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L'œil de Rio : Tant qu'il y aura des Nadal...

Laurent Vergne

Mis à jour 14/08/2016 à 12:25 GMT+2

JO RIO 2016 – Quoi, du tennis, encore ? Oui, Laurent Vergne revient dimanche sur la semaine olympique de Rafael Nadal. Consacré en double avec Marc Lopez, l'Espagnol s'est incliné samedi en demi-finale contre Juan Martin Del Potro. Qu'importe, il a été formidable.

Rafael Nadal

Crédit: Panoramic

Cela fait des jours que j'ai envie de parler de Rafael Nadal. Samedi devait en être l'occasion mais il m'a été impossible de ne pas revenir sur l'exceptionnel vendredi bleu, blanc, rouge, doré et argenté. Cette fois, c'est donc la bonne. Paradoxalement, c'est dans le sillage d'une défaite que je m'y colle enfin. Samedi soir, Nadal s'est incliné en demi-finale du simple messieurs face à Juan Martin Del Potro.
Ceux qui ont été fidèles à cette rubrique depuis le début des Jeux savent que je ne peux pas être malheureux de la qualification de Juan Martin Del Potro pour la finale. L'Argentin est, tous sports confondus, une des très belles histoires de ces Jeux de Rio et, même si tout converge vers une victoire d'Andy Murray (il est beaucoup plus frais, la finale est au meilleur des cinq sets et il est en pleine confiance après avoir égalé la meilleure série de victoires de sa carrière), je veux croire, en dépit de toute logique, que ce qui portera JMDP dimanche peut être plus fort que sa fatigue, et même que Murray. Nous verrons bien.

Nadal n'avait pas besoin des Jeux, il en avait envie

Mais revenons à notre mouton espagnol. L'autre très grand coup de cœur de ce tournoi de tennis olympique masculin. Au passage, du retour d'Hingis au possible 5e sacre de Venus Williams en passant par celui de Monica Puig, cette semaine aura offert son lot de "feel good". A titre personnel, la dernière fois que j'avais vu Rafael Nadal, c'était un vendredi de la fin mai du côté de la Porte d'Auteuil. En plein Roland-Garros, il y avait annoncé son retrait du tournoi. Depuis, nada. Plus de Roland, donc, pas davantage de Wimbledon et pas un match pendant plus de deux mois. In extremis, il est revenu à temps pour participer aux Jeux de Rio.
Avant le coup d'envoi de la compétition à proprement parler, Rafel Nadal m'inspirait deux choses. La première, c'est qu'il avait déjà réussi ses Jeux avant même de frapper la moindre balle. Quand je l'ai vu au Maracana, drapeau espagnol dans la main, tous derrière et lui devant, sourire d'enfant et œil pétillant, j'ai compris que, quoi qu'il advienne ensuite, il avait bien fait de venir. Personne, ce soir-là, n'a mieux incarné l'esprit olympique que Rafael Nadal.
Il y a bien sûr eu d'autres porte-drapeaux marquants dans cette cérémonie, comme Phelps ou Riner, eux aussi à l'air émerveillés malgré leur immense carrière. La différence, c'est que le nageur américain et le judoka français vivent essentiellement à travers le prisme olympique. Pas Nadal. Oui, il a été médaillé d'or en 2008, mais sa carrière, sa gloire, sa légende et sa fortune, à tous les sens du terme, se sont bâtis ailleurs. D'une certaine manière, Nadal n'a pas besoin des Jeux Olympiques. Mais il en avait envie, et c'est plus fort encore. On pourrait dire qu'il y a là un plaisir purement désintéressé de sa part.
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Rafael Nadal et Marc Lopez aux JO de Rio

Crédit: AFP

La leçon nadalienne

L'autre élément que j'avais en tête le concernant, c'est qu'il aurait du mal à briller sportivement parlant. Sans compétition, sans repère, avec un minimum d'entrainement si j'en crois ses dires, ça ne sentait pas bon. Je pensais qu'il était surtout venu pour profiter de la fête, de la cérémonie, et pour jouir de la fierté d'être le porte-drapeau de son pays. Si j'avais eu raison, c'eut été de toute façon très louable. Sauf que je me trompais complètement. A vrai dire, je m'en veux. Comment, après 11 années de nadalisme, peut-on encore sérieusement douter d'un tel compétiteur ? Pan sur ton bec, Vergne.
Est-ce l'air carioca, la magie de l'Olympe ou avait-il tout simplement mieux préparé son affaire qu'il avait voulu le faire croire ? Peu importe. Le résultat, c'est une médaille d'or en double, et, peut-être, une en bronze en simple s'il bat Kei Nishikori dimanche. Un bilan remarquable, potentiellement exceptionnel. Pour être très honnête, j'aurais beaucoup aimé le voir en or dimanche. Mais le seul qui revienne de plus loin que lui se nomme Juan Martin Del Potro et, si la vie peut souvent être chienne, elle sait aussi rendre un peu, de temps à autre, à ceux qui donnent tant. Alors, bravo Del Po, et merci Rafa.
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Rafael Nadal

Crédit: AFP

Certains, même s'ils se comptent en nombre sans cesse plus réduit, pensent encore que le tennis n'a rien à faire aux JO. Je pense plus simplement que certains joueurs n'ont rien à y faire. Ils l'ont "brillamment" démontré cette semaine et malheureusement pour nous, ils étaient français. Tant pis pour eux. S'ils sont au-dessus de ce type d'émotions, laissons-les à leur tristesse. La leçon nadalienne, celle de Del Potro, c'est que, pour peu que l'on donne de sa personne, qu'on pose ses tripes sur le court et son cœur dans la raquette, faisant fi de l'absence de gains comptables, qu'ils fussent en dollars ou points ATP, bref, qu'on respecte cet évènement hors normes, il est possible de vivre et de faire vivre de grandes choses aux JO. Je ne sais pas vous, mais moi, tant qu'il y aura des Nadal, j'aimerai le tennis, les Jeux Olympiques, et le tennis aux Jeux Olympiques.
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