Button s'enfonce

Pour la sixième fois en autant de meetings, Lewis Hamilton a dominé son coéquipier Jenson Button dans l'exercice du sprint, en Principauté. Mais ce qui embarrasse le plus McLaren, c'est le différentiel de performance de ses MP4. Samedi, le champion du monde 2008 a réussi le quatrième temps, alors que son successeur au palmarès a été éliminé en Q2, avec le treizième temps. Si le tourniquet princier ne ressemble aucunement à Montmelo, visité il y a deux semaines, il a tourné de la même façon au cauchemar pour JB.

Tout d'abord, Hamilton a remis les choses en perspective, en expliquant que lui aussi avait connu une journée laborieuse. "J'ai eu une bonne impression tout le week-end, mais cet après-midi a été très éprouvant : ce fut l'une de mes qualifications les plus dures depuis un certain temps, en fait", a-t-il dit. "Et deux super pilotes devant moi (Webber et Rosberg) me rendront la vie encore plus dure en course."

"Je suis par chance l'un des premiers bénéficiaires de la pénalité de Michael [Schumacher], mais nous avons galéré aujourd'hui, spécialement dans les parties très lentes. Il était difficile de faire 'basculer' les pneus (dans la fenêtre de fonctionnement) pour nous donner le grip désiré", a-t-il relaté. "Mais la qualification a quand même été sympa - j'ai adoré - et les pneus et la stratégie peuvent jouer un grand rôle ici. Si je prends un bon départ, d'un coup nous nous battrons pour la victoire", a-t-il conclu, optimiste.

Jenson Button lui a emboîté le pas en racontant son dilemme. "Ici, dans les rues de Monaco, il faut avoir confiance en la voiture et utiliser tout le circuit. Mais dans cette qualif, je n'ai pas trouvé le grip. Je suis assez dans le flou - comme l'équipe - sur l'origine de tout ça. Je n'ai pas commis de faute sur mon tour, je n'étais tout simplement pas le rythme."

Cela fait quand même deux fois de suite qu'il rate la Q3. "Je ne pense pas que ça va être comme ça le reste de la saison", a-t-il néanmoins tranché. "Nous savons qu'à Monaco tout n'est qu'une question de qualification - c'est comme ça - mais je n'avais pas la vitesse cet après-midi. La voiture était bien ce matin et avait l'air rapide, mais je n'ai pu traduire ma performance au moment qui comptait. C'est étrange, car ce n'est qu'à certain moments du week-end ; même ce matin, en Libres 3, l'auto était bien et j'en étais assez content. "J'espère que mon rythme sera meilleure en course, mais c'est compliqué de doubler ici. Les pilotes qui m'entourent seront sur la même stratégie que moi. Ça va être éprouvant..."

"Est-ce que les pneus étaient dans la fenêtre d'exploitation, je n'en sais rien. Mes deux dernières courses ont été difficiles à comprendre", a-t-il encore explosé. "Nous saurons tôt ou tard mais ça va être une rude affaire. Dimanche, il me restera à voir si j'ai un bon rythme en course, ce que je n'avais vraiment pas à Bahreïn ni en Espagne. Si on conduit de façon brouillonne, on détruit ses pneus. Si je le fais moi-même, je les détruis aussi. Mais même (en ce moment) si je pilote avec mon style doux, je les détruis ! C'est peut-être une question de réglages. C'est notre point faible, il faut l'élucider."

Présent aux côtés de ses pilotes, Martin Whitmarsh a pris le risqué d'en dire un peu plus. "Notre voiture est raisonnablement bonne dans les virages très rapides ici, et elle est également assez correcte en termes de traction", a expliqué le directeur d'équipe de McLaren. "Au freinage cependant, nous avons du mal car nous ne transférons pas assez d'énergie dans les pneus. Cela a pour résultat de faire rater de peu la Q3 à Jenson." En de rappeler la fragilité d'un résultat : "Ça reste incroyablement serré : Lewis, par exemple, a perdu 0"1 ou 0"2 à Sainte-Dévote dans son premier run en Q3, mais son second a été en grande partie rythmé. Bilan : il partira troisième."

"C’est une saison extraordinaire. Ce championnat est très inhabituel. Ici, des gars ont créé la surprise en étant rapides, mais pour être honnête ils ne sont pas tellement sûrs de savoir pourquoi. Ça va être lutte tout l'année. Nous aimerions tout comprendre de la voiture, les pneus et le reste, mais ce n'est pas notre cas, ni de personne d'ailleurs. C'est un rude challenge. Ici, un pilote doit avoir confiance en la voiture, les pneus doivent fonctionner avec. Et si ce n'est pas le cas, ça devient un endroit très très effrayant", a-t-il conclu.