoleur (9-2). En arrivant chez RBR, il avait estimé avoir besoin de deux ou trois Grands Prix pour tirer la quintessence de la RB12. Le délai dépassé, rien n'a changé.
Que peut espérer un pilote ainsi surclassé par son coéquipier ? Pas grand-chose dans une course au titre, parce que c'est ce qui décide de tout dans la F1 moderne. Ces dix dernières années, il y a bien eu des exceptions : Räikkönen a été battu par Massa en qualification en 2007 et Hamilton par Rosberg en 2014, mais sur des scores (10-7 et 9-8) qui ne compromettaient pas le reste.
Daniel Ricciardo et Max Verstappen (Red Bull) au Grand Prix d'Espagne 2016

Vainqueur le plus jeune de tous les temps, mais après ?

Il faut le noter aussi, Verstappen a pris du volume ces dernier temps à travers quelques contrariétés riches d'enseignements, et pas que pour lui. Daniil Kvyat lui a offert une séance chez le psy en claquant quelques portes à Singapour. Pendant que le forcené russe lui tendait un miroir pour lui montrer ses propres pratiques discutables, c'est un Verstappen agacé qui a lâché à la radio "Vas-y mec !" Une bataille de rue pour la 10e place que le Néerlandais a faussement banalisée à l'arrivée mais qui lui a fait le plus grand bien.
Plus intéressant, la consigne d'Hockenheim a montré qu'il était aussi capable de se renier. Cette preuve d'intelligence, il l'a fournie en obéissant à la consigne d'équipe pour laisser le champ libre à un Ricciardo sur une meilleure stratégie. Sur ce coup-là, il a peut-être pris son indépendance vis-à-vis d'un père encore envahissant du temps de Toro Rosso mais interdit de stand chez RBR.
Il faut le redire : Max Verstappen reste pour l'heure le vainqueur le plus précoce de tous les temps. Qu'est-ce que ça signifie ? Qu'il est arrivé à maturité plus vite que n'importe qui grâce à son père, ancien pilote de F1, et à RBR. Et là, ça comprend des surdoués comme Senna, Prost ou Schumacher. Pour autant, sera-t-il le plus jeune champion du monde ? Il a encore royalement quatre ans pour ça. Sera-t-il champion du monde ? La carrière de Fernando Alonso depuis 2007 montre que c'est une question d'opportunités. Impossible donc de se prononcer, mais il va déjà falloir qu'il concurrence davantage Daniel Ricciardo pour y parvenir.
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