Le retour du grand blond

Avec l'or européen sur 400m, Marc Raquil s'est offert une entrée dans les livres d'histoire, en devenant le premier Français champion d'Europe sur la distance. Pierre Stawinski (1934), Jacques Lunis (1946 et 1950) et Jean-Claude Nallet (1969) avaient dû se contenter de l'argent. Francis Demarthon, lui, avait remporté le bronze en 1978. Cette couleur aurait fait le bonheur de Raquil avant les Championnats d'Europe. "J'ai tellement galéré pendant deux ans, que même si j'ai simplement une médaille, ce sera une réussite", déclarait-il dimanche. Mais au fil des nuits, ses ambitions ont grandi. "J'ai rêvé de gagner les trois courses", avouait-il lundi après sa victoire en série. Le rêve est devenu réalité, puisqu'il a remporté ses trois courses sans coup férir.

A 29 ans, l'élève de François Pépin revient de loin. Après ses Mondiaux-2003 de rêve où, en plus du bronze individuel, il s'était couvert d'or avec le relais 4x400 m, il avait entamé sa préparation 2004 avec du retard et quelques kilos superflus. En février, il se fit une double entorse de la cheville gauche, écrivant la première ligne de la longue liste des blessures qui lui cotèrent sa participation aux Jeux d'Athènes puis lui pourrirent sa saison 2005. "Avoir raté les Jeux m'a énormément déçu", raconte Raquil, qui ne courut que le relais 4x400 m, après avoir longtemps hésité aux Mondiaux-2005. "J'ai l'impression d'avoir perdu du temps. C'est un trou dans ma carrière. Je me suis un peu vidé moralement. J'ai connu une petite période de dépression et derrière j'ai rebondi."

Il l'a fait avec Pépin, qu'il avait sérieusement envisagé de quitter l'an dernier, et avec Djhone, son dauphin mercredi, avec qui il s'est réconcilié après un long différend en 2005. "Ces derniers mois, j'ai eu la chance de ne pas me blesser, de pouvoir m'entraîner dur, ce que je ne pouvais pas faire ces deux dernières années, expliquait Raquil avant la compétition. Contrairement à l'an dernier, j'ai pu travailler dans tous les domaines à 100%, aussi bien le foncier, la vitesse, que la résistance." Ce travail lui permit de modifier légèrement sa tactique de course, en partant un peu plus vite, tout en conservant ce fameux finish qui avait fait sa gloire en 2003 et qui lui permit encore de souffler la victoire au Russe Vladislav Frolov mercredi soir.

Le premier signe de renouveau est apparu lors de la Coupe d'Europe à Malaga, fin juin. Il y remporta pour la 4e fois le 400 m, un record. Dans la foulée, il s'approcha de plus en plus des 45 sec, sous lesquelles il n'était plus descendu depuis 2003. La barrière fut franchie en demi-finale à Göteborg (44.95). Il y gagna sans doute la confiance nécessaire pour dominer Djhone, son cadet de quatre ans. Les deux hommes étaient à égalité deux victoires partout cette saison avant la course. Raquil a su se montrer décisif dans le 5e et dernier set...