Grand Prix de Chine | Souvent fautif, jamais coupable : Lance Stroll, risée et risible

Il fut encore l'un des acteurs, bien malgré lui, d'un Grand Prix de Chine finalement moins animé qu'attendu. Dimanche, Lance Stroll (Aston Martin) s'est fait remarquer pour de mauvaises raisons, en percutant Daniel Ricciardo (Racing Bulls) à la relance. Rarement irréprochable en piste, le Canadien l'est également en dehors. Après sept saisons et demie en F1, il fait encore tâche.

Lance Stroll (Aston Martin) au Grand Prix de Chine 2024

Crédit: Getty Images

Max Verstappen n'en croyait pas ses yeux. Après sa victoire au Grand Prix de Chine, le Néerlandais a revu, dans la "cool room", les temps forts de la course qu'il venait de dominer. Parmi eux, l'étonnant incident ayant impliqué Lance Stroll et Daniel Ricciardo. Alors que le Néerlandais venait de relancer les hostilités après un régime de voiture de sécurité, le Canadien a violemment percuté l'arrière de la Racing Bulls.
"Oh mon dieu, a-t-il lâché devant les ralentis, surpris par les images. Impossible !" Lando Norris, deuxième du Grand Prix et donc présent à ses côtés, a comme à son habitude choisi le ton de l'humour : "Tout ça, c'est de ta faute", a lancé le Britannique au triple champion du monde.
Une boutade que Lance Stroll aurait certainement prise au premier degré, s'il avait été là. Lorsque Canal+ l'a interrogé sur les raisons de sa mésaventure, le Canadien a encore trouvé le moyen de se dédouaner : "Je pense que quelqu'un a freiné devant, a-t-il justifié. Je ne sais pas qui. Et après, c'est l'effet accordéon. Tout le monde a freiné et moi, j'étais le dernier et j'ai touché Ricciardo."

Stroll, fautif multi-récidiviste à l'immunité

Précisons que Stroll n'était absolument pas "le dernier", puisqu'il était même en milieu de peloton à ce moment-là, et qu'il n'a pas simplement "touché" la monoplace de Ricciardo. "Ce n'était pas un petit contact, a insisté l'Australien au micro de la chaine cryptée. Il a soulevé ma voiture !" A tel point que les dégâts provoqués sur son fond plat l'ont contraint à l'abandon...
Qu'importe, Stroll devait trouver un autre coupable, après avoir, au moment des faits, accusé l'Australien de l'avoir "testé aux freins". "Il a dit que c'était de ma faute ?, a questionné Ricciardo après que les messages radio du pilote Aston Martin lui ont été rapportés. J'étais en train de me calmer mais je vais de nouveau m'énerver. J'ai revu les images de sa caméra embarquée : il ne me regarde même pas. On commence à freiner et il regarde déjà le virage et accélère. Ça m'énerve."
C'est ainsi : Stroll est un fautif multi-récidiviste qui ne se remet jamais en question, pas même lorsqu'il se rend coupable de bourdes grossières dont il est coutumier. Dans la "cool room", Norris a comparé cet incident à celui dont il avait été victime sur ce même circuit, en 2019, lorsque Daniil Kvyat l'avait percuté. Le Russe, surnommé "Torpedo", avait fini par être boudé par la F1 malgré un certain nombre d'arguments extra-sportifs.
Lance Stroll, lui, est là pour les raisons que l'on connaît. Le fait que le fils du très puissant propriétaire de l'écurie soit le seul pilote sous contrat à durée indéterminée pose un problème éthique et crée un certain malaise, contraignant Aston Martin et son pilote à entretenir une sorte de faux suspense concernant sa reconduction pour 2025.

Huitième saison en F1, et pas de remise en question

Même Fernando Alonso, qui n'a pourtant pas par habitude de garder sa langue dans sa poche, est régulièrement missionné pour tenter de redonner du crédit à son coéquipier. Cette semaine, on a ainsi entendu l'Espagnol préciser que Stroll était "plus sensible que lui pour améliorer la voiture". Le double champion du monde a le droit de le dire, et même de le penser. On a le droit de ne pas le croire en constatant le gouffre qui sépare les deux hommes, en qualification comme en course, semaine après semaine.
"Il n'est pas facile d'être le coéquipier de Fernando", répond régulièrement Mike Krack, patron de l'écurie, lorsque ces faits (31 points glanés par Alonso contre 9 pour Stroll) lui sont régulièrement rapportés. Il n'empêche, la situation très enviable du Canadien serait probablement un peu moins crispante, pour les spectateurs et pour tous les jeunes pilotes talentueux et à la tête bien faite (Bearman, Lawson, Pourchaire et tant d'autres) si son attitude était un peu plus sensée que son comportement en piste.
Stroll côtoie régulièrement un bon exemple en la matière, en la personne d'Esteban Ocon, l'un des pilotes dont il est le plus proche. Le Français n'a pas toujours eu une relation très fluide avec Alonso, c'est le moins que l'on puisse dire, mais il a au moins eu le mérite de se remettre en question quand il le fallait. Et d'apprendre. L'attitude du Normand est aujourd'hui exemplaire et quelque chose nous dit que l'atmosphère serait sans doute beaucoup plus lourde, chez Alpine, sans les bons discours du pilote tricolore.
Aston Martin n'a pas les problèmes de l'écurie française mais on ne voit pas comment sa progression pourrait ne pas être ralentie par un pilote si souvent désintéressé. Dimanche, Stroll était la risée de la "cool room", à Shanghai. Ce n'était pas la première fois. Sans doute pas la dernière non plus. Et c'en devient risible.
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Le passage aux stands de Lance Stroll après avoir percuté Daniel Ricciardo (Racing Bulls) au Grand Prix de Chine

Crédit: Getty Images

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