Mondiaux d'athlétisme - Kevin Mayer abandonne son décathlon après deux épreuves

Kevin Mayer a préféré ne pas s'entêter. Incertain pour le décathlon, le champion du monde en titre avait tout fait pour être au rendez-vous pour défendre sa couronne malgré de grosses douleurs au tendon d'Achille gauche. C'est donc conquérant qu'il a voulu aborder sa première journée du décathlon, ce vendredi à Budapest, mais son corps n'a pas suivi.

Après un premier 100m encourageant sans être totalement emballant (10"79, 14e place), le Français a clairement grimacé lors du saut en longueur. Sa marque à 7m25, très en deçà de son record personnel à 7m80, a laissé peu de place aux doutes. Son attitude corporelle, avec des mains sur les genoux et des scènes de motivation malgré la douleur, trahissait une gêne impossible à dépasser. C'est donc après cette deuxième épreuve, avec une 16e place indigne de son statut, que Mayer a décidé d'arrêter les frais.

"A un moment donné, il faut s'admettre vaincu et repartir de plus belle pour les Jeux de Paris l'année prochaine, a-t-il soufflé au micro de France 2 quelques minutes après l'officialisation. Je disais 50-50 il y a quelques joursn mais honnêtement c'était plus du 10% de chances de finir ce décathlon".

"J'ai passé quinze jours très difficiles où je savais que ça allait être très compliqué, mais je n'ai pas voulu abandonner, a-t-il ajouté. Je sais qu'au décathlon il peut y avoir un switch à un moment où la douleur devient superflue. […] J'aurais pu aller plus loin mais je n'aurais pas terminé le décathlon ou alors avec une grosse blessure, comme à Doha". Mais, comme prévu, la perspective des JO à Paris dans un an a pesé très lourd dans la décision. Pour lui, hors de question de sacrifier quoique ce soit.

"Mon talon d'Achille, c'est mon corps, ce ne sont pas mes adversaires. Quand je suis présent physiquement et sans douleur, ça passe. Ce n'est pas passé cette année. J'ai dit à tous les athlètes de l'équipe de France qui ont raté leur compétition qu'il valait mieux que ce soit maintenant que dans un an, voilà", a-t-il encore lâché.

Mais, même dans la douleur, Mayer a pris du plaisir. Son amour du décathlon lui permet de relativiser cette perte de couronne mondiale. L'essentiel est ailleurs. "On dit que le décathlon c'est difficile, mais abandonner un décathlon c'est encore plus difficile. Je savais que c'était fini à la longueur, a-t-il conclu. Alors à chaque saut je me disais : Aallez, encore un, profite.' Si vous saviez à quel point j'aime ce sport. A quel point je vibre à chaque épreuve même quand j'en chie comme ça. Putain, dites à vos gosses de faire du décathlon. Dans la difficulté ou dans la joie, c'est dingue. Je n'ai aucun regret, je donne tout ce que j'ai tous les jours, parce que j'ai un amour profond pour ce que je fais. Il faut accepter qu'on n'est pas Superman, qu'on est humain, et que ça ne passe pas toujours. L'année prochaine, je donnerai tout pour être Superman".