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Brooklyn, nouveau modèle de réussite en NBA

Antoine Pimmel

Mis à jour 09/04/2019 à 14:53 GMT+2

NBA - Risée de la ligue après une multitude de transferts ratés, franchise à la dérive il y a encore trois ans, les Nets se sont reconstruits très rapidement et surtout très intelligemment au point de retrouver les playoffs avant les cancres que sont les Suns ou les Knicks.

D'Angelo Russell et Caris LeVert (Brooklyn Nets)

Crédit: Getty Images

Les Nets sont officiellement de retour en playoffs après leur succès contre les Pacers dimanche dernier (108-96). Ça peut sembler complètement anodin à première vue. Finir dans le top huit d’une Conférence Est faiblarde n’est pas un exploit en soi. Mais c’est une fois replacé dans le contexte, une fois remémoré le champ de ruine qu’était la franchise il y a peu, que la performance prend une tout autre saveur. Brooklyn va donc retrouver les playoffs pour la première fois depuis 2015. Ça paraît plus ancien. Peut-être parce que l’équipe n’est plus du tout la même qu’à l’époque. Tous les visages ont changé et l’organisation est repartie quasiment de zéro. Un changement radical qui donne l’impression que le passé trouble des Nets est loin dans le rétroviseur. Et pourtant, c’était donc il y a seulement quatre ans. La preuve de la rapidité de cette reconstruction surprenante qui peut servir de modèle à toutes les équipes de la Ligue.
Il y a trois ans, la franchise new-yorkaise était au fond du trou à l’Est. Littéralement. Les Nets étaient avant-derniers de la Conférence avec quasiment aucune perspective de se sortir rapidement du marasme dans lequel Billy King, l’ancien GM, les avait plongés. La faute aussi à l’excentricité de l’impatient propriétaire russe Mikhaïl Prokhorov. Le milliardaire a racheté la franchise en 2009 et il l’a fait déménager du New Jersey à Brooklyn en 2012. Avec une promesse : ramener un titre en cinq ans. Quelle erreur. Pressés par les ambitions de leur employeur, les dirigeants ont alors multiplié les mauvais choix. Ils ont sacrifié toute sécurité sur le long terme, et même le moyen terme, pour la chasse démesuré d’un sacre irréaliste. Ce qui a donné lieu à des transferts aujourd’hui perçus comme les pires de l’histoire récente de la NBA (voire même de l’Histoire tout court). Les vétérans Paul Pierce et Kevin Garnett, légendes en fin de carrière, ont été débauchés aux Celtics contre plusieurs tours de draft. Même tarif pour acquérir le vieillissant Joe Johnson aux Hawks.

Sean Marks, héros de l’ombre

Les Nets ont fait exploser leur masse salariale - avec des montants records déboursés par Prokhorov - pour trois petites campagnes de playoffs dont deux sorties de route prématurées au premier tour et une autre en demi-finale de Conférence. Un fiasco. Il faut comprendre le chantier immense dont a hérité Sean Marks quand il a été nommé GM après le licenciement de King en 2016. Pas de marge de manœuvre financière. Pas de choix de draft intéressants, la grande majorité ayant été envoyée à Boston et à Atlanta. Pas de cadres en bonne santé pour tirer le groupe vers le haut. Pas de jeunes joueurs prometteurs. Et absolument aucun pouvoir d’attraction auprès des plus grandes stars de la ligue. Il lui était promis l’enfer d’une reconstruction interminable. Alors, oui, c’est presque un miracle de revenir aussi rapidement en playoffs. Mais c’est en réalité surtout le fruit du travail de Marks et de son staff. Parce qu’il a fait tout l’inverse de ses prédécesseurs, en enchaînant les bons choix, à commencer par celui de placer Kenny Atkinson sur le banc. Cette qualification en playoffs, c’est surtout la leur.
Ils ont effacé peu à peu les erreurs faites auparavant. Et ils ont reconstruit avec peu de moyens. Ils ont reconstruit intelligemment. Lors de la draft 2016, sa première en tant que dirigeant, Marks a vu son troisième choix revenir à Boston comme c’était prévu dans le cadre du deal passé en 2013. Les Celtics ont pu piocher Jaylen Brown. Plutôt que de se retrouver sans pick, le Néo-Zélandais a échangé Thaddeus Young contre le vingtième choix des Pacers. Il a alors sélectionné Caris LeVert. Un jeune espoir qui était annoncé plus haut mais sur lequel d’autres franchises n’ont pas osé miser en raison du dossier médical de l’ancien joueur de Michigan. LeVert, 24 ans, est en constante progression depuis son arrivée en NBA et il tournait même à 18 points par match avant de se blesser en début de saison. Le premier d’une longue succession de paris payants.
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Sean Marks, le manager général des Brooklyn Nets

