Cielo à fleur de peau

Entre émotion et relâchement, il n'avait qu'un pas. Vainqueur de son premier titre mondial de cette édition dans la piscine de Shanghai, Cesar Cielo a laissé couler de chaudes larmes après sa victoire sur le 50m papillon. Les Australiens Matthew Targett, déjà deuxième en 2009 à Rome, et Geoff Huegill, 3e, n'ont pas empêché le sacre du Brésilien, déjà champion du monde du 50m et 100m libre en 2009, tout comme les Français Frédérick Bousquet et Florent Manaudou, respectivement aux 4e et 5e places. Cielo a explosé de joie après avoir touché victorieusement le mur avant de s'effondrer en larmes, incapable de quitter le bassin pendant plusieurs minutes.

Ce succès a des airs de revanche pour celui qui n'a été autorisé à nager dans ces Mondiaux que quelques heures avant leur ouverture, malgré un contrôlé positif au mois de mai à un diurétique, le furosémide, produit formellement interdit dans l'agence mondiale antidopage. "Je me sens comme béni des Dieux", a déclaré le Brésilien, qui succède au Serbe Milorad Cavic au palmarès. "C'est une page qui se tourne aujourd'hui. Maintenant je regarde seulement vers l'avenir." Un avenir qui a été bien éclairci par le Tribunal arbitral du sport qui a décidé de ne pas le suspendre, confirmant seulement l'avertissement qu'il avait reçu de la part de la Fédération brésilienne. "Je suis encore debout et je suis très fier de moi pour ça. Je suis très heureux d'être ici, parmi les meilleurs nageurs du monde."

Ce déversement d'émotions, habituel chez Cielo à la sensibilité à fleur de peau, a été diversement apprécié. Quelques sifflets sont tombés de la tribune des athlètes, comme lors de la remise des médailles, où le Brésilien a encore écrasé quelques larmes. Si le public a quand même applaudi la victoire du Brésilien, le Kenyan Jason Dunford, 7e de l'épreuve, a ostensiblement tourné ses deux pouces vers le bas en direction de Cielo pour illustrer son mécontentement. "Si chacun commence à y mettre son petit mot négatif, "il ne devrait pas être là, il n'aurait pas dû gagner...", on ne s'en sort plus. Cela va faire comme les cartons jaunes en foot et on ne va pas arrêter de discuter. Ça ne sert à rien, la décision est prise. Il gagne en plus", a commenté Frédérick Bousquet, quatrième de la finale et partenaire d'entraînement de longue date de Cielo à Auburn aux Etats-Unis.

"Je n'ai pas entendu les sifflets, a affirmé Cielo. Honnêtement, je pense que ce genre de questions sont plus ennuyeuses que les huées. Cela a été difficile ces derniers temps, alors je suis content d'être là et de nager.Je suis très content de pouvoir réussir des performances et de me préparer pour la prochaine course. Cette médaille d'or est différente des autres. C'était la plus dure à obtenir de ma vie. Cela a été une période difficile, qui m'a permis de tester non seulement mon talent de nageur, mais ma capacité à endurer les attaques." "Peu importe si la décision est juste ou injuste, relativise Bousquet, avec ce qu'il vient de traverser, être là et surmonter toutes ces épreuves, c'est fort."