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Maintenant, Novak Djokovic peut tous les regarder dans les yeux

Laurent Vergne

Mis à jour 06/06/2016 à 00:20 GMT+2

ROLAND-GARROS - Novak Djokovic a enfin gagné Roland-Garros. Une quête de plus d'une décennie et de nombreuses frustrations avant la libération. Le Serbe, en comblant le dernier trou majeur à son éloquent palmarès, se hisse un peu plus haut dans l'histoire de son sport. Il fait pour de bon partie des géants et il devient de plus en plus dur de lui chercher des poux dans la tête...

Novak Djokovic

Crédit: Panoramic

L'histoire du jour

L'histoire du jour ? L'histoire tout court, oui. Si l'histoire du sport était un marathon, on pourrait dire que Novak Djokovic a avancé d'un seul coup d'une bonne dizaine de kilomètres. Il y a des victoires qui pèsent plus que d'autres en la matière. Pour Nole, ce premier Roland-Garros possède un impact supérieur à un cinquième ou sixième Australian Open. Passer de zéro à un, cela change davantage la donne que de passer de trois à quatre, ou même de cinq à six.
Jusqu'à dimanche matin, quand certains me demandaient où je situais Novak Djokovic dans la hiérarchie historique du tennis, je répondais toujours la même chose : tant qu'il n'aura pas gagné tous les tournois du Grand Chelem, il sera difficile pour moi de le mettre à la hauteur d'un Federer ou d'un Nadal. Comprenez bien, sa carrière était déjà exceptionnelle. Et il n'est pas nécessaire d'avoir fait le Grand Chelem en carrière pour laisser une trace indélébile dans l'histoire du tennis, cf. Borg, McEnroe, Connors ou Sampras, pour ne citer qu'eux. Mais il y avait un mais. Un manque. Un trou. Dimanche, Djokovic a comblé le manque et bouché le trou.
Pas question ici de lancer un débat pour savoir qui le plus grand de tous. Mohamed Ali m'a suffi pour le week-end. En revanche, il apparait clairement que l'actuel numéro un mondial appartient dé-fi-ni-ti-ve-ment à ce cercle. Vous pourrez me parler de manque d'aura, de style de jeu, de personnalité, tout ce que vous voudrez, mais ce sont là des appréciations subjectives. Il en existe autant que d'êtres humains. Les faits, eux, installent Djokovic dans une galaxie où les étoiles se comptent sur les doigts d'une main et demie. Pas davantage...
Et le fait d'aligner ces quatre titres du Grand Chelem, ce que personne n'avait accompli depuis la fin des années 60 ne fait qu'ajouter à sa dimension. Trois joueurs ont été tenants du titre des quatre majeurs simultanément depuis la création du plus récent, Roland-Garros, en 1925. Trois, dont Djokovic. Dites-moi que ce n'est pas le "vrai" Grand Chelem, ce qui est incontestable, mais cela reste une performance monumentale. Djokovic pourrait s'arrêter là et regarder l'Histoire de son sport dans les yeux. Regarder Laver, Federer, Nadal, Rosewall, Budge, Agassi et tous les autres dans les yeux. Sans les regarder de haut, mais sans avoir besoin de lever la tête non plus.
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Un set pour se mettre en jambes et, ensuite, Djokovic était partout : le résumé de la finale

On a aimé

Le symbolique retour du soleil. Au moment opportun. Il y a des clins d'oeil, comme ça, qui contribuent à la petite histoire. En retraçant la carrière de Mohamed Ali, j'évoquais samedi l'orage dantesque qui s'était abattu sur Kinshasa une poignée de minutes après le K.O. infligé par Ali à George Foreman. Trois minutes plus tard et ce combat n'allait pas au bout. Dimanche, ce n'est pas le tonnerre et la pluie, mais le soleil, qui a pointé le bout de son nez sur Roland-Garros. On ne l'avait pas vu depuis neuf jours. Neuf jours de grisaille absolue. Un ciel oppressant. Et là, presque comme par magie, sitôt la balle de match terminée, le soleil a enfin déchiqueté cette couche de nuages. Il était temps. C'était moins une. Mais il n'y avait pas de meilleur timing.
Puisqu'on parle de soleil, il y a eu deux superbes rayons bleus dimanche. Kiki Mladenovic et Caroline Garcia ont vécu un vrai beau moment sur le Chatrier en remportant le double dames. Et Geoffrey Blancaneaux peut en dire autant après son titre en juniors, après une bien belle finale contre Félix Auger Aliassime. Au passage, ce gamin-là, venu du Québec, qui n'a pas encore 16 ans, impressionne déjà. Il a certes perdu dimanche, mais il a deux ans de moins que Blancaneaux et, peut-être, un potentiel supérieur. Mais le jeune Français a affiché un tempérament de champion dans ce tournoi. Sacrée force de caractère.
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Un dernier service de qualité et la paire Mladenovic-Garcia peut laisser exploser sa joie

On n'a pas aimé

Cette finale, dans son ensemble. Un peu à l'image de cette quinzaine, il lui a manqué un soupçon d'âme. Au-delà de sa portée historique, il ne restera pas grand-chose de ce match, avec quatre sets quasiment à sens unique. Djokovic et Murray n'ont jamais accordé leurs violons. Seuls les trois derniers jeux du match ont apporté cette touche de tension et cette vibration si particulière. C'est peu. Au fond, c'est toujours un peu la même histoire entre ces deux-là. La quantité est là. Sept finales de Grand Chelem, c'est énorme. Et pourtant, en qualité pure, aucune ne possède la force et la grandeur des finales inoubliables. Djokovic-Murray, c'est un peu le classique qui n'en est pas vraiment un...

Juste pour savoir

Quelle est la limite de Djokovic ? 15 titres ? 17? 20 ? Aucune limite ?
Andy Murray aura-t-il une autre chance de gagner Roland-Garros ?
Dans un an, dans cinq ans, dans dix ans, y a-t-il un match de cette édition 2016 que l'on aura, spontanément, envie de revoir ? A chaud, aucun ne me vient à l'esprit.
Mladenovic-Garcia, ça sent la médaille à Rio, non ?

Trois stats à retenir

20. Andy Murray jouait dimanche sa 10e finale de Grand Chelem. Il n'en a gagné que deux. Soit 20%. 24 joueurs ont disputé au moins 10 finales majeures dans l'histoire du tennis et l'Ecossais possède le plus faible ratio de victoires avec ses 20%. Il est suivi par Bill Johnston, 30% (3 sur 10). Voilà ce qui arrive quand on doit se farcir Federer et Djokovic, les deux seuls bourreaux de Muzz en finale majeure...
24. Dans le maelstrom historique de ce dimanche, entre Grand Chelem en carrière, Grand Chelem sur deux ans et premier sacre à Paris, un autre accomplissement est passé un peu plus inaperçu. Il mérite pourtant de s'y attarder : Novak Djokovic est le premier joueur depuis Jim Courier en 1992 à réussir le doublé Open d'Australie - Roland-Garros. Pour la première fois depuis 24 ans, le Grand Chelem est donc encore envisageable à mi-saison.
69. Le pourcentage de réussite de Novak Djokovic sur sa seconde balle lors des trois derniers sets de la finale. Il n'était qu'à 25% lors de la première manche mais, par la suite, il a été tout simplement exceptionnel sur sa mise en jeu. Du coup, à l'exception du premier jeu où il a servi pour le match, le Serbe n'a jamais laissé d'ouverture à Murray.
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