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Grand Prix de Monaco | Ferrari | "On aura un Charles Leclerc avant et après Monaco"
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Publié 26/05/2024 à 20:40 GMT+2
Charles Leclerc a décroché une victoire aux allures de libération, dimanche dans les rues de Monaco, où seuls les plus grands ont triomphé. Pour le patron de la Scuderia Ferrari, Frédéric Vasseur, ce poids qui disparaît des épaules du Monégasque au bout d'un week-end de rêve va lui donner une confiance décuplée. Et le rapprocher de l'objectif suprême.
Fred Vasseur et Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Monaco 2024
Crédit: Getty Images
La présence de Fred Vasseur pour recevoir le trophée de vainqueur du constructeur témoigne de la puissance émotionnelle de cette victoire de Charles Leclerc en Principauté. A laquelle le prince Albert II, en larmes, ne résiste pas non plus. Sur ce podium jamais foulé, le héros enfin consacré s'est drapé dans les couleurs monégasques, un symbole national auquel le protocole de la FIA est d'habitude plutôt réticent. Mais les sourires, les regards admiratifs jusque chez les concurrents, renvoient comme un miroir le bonheur des hommes de la Scuderia ; la magie opère et personne n'a envie de gâcher ce dimanche après-midi historique pour la Formule 1 et la Principauté. Même si la course a été une procession déprimante de 78 tours.
Louis Chiron, héros princier des années 50, a donné son nom au esse de la piscine, et la grande histoire, si elle n'est pas ingrate, accordera ses faveurs un jour à Charles Leclerc.
"Charles a été magique du premier au dernier virage du week-end, parce qu'il a survolé toutes les séances d'essais", a souligné Frédéric Vasseur, le directeur d'équipe de Ferrari, sur le plateau de Canal+. Après tant de revers, son pilote était prêt à planer sur l'épreuve comme seul les futurs vainqueurs le font. C'est la clé du succès à Monaco : du début à la fin du week-end, il faut respecter ce labyrinthe de métal sous peine d'être brutalement rappelé à l'ordre, prendre possession du circuit progressivement sans jamais trop en faire. "Charlot" a été dans la zone pendant trois jours.
Spa, Monza et maintenant Monaco
"C'était un moment important pour Charles : il a eu quelques années difficiles à Monaco, a rappelé le Français, son premier patron en F1, en 2018 chez Sauber. On aura un Charles avant et après Monaco, ça va lui donner une confiance énorme. Je pense qu'il avait besoin de ça." Le patron de la Scuderia attendait de voir ce verrou domestique sauter, et son constat est sans appel au soir de ce triomphe : son champion s'en trouvera changé, à jamais.
L'euphorie du moment n'y est pour rien, le bosse de Maranello sait juste de quoi il parle. Cet objectif atteint le porte désormais vers le plus grand de tous. Le temps fera juste son œuvre. Charles Leclerc n'est plus le roi des occasions manquées, l'éternel espoir doublé par des plus opportunistes, des rivaux qui font fi des scrupules. Il est un champion du monde en construction. La SF24 a profité d'une RB20 en souffrance sur les bosses du serpentin de la Riviera et la suite sera peut-être un douloureux retour à la réalité - peut-être dès le Grand Prix du Canada - mais des traces atypiques comme Singapour créeront d'autres opportunités.
Changement de moteur avant la qualification
C'est une certitude : le vice-champion du monde 2022 n'a plus qu'une marche à franchir et ce n'est juste qu'une question de temps et de matériel. Car il a enfin montré cette solidité mentale, cette sérénité qui paraissaient parfois lui manquer. Ce statut de patron dont il avait fait preuve ailleurs, sur des circuits de seigneurs comme Spa et Monza, théâtres de ses deux premières victoires en 2019, mais qui ne passait pas le crash-test monégasque. Il restait aussi sur 12 pole positions sans victoire, et l'évocation même de cette statistique terrible lui pesait. L'énervait pour tout dire.
Tout ça est terminé. Charles Leclerc a surmonté ces écueils, les ennuis ont glissé sur lui même si les Rouges ont cru les voir resurgir samedi à mi-journée, lorsqu'il a fallu installer un nouveau moteur dans sa "rossa". Une decision prise "à la toute dernière minute", a-t-il rapporté, ce qui l'a rendu "un peu tendu" avant la qualification. "Vous abordez la qualification en sachant que vous avez tout à perdre, et que si vous ne faites pas la pole position, vous avez l'air complètement stupide", a-t-il déclaré rétrospectivement, à motorsport.com. En révélant ce changement seulement
Et puis, il y a eu l'histoire du morceau de plastique coincé dans son aileron avant, dès le premier run. "Même quand on a eu un moment difficile en Q1, quand on a pris le sac plastique dans l'avant, il ne s'est pas destabilisé, a souligné Fred Vasseur, dimanche, sur Canal+. C'était presque lui qui était le plus calme. Depuis le début du week-end, il était beaucoup plus calme que l'année dernière. Il a fait un job fantastique."
Les larmes aux yeux à deux tours de la fin
Jenson Button a recueilli ses impressions à chaud du vainqueur, à l'arrivée. Une sorte de clin d'oeil : l'Anglais a vu son destin doré le fuir pendant neuf saisons avant de tout mettre dans l'ordre dès qu'il a eu la voiture capable de le porter au firmament, chez Brawn.
Charles Leclerc va capitaliser sur ce triomphe princier qui fait les rois. "Avec tout ce qui s'est passé ces dernières années, en étant deux fois en pole, en ayant rate deux fois la victoire pour une raison ou une autre, c'était super compliqué à accepter, a-t-il avoué, au micro de Canal+. La troisième c'est la bonne et ça fait tellement du bien ! Il y a eu très peu de moment dans ma carrière - voire jamais - où j'ai eu du mal à gérer mes émotions en course. A deux tours de l'arrivée, je suis sorti du tunnel, je ne voyais rien… j'ai réalisé que j'avais les larmes aux yeux. Il fallait bien sûr que je me concentre car il y avait deux tours à terminer mais il y avait énormement d'émotion."
Il a reçu le drapeau à damier huit secondes avant Oscar Piastri mais il a passé la plus grande partie des 78 tours avec la McLaren n°81 dans sa zone DRS. Sans laisser la moindre opportunité à l'Australien. Charles Leclerc était à tout épreuve ce week-end et ça valait bien de plonger dans le port pour fêter ça. Chez Red Bull, certains vainqueurs ont plongé dans la piscine de l'équipe mais Charles Leclerc voit plus grand.
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