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N'accablez pas Hamilton, il a aussi besoin de ce côté obscur

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 03/10/2016 à 15:20 GMT+2

GRAND PRIX DE MALAISIE - Dans la déception de son abandon dimanche, Lewis Hamilton (Mercedes) a laissé transparaitre son penchant mystique dans des accusations maladroites qu'il a précisées après-coup. "Parfois on est aveuglé par des situations avec des explications irrationnelles", lui a répondu son patron.

Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Malaisie 2016

Crédit: Panoramic

Il y a mille façon de se remettre - ou pas - d'un sale coup ou comme celui-là. Heureusement, Lewis Hamilton a précisé sa pensée la plus sombre, dimanche à Sepang. Sur BBC Radio 5, il avait réagi à chaud en évoquant "quelqu'un ne veut pas qu'il gagne" cette année... Stupeur chez Mercedes ? Même pas. Triple champion du monde de son état lui aussi, Niki Lauda avait perçu l'état de détresse et d'égarement médiatique. "Je peux le convaincre que nous n'avons rien contre lui", s'était contenté de dire l'Autrichien. Au volant, LH44 n'a pas eu de préavis sur l’imminence de la catastrophe et le directeur technique, Paddy Lowe, a attesté : "Il n'y a pas de tendance qui expliquerait pourquoi ça devrait casser sur la voiture de Lewis. " En clair, pas de brusquerie chronique du pilote.
Chez McLaren en 2011, LH avait aussi craqué à Monaco, après trois pénalités en deux jours. Et posé la question du comique britannique Ali G., son avocat de circonstance : "Peut-être est-ce parce que je suis noir ?" Ce qui n'était qu'une provocation à l'endroit des commissaires s'était répandu comme une traînée de poudre en Principauté. Menacé d'une suspension par la FIA, il était allé avec son père à la direction de course pour signifier que tout ceci n'était qu'une blague qui avait mal tourné.
Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Malaisie 2016

Une exubérance, une naïveté

Lewis Hamilton est comme ça, il ne peut pas toujours réfréner sa pensée et à l'heure des pilotes formatés, il continue de détonner. La réponse sur l'identité de ce "quelqu'un" ? "Une puissance divine" ! "On dirait qu'en ce moment, celui qui est au-dessus ou un pouvoir supérieur intervient un peu", a-t-il précisé à Sky Sport.
Pas de coup fomenté en interne donc, ni de suicide de la part de Mercedes qui ambitionnait le titre Constructeurs sur les terres de son sponsor-titre, Petronas.
A voir sa croix tatouée dans le dos, on aurait dû s'en douter. Ridicule ? Surtout pas. Chacun a ses refuges intimes et l'immense Ayrton Senna était aussi moqué pour son mysticisme. Il en jouait même trop. Bref, à l'endroit de Lewis Hamilton, il faut d'abord évoquer l'exubérance avant d'envisager le dérapage. Lui reconnaître une forme de naïveté et de maladresse quand il laisse courir la théorie du complot. Heureusement, Mercedes le connait bien. Pour le reste, il a bien d'autres défauts comme l'hypocrisie d'un doigt d'honneur non assumé cet été en Hongrie.
Dimanche, on n'a sûrement pas mesuré sa solitude, sa déception de pilote "impuissant", défait par l'objet mécanique, passé de +5 à -23 points au championnat d'un coup dans un panache de fumée. Nico Rosberg a même compati en parlant d'une sensation "horrible".

"Parfois on est aveuglé par des situations avec des explications irrationnelles"

Pour comprendre ce que cela sous-entend, on peut se souvenir des circonstances du transfert de Lewis Hamilton, un soir de septembre 2012. Stoppé par sa boîte de vitesses alors qu'il dominait le Grand Prix de Singapour, il avait laissé échapper ses derniers espoirs de titre. Niki Lauda, qui sait ce que l'on peut ressentir dans ces moments-là, était venu le voir dans sa chambre d'hôtel pour lui expliquer que s'il en avait assez des problèmes de fiabilité de McLaren, un projet ambitieux l'attendait chez Mercedes. L'Anglais n'avait pas tardé à trancher...
Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Malaisie 2016
Les pilotes sont payés pour gagner, être déçus, accepter l'inacceptable et digérer comme ils peuvent. Lewis Hamilton a déjà laissé un titre mondial dans un bac à sable. En 2007, il n'avait par chance pas compris cette faute de trop pour mieux maudire ses problèmes de boîte de vitesses au Brésil. Il aurait pu pleurer de désespoir comme un Mika Häkkinen se voyant perdu à Monza en 1999, et qui ne l'était pas. Ou ravaler sa déception comme Nico Rosberg à Abou Dabi en 2014. Mais parfois, le tempérament tombe dans l'excès d'un Fernando Alonso en 2010 ou en 2012. Sur le dos d'un concurrent ou d'un drapeau jaune, avec une grosse dose de mauvaise foi. Et il faut l’accepter.
Dimanche, Toto Wolff a bien résumé le sentiment général. "C'est un sport mécanique, avec tellement de technologie, mais parfois on est aveuglé par des situations avec des explications irrationnelles", a déclaré le directeur de Mercedes-Benz Motorsport. "C'est une coïncidence délirante quant à la raison pour laquelle il a subi la majorité des problèmes de moteur cette année. C'est comme sortir six fois de suite une carte rouge au casino."
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