L'ACM fait le maximum

Monaco, 28 mai 2011, 14h57 : Sergio Pérez perd le contrôle de sa Sauber à quelques 280 km/h sur une bosse à la sortie du tunnel. La C30 partie à l'équerre se fracasse dans les blocs Techpro à la chicane. Le Mexicain est évacué avec une commotion cérébrale, une cuisse blessée et quelques contusions. Le choc a été violent et le poussera à un autre forfait, quinze jours plus tard à Montréal.

Les responsables du circuit n'auront pas mis longtemps à analyser les causes de cet accident qui avait glacé acteurs et observateurs ; ils entreprendront dans quelques jours des travaux pour sécuriser l'endroit. "Lors du debriefing d'après-Grand Prix, la Fédération internationale de l'automobile (FIA) ne nous avait rien demandé concernant l'accident", explique Michel Ferry, commissaire général du Grand Prix de Monaco. "Nous n'en n'avions pas parlé. Nous avions commencé à regarder la situation dès le lendemain de la course, et j'avais rapidement été en contact par mail avec Charlie Whiting (ndlr : directeur de course à la FIA). Une semaine après, tout était réglé."

Après cette Q3 conclue sur beaucoup d'interrogations, la bosse qui avait notoirement déstabilisé Kimi Räikkönen (Ferrari) derrière Adrian Sutil (Force India) lors du GP de 2008 avait été pointée du doigt. Les autorités avaient-elles tiré les enseignements de ce précédent ? Aujourd'hui, Michel Ferry répond sans ambiguïté : "Nous faisons des mesures extrêmement précises d'année en année, et la bosse était cette année exactement la même que l'an passé. La différence, c'est Pirelli ; les flans des pneus plus précisément. Leur structure radiale est complètement différente de celle du précédent manufacturier (ndlr : Bridgestone). La qualité des enveloppes n'est pas en cause ; simplement, leur structure radiale se traduit par une plus grande amplification de mouvement : la voiture sautille plus. Ça tient à l'architecture même du pneu car en GP2 (ndlr : fourni par Pirelli), aucun pilote n'est venu nous voir pour se plaindre."

"Pour avoir un diagnostic précis, nous avons fait appel à des spécialistes anglais de la société Colas, qui ont mesuré le dévers et le profil", poursuit M. Ferry. "A cet endroit, la bosse produit un rehaussement de l'ordre de 2 centimètre, sur 15 mètres. Nous allons en diminuer une partie en deux campagnes de travaux, étalées sur octobre/novembre puis mars/avril."

La bosse ne sera pas uniquement traitée: le bouclier de Techpro sera notablement repoussé. C'était la suggestion la plus couramment avancée par les pilotes, au rang desquels de Nico Rosberg (Mercedes), accidenté avec plus de chance le matin même, en essais libres 3. "Le point d'impact à la chicane va être reculé de 15,8 mètres. L'angle sera donc plus grand, le risque de frapper le mur de protection sera fortement réduit", se félicite le dirigeant de l'Automobile Club de Monaco (ACM).

En complément, un nouvel asphalte sera posé. "Nous allons ré-asphalter l'intérieur de la chicane suivant un dispositif analogue aux run-off du 3e virage du Castellet", ajoute le dirigeant du Grand Prix. "De ce fait, les voitures s'arrêteront sur une distance nettement plus courte. Mais nous avons du penser à une solution qui convienne à tout le monde. Il ne s'agissait pas seulement de sécuriser la zone pour les courses, il fallait également éviter de causer des nuisances sonores au voisinage à longueur d'année. Une société a donc créé pour nous un bitume au granulé peu bruyant".

Ce ne seront pas les seuls aménagements du circuit pour la cuvée 2012. Le tiers des 3,340 km systématiquement resurfacé tous les ans sera cette fois ci réparti de façon ciblée pour adoucir la topographie. Les endroits concernés sont le virage du Bureau de tabac, le boulevard Albert 1er et Saint-Dévote. Dans ce fameux virage n°1, les autorités de l'ACM envisagent par ailleurs de remplacer les piles de pneus par du Techpro. Pour deux raisons : une réparation plus rapide et un léger gain d'espace que les habitués de l'endroit sentiront sûrement.

De la même façon, les compétiteurs apprécieront d'accéder plus rapidement à la piste grâce à la suppression d'une jardinière en bordure droite de la pite lane, ce qui nécessitait un accord du Prince, Albert 1er. Et c'est là encore loin d'être un changement cosmétique. "Cela va nous permettre de supprimer trois arbres, mais nous en replanteront six ailleurs", signale M. Ferry. Voilà les écologistes rassurés. "Ainsi, les pilotes auront un angle plus ouvert pour manœuvrer et reprendre la piste bien plus vite qu'avant. Le DRS et le KERS a créé cette année un différentiel de vitesse plus important par rapport aux voitures sortant des stands et ça nous préoccupaient."