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Symonds charge Piquet

Eurosport
ParEurosport

Publié 24/09/2009 à 07:15 GMT+2

Pat Symonds, ex-ingénieur de Renault qui a montré à Nelson Piquet où se crasher à Singapour en 2008, attribue l'idée au Brésilien. Avec des arguments corroborés par la FIA, il justifie aussi l'arrêt prématuré de Fernando Alonso, a priori suspect.

La FIA a rendu public mercredi l'essentiel des pièces du dossier de l'enquête de l'accident volontaire de Nelson Piquet au Grand Prix de Singapour 2008. A la page 141 y figure la déposition écrite envoyée par Pat Symonds au Conseil mondial du Sport automobile de la Fédération internationale de l'automobile, qui a jugé l'affaire en son absence, lundi à Paris. Le technicien de 56 ans, révoqué de ses fonctions de directeur de l'Ingénierie de Renault F1, porte sur Nelson Angelo Piquet, ancien pilote de la marque, l'entièrement responsabilité de l'idée même du complot. Et dit ses regrets de n'avoir pas su écarter ce stratagème désastreux pour sa réputation, et plus encore celle de l'équipe.
"Premièrement, il m'apparaît que dans toutes les déclarations et communications extérieures que j'ai lues, il manque un élément clé qui est que le fait que l'idée même de l'incident a été entièrement fomentée par Nelson Piquet Jr. C'est lui qui en premier m'a présenté l'idée. A ce moment là, j'ai naïvement cru que c'était quelque chose qu'il voulait faire pour le bien de l'équipe. Je n'étais pas au courant de l'avancée de ses négociations contractuelles (ndlr : pour poursuivre la collaboration en 2009 car il devait compter 40% du total de points de Fernando Alonso à un moment de la saison pour garder sa place jusqu'au terme du championnat) bien que, rétrospectivement, je considère à présent qu'il a cru que son action aurait un effet favorable sur ces négociations", explique le Britannique qui a été suspendu de toute activité dans le sport automobile pour cinq ans.
"La stratégie employée n'avait rien d'inhabituel"
Pat Symonds poursuit en insistant sur le fait que la stratégie de Fernando Alonso de partir avec les pneus les plus tendres (ndlr : qui posaient des problèmes d'usure prématurée à Renault) pour opérer trois arrêts en partant de la 15e place (ndlr : le premier a été avancé au 12e tour alors qu'il devait intervenir au 14e), qui plus est sur un circuit en ville, n'avait rien de suspect. "Je voudrais contrecarrer cette idée en disant que ce n'était pas une stratégie inhabituelle mais plutôt une stratégie originale" , expose l'Anglais. "Il faut se rappeler que notre voiture avait été remplie pour 14 tours (23% de la distance). Le seul autre compétiteur à partir avec les pneus les plus tendres (ndlr : Nakajima) a ravitaillé au 15e tour bien qu'il soit parti six crans plus haut sur la grille. De surcroît, on m'a crédité dans ma carrière d'avoir été le premier à employer beaucoup de ces stratégies jugées aujourd'hui classiques.
Nous avions tous vu auparavant l'effet de la dégradation extrême des pneus &lsquotrès tendre' au Canada en 2007 et je suis sûr que tout le monde se souvient de l'image de Sato dans sa Super Aguri faire l'extérieur à la McLaren du champion du monde (ndlr : Lewis Hamilton) en raison du différentiel de performance pneumatique. J'étais déterminé à ce que cette erreur ne se reproduise pas, qui plus est sur un circuit en ville (sur lequel par ailleurs nous ne savions rien) et j'ai donc vu peu d'intérêt à faire un relais long. La stratégie employée n'avait rien d'inhabituel et nous en avions vu un exemple extrême en Australie en 2008 (où les problèmes de pneus étaient identiques) quand Hamilton, partant du fond de grille avec les pneus les plus tendres, avait stoppé après seulement 11 tours sur les 58 de la course (19% de la distance)."
Singapour 2008 aurait pu être un replay de Monaco 2006
Par cet exposé, Symonds exclut le pilote espagnol du complot. La FIA conclut également de la sorte page 94, après avoir épluché les fichiers fournis par l'écurie. A un stade précoce du week-end, Renault avait imaginé trois pit stops pour le double champion du monde (ndlr : aux 14e, 32 e 49e tour), alors même que l'idée du crash ne circulait pas encore dans les esprits.
"Enfin, et c'est le plus important, je voudrais parler de la sécurité", ajoute Pat Symonds. Ce soir-là, à Singapour, Nelson Piquet Jr avait l'entier contrôle de son destin. Lui seul était dans la voiture et lui seul pouvait déterminer l'issue des événements. "Je n'ai évidemment pas discuté avec lui des détails quant à la façon de parvenir à l'accident et je n'insinue pas que j'ai imaginé qu'il serait similaire à celui perpétré par Michael Schumacher lors de la qualification du Grand Prix de Monaco 2006 mais de la même manière je ne m'attendais pas à ce qu'il agisse de façon aussi imprudente" , conclut Symonds.
"Mon regret et ma honte éternels"
A Monaco, le pilote allemand avait garé sa Ferrari au virage La Rascasse feignant de ne pouvoir tourner, afin de protéger sa pole position via une neutralisation dans les dernières secondes de la Q3. La télémétrie avait révélé la tricherie et le septuple champion du monde avait été relégué en dernière ligne. Symonds veut par là rappeler que l'épisode de Singapour 2008 n'est pas le premier du genre, dans l'esprit. Et que si Piquet avait lui aussi stoppé habillement sa voiture en plein piste, après un tête-à-queue (répété dans le tour de formation), il n'aurait finalement fait que dupliquer l'action de "Schumi".
Symonds achève sa déposition en écrivant : "Je voudrais reconnaître mon rôle dans cet incident. J'étais celui qui, lorsque l'idée m'a été pour la première fois suggérée par Nelson Piquet Jr, du la refouler immédiatement. C'est mon regret et ma honte éternels d'avoir fait ça. Je peux seulement dire que je l'ai fait par ma dévotion aveugle envers mon équipe et non pour mon bénéfice personnel."
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