C'est parti !

Voila douze ans que la "vielle" Europe attendait ça. Après une décennie d'infidélité en passant par les neiges de Nagano en 1998 à celles de Salt Lake City en 2002, la flamme olympique a fait son retour sur le vieux continent. Et si Turin n'était pas encore en fière ces derniers jours, la cérémonie a ouvert de belle manière les XXe jeux Olympiques d'hiver. Les petits soucis dus aux derniers coups de pelle tardifs ont vite été oubliés.

Car pour la première fois depuis Cortina d'Ampezzo, les Italiens ont l'honneur d'organiser les Jeux Olympiques. Une absence de quarante ans, qu'ils comptent bien effacer avec deux semaines palpitantes. Et après s'être concentrés à appeler à la mobilisation nationale, les organisateurs transalpins ont enfin pu savourer.

Rebaptisé Stade olympique pour l'occasion, le Stadio communale, jadis théâtre des exploits de Michel Platini, a réservé son lot de surprises et d'émotions. Placée sous le signe de la passion, la cérémonie d'ouverture a accordé une grande place à l'évocation de la culture et de l'art italien. Et après les "trois coups" donnés par le gymnaste italien, Yuri Chechi, ancien champion olympique, le spectacle a enthousiasmé les 35 000 spectateurs.

Conçu par un groupe dirigé par le producteur Marco Balich, le show a mêlé, comme toujours, des moments de création avec des parties strictement protocolaires et très codifiées. Et après un hommage rendu aux sept pays alpins (Allemagne, Autriche, Italie, France, Liechtenstien, Slovénie et Suisse) avec des danseurs déguisés en sapins, la présence de drapeaux représentant tous les athlètes est venue démontrer que les Jeux ne connaissent plus de frontière.

Au milieu de cette féérie, le défilé des 80 délégations a ensuite commencé. Selon la tradition, les pays sont apparus dans l'ordre alphabétique sauf la Grèce qui a débuté et l'Italie qui a fermé la marche. Et le porte-drapeau tricolore, Bruno Mingeon, a eu l'immense honneur de conduire l'équipe de France. Le bobeur est apparu très fier et particulièrement ému.

Une fois les 2500 athlètes installés au milieu du stade, la cérémonie pouvait reprendre son court avec des tableaux sur l'histoire de l'Italie et le futur. Jacques Rogge a ensuite fait son apparition pour le traditionnel discours. Le président du CIO s'est montré très ferme en demandant aux athlètes de "donner de l'éclat à ses Jeux par leurs comportements." "Veuillez concourir dans un esprit de fair-play, de compréhension mutuelle et de respect, et surtout, participez loyalement", a-t-il ajouté. Une allusion franche sur les problèmes de dopage qui gangrènent le sport de haut niveau.

Histoire d'adoucir l'atmosphère, deux touches plus glamours sont venues agrémentér le spectacle. Carla Bruni, Piémontaise d'origine et habillée par le couturier Giorgio Armani, a remis le drapeau italien à des carabiniers qui l'ont hissé au son de l'hymne national chanté par une enfant de 9 ans. Et le mannequin tchèque Eva Herzigova, résidente turinoise, a incarné la Venus de Botticelli après une représentation de la Divine Comédie de Dante.

En point d'orgue de la cérémonie, l'honneur d'embraser la vasque olympique est revenu à la fondeuse italienne Stefania Belmondo, athlète la plus titrée de l'histoire des JO d'hiver avec 10 médailles. Alberto Tomba n'a dû "se contenter" que d'un relais. De son côté, le skieur alpin de la "squadra azzurra" Giorgo Rocca a eu le privilège de lire le serment des athlètes. Et après 2h30 de cérémonie, le ténor Luciano Pavarotti, a clôturé la cérémonie par son interprétation de "All'alba vincerò". Un finale grandiloquent avant de laisser la place aux athlètes engagés pour quinze jours qui s'annoncent passionnants.