Tombeur de Federer, Monfils arrive à s'étonner lui-même

C'est une statistique passée un peu inaperçue, mais Gaël Monfils fait mieux que rivaliser avec Roger Federer depuis cinq ans. Si le Français a perdu ses cinq premiers duels avec le champion suisse, de 2010 à aujourd'hui, il a remporté quatre de leurs sept derniers duels. Sans compter qu'il est passé tout près d'en gagner un cinquième, à l'US Open, l'an dernier, puisqu'il avait bénéficié de deux balles de match en quart de finale.

Gaël joue en confiance face à Federer. Ça se sent. C'est un bon "matchup" pour lui. Il l'a encore montré à Monte-Carlo. "Gaël est très compliqué à jouer, a concédé Roger Federer. C'est un sacré joueur! Il a des capacités que les autres n'ont pas physiquement, et aussi la puissance, sur tous les coups, coups droits, revers. Il joue différemment des autres. C'est un véritable défi de le jouer". Et de le battre, aussi, visiblement.

En dehors de sa demi-finale à Rome en 2006, le bilan de Gaël Monfils dans les deux Masters 1000 terriens du mois d'avril est absolument famélique. Il ne s'est de toute façon rendu à Rome que deux fois depuis, sans jamais dépasser le deuxième tour. Quant à Monte-Carlo, il n'avait atteint jusqu'ici que deux fois les huitièmes de finale, en 2008 et 2011. C'est donc la première fois qu'il disputera les quarts de finale.

Il n'y avait gagné que quatre matches en huit participations. Il doublera ce total s'il bat Dimitrov vendredi. "Oui forcément, comme vous je suis un peu surpris, a-t-il répondu aux journalistes après sa victoire contre Federer. Ce n'est pas une période où je joue normalement un grand tennis." Euphémisme.

Après Federer, baby Federer. Grigor Dimitrov sera sur la route de Gaël Monfils vendredi. Lui aussi a dominé un Suisse en la personne du tenant du titre Stan Wawrinka. "Contre Grigor, ce sera très compliqué, redoute Monfils. C'est quelqu'un qui aime bien bousculer son adversaire. Il joue bien en étant en pleine confiance. Il a fait un gros match contre Stan. Il a de grosses armes."

A noter qu'à Flushing en septembre dernier, le Français avait sorti Dimitrov en huitièmes avant de défier Federer en quarts. C'est l'inverse qui lui est donc proposé cette fois. "On le compare à Federer parce qu'il a un peu la même technique, ajoute Monfils. C'est un bel éloge pour lui mais je pense qu'il préfère quand on l'appelle tout simplement Dimitrov. Et puis, Federer, il n'y en a qu'un."

Gaël Monfils a axé sa préparation de nature à atteindre son pic de forme pour Roland-Garros, dans six semaines. D'où son étonnement d'être aussi performant cette semaine à Monte-Carlo. Pour autant, cette précocité ne l'affole pas. "Même si je joue très bien en ce moment, j'ai envie d'espérer que je peux jouer encore mieux dans six semaines, a-t-il relativisé jeudi. J'espère me sentir mieux physiquement, être capable de frapper un poil plus fort et être beaucoup plus constant."

A raison, il a également rappelé qu'être performant sur deux sets et deux heures est une chose, tenir la distance sur une quinzaine au meilleur des cinq manches en est une autre : "Il faut être capable de faire ça sur cinq sets. Je suis loin d'être prêt. Je le suis pour des matches en deux sets mais la préparation est encore longue." Tout va bien, donc.