Un plateau géant

Départ de la pointe du Grouin, près de Saint-Malo, pour Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Soit 3543 milles (6377 km) de navigation. Les spécialistes de la météo prévoient des vents d'est faibles pour le départ, dimanche 31 octobre à 13h02.

1978 : le trimaran de 12 mètres de Mike Birch(Olympus photo) coiffe pour 98 secondes le monocoque de 21 mètres barré par Michel Malinovski (Kriter V). La suprématie des multicoques sur les monocoques est pour la première fois établie dans cette épreuve, qui est le pendant français de la transat anglaise. Disparition en mer d'Alain Colas (Manureva).

1982 : les grands monocoques débarquent en nombre, comme le William Saurin de 27 mètres d'Eugène Riguidel. Marc Pajot(Elf Aquitaine) gagne avec 10 heures d'avance sur Bruno Peyron (Jaz) à la barre d'un bateau dont la poutre centrale est fendue. Mike Birch (Vital) complète le podium.

1986 : disparition en mer de Loïc Caradec, dont le Royale de 26 mètres a chaviré. Les maxi de taille illimitée sont bannis de la course. Démonstration de Philippe Poupon (Fleury-Michon), qui bat Bruno Peyron (Ericsson) de deux jours.

1990 : Florence Arthaud (Groupe Pierre 1er), "petite fiancée de l'Atlantique" de l'édition 1978, écrit l'histoire en bousculant sur son trimaran un petit monde macho. Elle bat de 7 heures le lauréat 1986 et un futur autre grand nom, Laurent Bourgnon (RMO). La limitation des bateaux à 60 pieds s'impose en standard.

1994 : Laurent Bourgnon (Primagaz) arrive en vainqueur, trois heures avant Paul Vatine (Région Haute-Normandie). Les routeurs -conseillés météo à terre - ont pesé sur la course. Sauvetage d'Halvart Mabire, accroché pendant dix heures à l'épave de Cherbourg Technologie.

1998 : Laurent Bourgnon (Primagaz) remet ça. Il reste à ce jour le seul double vainqueur. Alain Gautier (Brocéliande) est 2e. Révélation d'Ellen MacArthur (Kingfisher), victorieuse en monocoque 50 pieds.

2002 : trois maxi ORMA à l'arrivée, les 15 autres ayant été fracassés ou emportés dans la tempête. Michel Desjoyeaux (Géant), tout juste lauréat de son premier Vendée Globe, sort vainqueur du chaos devant Marc Guillemot (Biscuit La Trinitaine) et Lalou Roucayrol (Banque populaire). 2e du Vendée Globe un an peu tôt, Ellen MacArthur (Kingfisher) est consacrée en monocoques 60 pieds IMOCA.

2006 : Lionel Lemonchois (Gitana 11) était sur l"Autouroute du Rhum" : après 7 jours, 17 heures et 19 minutes de mer, un record, il prend tout le monde de court en Guadeloupe où le village d'arrivée n'est pas fini d'être monté. Pascal Bidegorry (Banque populaire) 2e à 9 heures.

85 bateaux au départ, répartis en quatre classes: Ultime (multicoques géant), 60 pieds IMOCA (18,28 mètres), Multi 50 et Classe 40. Création de la classe Rhum pour -notamment- les bateaux historiques.

Classe Ultime
Thomas Coville (Sodebo), Francis Joyon (IDEC), Franck Cammas (Groupama 3), Yann Guichard (Gitana 11), Sidney Gavignet (Oman Air Majan)

Classe 60 pieds
Michel Desjoyeaux (Foncia), Armel Le Cleac'h (Brit Air), Jean-Pierre Dick (Virbas-Paprec), Vincent Riou (PRB), Roland Jourdain (Veolia Environnement), Marc Guillemot (Safran)

Thomas Coville (Sodebo) : "La victoire de Mike Birch devant Michel Malinovski en 1978 a généré des émotions tellement fortes en moi que le multicoque est devenu mon nirvana. J’ai également pleuré pour l’arrivée de Florence Arthaud en 1990 et la victoire de cette femme hors du commun. Toutes les éditions sont belles en résumé. Le 'Rhum', c’est une transatlantique qui touche les gens parce que c’est avant tout une course de « gueule », de gens marquants. A chaque fois, le vainqueur de la Route du Rhum est absolument immaculé. Il est au sommet de son art et la victoire est indiscutable. C’est ça que j’aime dans cette course."

Francis Joyon (IDEC) : "La météo est l'inconnue qui brouille les pistes ; certains voiliers sont plus à l'aise à certaines allures qu'à d'autres. Avec IDEC, je crois disposer d'un trimaran polyvalent. Lutter contre le chronomètre est un aiguillon fort, certes, mais pas aussi puissant que de savoir, à vue ou à son vent, la présence d'un adversaire..."

Franck Cammas (Groupama 3) : "Mon bateau est fait pour naviguer en équipage et on l'a adapté. Ce n'est clairement pas le meilleur bateau pour faire du solitaire, et c'est une incertitude pour moi. C'est un bateau grand, lourd, où tous les efforts sont décuplés car il normalement mené par dix hommes. Je vais certainement perdre beaucoup de temps dans les manœuvres relatives à l'adaptation du plan de voilure. A chaque changement de voile, il faut hisser, enrôler, border plus de 100 kilos… Sur les écoutes, il y aura parfois 15 à 20 tonnes."

Philippe Monnet (La boîte à pizza) : "J'ai un bateau moins rapide et je vais faire une course d'attente pour guetter celui qui va faire la faute. Que dire autrement ? Gitana va très vite mais va-t-il tenir dans le gros temps ? Et puis, Guichard, qui a été préféré à Lemonchois et à Peyron, va devoir montrer qu'il s'adapte bien au large. Groupama va se trouver coincé s'il n'y a pas trop de vent, et faudra voir comment Cammas va se démerder avec tout ce bastringue s'il y a du vent. C'est un sacré pari ! Les autres bateaux (Ultime) sont à la limite plus homogènes."

Michel Desjoyeaux (Foncia) : "On a fait le bateau en six mois - contre huit au précédent - et j'ai quasiment passé les trois deniers mois avant la mise à l'eau à faire du 7 jours sur 7 sur le chantier. Il est tout neuf mais (…) je ne parlerai pas d'innovation car c'est un terme très galvaudé. Je veux être à la hauteur de tout le boulot qui a été fait par mon équipe, et je peux vous dire que je suis prêt à me battre ! L'histoire ne retiendra que le nom du vainqueur. Si ce n'est pas le mien qui sort du chapeau -ce qui est possible - je me demanderais alors pourquoi et comment."