"De l'éclair en bouteille" : Marine Johannès brille avec le Liberty de New York et est l'une des attractions de la WNBA

ParFabien Esvan

Mis à jour 28/06/2023 à 10:22 GMT+2

La ville qui ne dort jamais s'est trouvée une nouvelle artiste. Pour sa troisième saison en WNBA avec le Liberty de New York, Marine Johannès s'est plus que jamais imposée comme l'une des joueuses en vogue de la grande ligue féminine outre-Atlantique. Absente de l'Eurobasket avec les Bleues, la "Magicienne" enchaîne les prestations de haute-volée avec les siennes qui visent le titre en septembre.

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Un seul être vous manque… Si l'équipe de France n'est pas revenue fanny de l'Eurobasket slovène avec une médaille de bronze glanée sans trembler contre la Hongrie (82-68), le spectre de Marine Johannès planait malgré lui dans le camp bleu. Grande absente du groupe France, non retenue pour des soucis administratifs avec la FFBB, la meneuse aurait pu enfiler ce costume de facteur X pour amener les Bleues au sommet de l'échiquier européen.

Restée à New York, la native de Lisieux n'a pas chômé, loin de là. Pour sa troisième saison en WNBA avec le New York Liberty, après 2019 et 2022, "MJ" continue de briller dans la grosse pomme. Après des débuts en mode diesel, la Normande a trouvé son rythme dans un collectif plus que jamais destiné à jouer le titre cette année.

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Des éclairs de génie dont elle a le secret

Habituée à produire statistiquement et notamment à trois points où elle tourne à 40% de réussite, Marine Johannès fait parler son french flair outre-Atlantique. Ses capacités à créer son propre tir et à distiller des passes dans tous les angles font mouche dans la ligue américaine. Ce ne sont pas ses coéquipières qui disent le contraire.

Je pense que tout le monde devrait avoir la chance de la regarder...

Parfois estampillée "magicienne" par les suiveurs, la Tricolore scotche ses partenaires, Jocelyn Willoughby en tête. "Ce qu'elle fait parfois, ça me prend au dépourvu, elle ne réagit même pas, comme si c'était normal. Mais nous, on se dit 'ouah, c'était élite"'. Même son de cloche chez ses adversaires où elle a été étiquetée comme "de l'éclair en bouteille" selon les termes de Becky Hammon, la coach des Las Vegas Aces et ex-adjointe de Gregg Popovich chez les Spurs.

Quelques semaines après son arrivée sur le banc new-yorkais en 2022, c'est sa coach Sandy Brondello qui tressait des louanges à la championne. "Je suis une grande fan de Marine. Je pense juste à sa façon de jouer, à sa créativité. Je pense que tout le monde devrait avoir la chance de la regarder. Elle est géniale et elle va continuer à grandir et à s'améliorer pour nous."

Magicienne offensivement, au parfum défensivement

Sous la houlette de l'Australienne, la Française s'est taillée une place de choix dans un effectif du Liberty où les stars sont nombreuses avec Breanna Stewart, Courtney Vandersloot ou encore Sabrina Ionescu. Si son arsenal offensif n'est pas à prouver avec plus de 10 points de moyenne, des statistiques plus qu'honnêtes dans cette ligue, "MJ" s'est aussi mise au diapason défensivement. Responsabilisée de l'autre côté du terrain l'année dernière, Marine Johannès s'est révélée.

La numéro 23 confirme cette saison avec quelques sorties remarquées comme lors du succès contre les Dallas Wings et son arrière Arike Ogunbowale, réputée comme l'une des meilleures joueuses du pays. "Je pense que c'est une excellente défenseuse, je n'arrête pas de lui dire qu'il n'y a pas que l'attaque, qu'elle peut faire les deux car elle est intelligente", lançait Sandy Brondello après la rencontre. Preuve en est, lorsque Marine Johannès est sur le terrain, le Liberty ne concède "que" 96,3 points sur 100 possessions, 100,2 lorsqu'elle n'y est pas.

Oui, la Française a un rôle important dans ce Liberty où elle est très appréciée. Proche de la joueuse, Nicolas Batum le confirme dans l'un de ses entretiens à la First Team au début du mois. "Peu de gens ont son niveau et je peux vous dire qu'aux Etats-Unis, elle est kiffée. Il y a quinze jours, j'étais chez mon ostéo, Fabrice Gautier. J'y ai vu sa coéquipière à New York, Sabrina Ionescu. On a parlé que de Marine pendant quinze minutes et les filles là-bas l'attendent (ndlr, avant le début de saison WNBA)."

L'Amérique est conquise

Mais la native de Lisieux peut parfois faire face à quelques crises de confiance, soulignées par le staff new-yorkais. La joueuse de l'ASVEL féminin est elle-même "sa pire ennemie" selon les termes de sa coach. La présence de Stefanie Dolson, arrivée en 2022 à Big Apple et avec qui elle a noué une très forte amitié, lui permet d'ailleurs de traverser ses mauvaises passes. La pivot joue un rôle clé dans l'épanouissement de la Française à New York. Leur complicité fait le bonheur des suiveurs de la franchise et des fans.

Elle devrait être connue au-delà de la France (...) Elle devrait être connue dans le monde entier pour la manière dont elle joue.

Cela ne fait aucun doute, Marine Johannès est devenue un personnage phare de la balle orange aux Etats-Unis où ses highlights font le tour du pays. Les maillots floqués de son numéro 23 ne cessent de fleurir dans les travées du Barclays Center, l'antre du Liberty, où elle est devenue une vraie coqueluche. Même Mikal Bridges, joueur phare des Brooklyn Nets, prend de plus en plus le temps de venir voir l'artiste à l'œuvre.

Déjà très suivie en France, la Tricolore est en train de se faire un sacré nom en Amérique. "Elle devrait être connue au-delà de la France. C'est pourquoi il faut venir en WNBA", insiste Sandy Brondello. "C'est un jeu mondial, elle devrait être connue dans le monde entier pour la manière dont elle joue. Il faut que Marine soit Marine." Une Johannès magicienne, le Liberty ne demande que ça pour assouvir ses rêves de premier titre.