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Nadal a-t-il la tête d'un favori à Wimbledon ?

Laurent Vergne

Mis à jour 03/07/2017 à 12:33 GMT+2

WIMBLEDON – Homme fort de cette première moitié de saison, solide sur dur et irrésistible sur terre battue, Rafael Nadal fait presque naturellement partie des prétendants au titre à Londres. Sauf que son bilan sur herbe - et particulièrement à Wimbledon ces dernières années - n'incite pas à l'optimisme.

Rafael Nadal

Crédit: Getty Images

Commençons par un petit quiz. Quel est le point commun entre 2008, 2010 et 2017, concernant Rafael Nadal ? Ce sont les trois années où le Majorquin a triomphé à Roland-Garros sans perdre le moindre set. Ses deux premières balades parisiennes avaient débouché sur ses deux seuls titres à Wimbledon à ce jour. Oui, quand Nadal dézingue tout sur son passage Porte d'Auteuil, il triomphe dans la foulée sur le gazon londonien. Est-ce à dire qu'il faut s'attendre à le voir soulever la coupe sur le Centre court du All England Club le 16 juillet prochain ? Pas si vite.
Par un curieux paradoxe, il parait aussi audacieux d'écarter Nadal de la liste des prétendants au titre à Wimbledon que de l'envisager avec un troisième sacre sous le bras. Le tout étant de savoir si le poids des six derniers mois, qui incitent à pencher vers la seconde option, sera plus fort que celui des cinq dernières années, lesquelles tendent clairement à envisager la première hypothèse. Car Rafa et le gazon, depuis maintenant un bon bout de temps, ça fait deux. Voire un peu plus.
De 2006 à 2011, le bilan londonien du décuple vainqueur de Roland-Garros est effarant de constance : finale en 2006, 2007 et 2011, victoires en 2008 et 2010. Cinq finales en cinq éditions, puisqu'il était absent pour blessure en 2009. Mais depuis sa finale perdue en 2011 contre Novak Djokovic, Nadal n'a plus jamais retrouvé sa grinta verte. "Mes genoux m'ont beaucoup limité sur gazon ces dernières années", a-t-il exPliqué le week-end dernier.
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Wimbledon 2017, Rafael Nadal (Getty Images)

Crédit: Getty Images

L'exception gazon

Depuis que ses genoux se sont mis à grincer plus fort que jamais à l'été 2012, il est effectivement devenu un personnage mineur du roman anglais : battu au 2e tour en 2012 et 2015, et même au 1er en 2013, il avait atteint les huitièmes de finale en 2014, son meilleur résultat sur la période. Il a donc perdu quatre fois avant les quarts depuis 2011, soit deux fois plus qu'au cumul des trois autres tournois du Grand Chelem sur la même période, qui plus est face à quatre joueurs classés à partir de la 100e place au moment où il les a affrontés.
Il existe donc incontestablement une "exception gazon" pour Rafael Nadal, vainqueur d’un seul tournoi sur la surface en sept ans, à Stuttgart, en 2015. Pour lui, gagner à Wimbledon constitue sans doute le défi le plus complexe à ce stade de sa carrière. D'autant qu'après avoir zappé le Queen's, il va débarquer à Londres sans avoir joué le moindre match officiel sur herbe en deux ans. "C'est un handicap, admet-il, surtout qu'avant cela, je n'avais pas très bien joué sur herbe. Par rapport à un joueur qui a des références et des résultats tous les ans, ça ne facilite pas les choses."
Mais il ne regrette pas d'avoir renoncé à jouer un tournoi de préparation. "Je lui aurais conseillé de prendre la même décision de toute façon, a déclaré au site d'infos El Espanol son entraîneur, Carlos Moya. Ce qui nous a incité à renoncer au Queen's, c'est qu'à Majorque, il avait des courts en gazon à sa disposition pour s'entraîner. Cela a facilité les choses." Certes, rien ne remplace la compétition, mais le jeu n'en valait pas la chandelle après une campagne sur terre brillantissime mais usante. "La saison sur terre est épuisante, plus encore au plan mental, ajoute Moya. Rafa veut toujours jouer, mais il doit écouter son corps. Le plus important, c'est d'arriver à Wimbledon le plus frais possible, physiquement et mentalement."

Ivanisevic : "S'il passe la première semaine, je mise sur lui"

Afin de pallier son manque de matches, Rafael Nadal a pris part à une exhibition, à Hurlingham. Mais il ne s'en cache pas, c'est avec un gros point d'interrogation qu'il va aborder cette édition 2017 de Wimbledon. "Mon niveau actuel sur gazon n'est pas suffisant pour être là où je souhaiterais être avant Wimbledon, concède le numéro 2 mondial. Je manque de temps pour m'adapter. Il sera fondamental pour moi de me sortir des deux premiers matches."
Fragile, Nadal le sera peut-être en début de quinzaine. Mais depuis combien de temps n'avait-il pas livré un tel premier semestre ? Il a de solides arguments à faire valoir. Comme le souligne Toni Nadal à l'agence de presse EFE, "Rafa a progressé à la volée, il frappe plus fort que ces dernières années, ce qui est très important car les échanges durent rarement plus de 4-5 coups et surtout il sert mieux que jamais." S'il sort indemne des premiers tours, son manque de références récentes sur gazon pourrait vite s'éclipser au profit de la confiance accumulé depuis des mois. Tel est le pari du clan Nadal, même si cela demeure un pari.
Cette vision est en tout cas partagée par un ancien vainqueur de Wimbledon. Goran Ivanisevic fait même de Nadal son favori pour le titre. A condition d'esquiver les mines initiales sur son chemin. "Est-ce que Rafa peut être vulnérable en première semaine ? s'interroge le Croate. C'est possible. Mais mentalement, il est très fort. Pour l'heure, il est le meilleur joueur du monde. Tout dépendra aussi du tableau. Mais s'il passe la première semaine, je mise sur lui."
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Wimbledon 2008, l'inoubliable triomphe de Rafael Nadal

Crédit: Imago

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