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Chaud devant !

ParPeugeot Sport

Publié 27/05/2005 à 15:00 GMT+2

De Chypre jusqu'en Grèce, en passant par la Turquie, la saison chaude des rallyes bat son plein. Ingénieur attitré de Marcus Gronholm, Francois-Xavier Demaison explique comment Peugeot Sport lutte contre les effets de cette canicule. Entretien.

Les ouvertures sont déjà nombreuses sur une voiture de rallye. Que peut-on faire de plus dans les épreuves les plus chaudes ?
Francois-Xavier Demaison : Les WRC, avec leur moteur turbo notamment, ont déjà, dans l'absolu, besoin de beaucoup d'air. C'est pourquoi, comme ses concurrentes, notre 307WRC de rallye présente une face avant aussi largement ajourée. C'est d'autant plus utile dans les rallyes chauds que le règlement nous interdit d'y ajouter d'autres ouvertures. La seule modification autorisée est l'intégration de prises d'air dans les rétroviseurs. En renfort de l'habituelle petite trappe sur le toit, ces dernières ne sont pas de trop pour refroidir l'habitacle de la voiture, dans lequel les équipages sont soumis à rude épreuve.
De quels autres moyens disposent-ils pour lutter contre la chaleur ?
F-X.D. : Nous collons des films réfléchissants sur les fenêtres latérales afin de limiter l'impact du soleil, et nous avons équipé les 307WRC d'un petit climatiseur, qu'ils utilisent principalement entre les spéciales. Evidemment, les équipements de base, comme les bouteilles de boisson, sont aussi plus généreusement dimensionnés. C'est d'ailleurs la même chose pour la mécanique : nous utilisons, pour le moteur, des radiateurs plus volumineux avec même un élément additionnel supplémentaire, puis, évidemment, des ventilateurs plus gros, eux aussi. On joue également sur la qualité des différents fluides qui sont utilisés pour la lubrification et le fonctionnement des composants hydrauliques. Enfin, on refroidit également un peu plus la direction assistée.
Est-il difficile de loger ces éléments plus imposants sous le capot ?
F-X.D. : Avec les 206 WRC, nous étions à bonne école pour optimiser l'utilisation de toute la place disponible. Forts de cette expérience, nous n'avons pas eu trop de mal avec la 307, qui nous offre un peu plus de liberté de mouvement. C'est plutôt le choix de la taille des composants qu'on utilisera qui est difficile en amont car plusieurs options techniques, qui permettent de lutter contre la chaleur, pénalisent forcément la performance. Plus on utilise d'éléments imposants pour refroidir, plus on pioche dans la puissance disponible pour faire avancer la voiture. D'autre part, le montage d'éléments plus gros dénature la répartition du poids dans l'auto. Il faut donc trouver le meilleur compromis possible. Cette saison, la priorité est le plus souvent donnée à la fiabilité, compte tenu notamment de la nouvelle réglementation qui impose de disputer deux rallyes avec le même moteur.
Dans quelle mesure la puissance des moteurs est-elle affectée par la chaleur ?
F-X.D. : La température d'eau doit absolument rester dans des fourchettes acceptables, pour que le moteur fonctionne dans de bonnes conditions, sans casser. Lorsqu'il fait très chaud, on réduit le 'boost' des turbos au départ, ensuite, les cartographies électroniques qui régissent les paramètres de fonctionnement moteur sont conçues pour ajuster, en cours de route, le régime du turbo en fonction des fluctuations de température.
Quid des composants électroniques ?
F-X.D. : De ce côté là, nous avons connu moins de problèmes que certains de nos concurrents. C'est vrai qu'ils n'aiment pas bien la chaleur. On essaie de les ventiler un peu mieux si possible, mais surtout, avec l'expérience des saisons précédentes, nous nous sommes attachés, dès la conception de la 307WRC, à éviter, autant que faire se pouvait, de placer des capteurs dans des espaces confinés où ils pourraient surchauffer. Ce n'est pas toujours évident, car il faut également tenir compte de la répartition des masses et des endroits stratégiques où ils doivent être situés pour être efficaces. Mais il faut prévoir tout cela au départ, car on ne s'amuse pas ensuite à tout déplacer sous le capot d'un rallye à l'autre.
La chaleur influe-t-elle également sur le comportement des freins ou des amortisseurs ?
F-X.D. : A Chypre, les freins ne refroidissent pas beaucoup à cause des vitesses limitées, mais en même temps, comme on roule moins vite, ils sont moins sollicités. Lorsqu'on aborde des rallyes plus rapides, comme la Turquie ou la Grèce, les écopes d'air font leur office pour dissiper la chaleur : dans les deux cas les efforts sont en adéquation avec les besoins. Pour ce qui concerne les amortisseurs, on peut ramener de l'air sur les bonbonnes de liquide si nécessaire, mais ce n'est même pas toujours le cas. Plus que la température extérieure, c'est plus la fréquence et la violence des sollicitations qu'ils ont à subir qui fait surchauffer les amortisseurs dans ce type de rallye. Heureusement, nous avons la chance de disposer de produits « maison » qui font preuve, chaleur ou pas, d'une belle endurance.
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