Crédit: Getty Images

Un an après, alors que les Celtics récupéraient le Graal, le premier choix des Nets (finalement échangé contre le troisième des Sixers pour prendre Jayson Tatum), Marks devait composer avec la vingt-deuxième sélection (initialement le choix de Boston). Il a déniché Jarrett Allen, pivot très athlétique passé sous les radars. Ce dernier est aujourd’hui présenté comme le successeur de Rudy Gobert sauf qu’il est même plus productif au même âge - 11 points et 8 rebonds à 20 ans - et il est déjà titulaire dans la raquette à Brooklyn ! En 2018, c’est Rodions Kurucs qui a fait figure de trouvaille au second tour. Le Letton s’affirme déjà comme un joueur de rotation productif en NBA.
Les bons coups ne se limitent pas qu’à la draft. Les Nets ont misé sur les joueurs délaissés par les autres franchises. Comme Spencer Dinwiddie, non conservé par les Pistons et les Bulls, qui tourne aujourd’hui à 17 points par match tout en étant l’un des candidats au trophée de meilleur sixième homme de la saison. Ou Joe Harris, l’un des meilleurs shooteurs de la Ligue (vainqueur du concours à trois points lors du dernier All-Star Weekend), qui a été viré par Cleveland et Orlando. Deux équipes en reconstruction pourtant. Il y a aussi Ed Davis, Shabazz Napier et bien sûr D’Angelo Russell. Magic Johnson, le président des Lakers, refusait de croire en lui et il l’a échangé contre Kyle Kuzma et Brook Lopez. Russell est désormais l’un des favoris au MIP, un All-Star à plus de 20 pions par rencontre et le leader de cette jeune formation de Brooklyn.

Une superstar pour faire décoller Brooklyn ?

Le staff des Nets a construit une équipe qui joue collectif, avec des joueurs qui se donnent à fond. Ils ne trichent pas. Ils ne flambent pas non plus. Ils ont établi une culture. Pas celle du spectacle mais de la gagne. Exactement le type d’environnement nécessaire pour réaliser de belles choses dans cette Ligue. En fait, ce groupe a tous les ingrédients pour vraiment peser en NBA… sauf une ou deux superstars. Tout le reste est là : le GM compétent, le coach talentueux, d’excellents jeunes joueurs de complément, la jeune star montante avec Russell, les vétérans parfaits pour encadrer le tout et, donc, la bonne attitude. Mais ça tombe bien, Brooklyn est un grand marché aux Etats-Unis. Ça reste New York. Et les meilleurs joueurs veulent briller dans des villes attractives. Surtout si la franchise est compétitive.
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Les Brooklyn Nets Joe Harris, Jarrett Allen, Caris LeVert, DeMarre Carroll et Rodions Kurucs (de gauche à droite)

Crédit: Getty Images

Cet été, Jimmy Butler, Kemba Walker, Kyrie Irving ou même Kevin Durant sont tous susceptibles d’étudier les propositions des Nets. Parce que oui, les dirigeants ont même réussi à libérer de la masse salariale afin d’éventuellement signer un joueur majeur en juillet. Ce serait la prochaine étape du renouveau de l’organisation. Une belle récompense pour le boulot effectué depuis 2016. Un modèle de réussite pour toutes les équipes en reconstruction en NBA.
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