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Michael Jordan a 60 ans : 23 moments de légende signés MJ

Laurent Vergne

Mis à jour 17/02/2023 à 15:56 GMT+1

LES 60 ANS DE JORDAN - Michael Jordan fête ses 60 ans ce vendredi. L'occasion de revenir sur les temps forts d'une carrière hors normes. 23 moments comme autant de témoignages de l'incomparable talent du numéro 23 le plus célèbre de l'histoire du basket. La boîte aux souvenirs de l'ancien arrière des Chicago Bulls est ouverte : vous n'avez qu'à vous servir.

Pourquoi Michael Jordan reste le GOAT

1. L'ADIEU PARFAIT
Des paniers décisifs, Michael Jordan en a mis quelques-uns dans sa carrière. Mais aucun ne possède la force de celui-ci. Parce que c'est un tir non seulement pour la victoire, mais pour le titre NBA. Qui plus est, le dernier de sa carrière, ce que chacun pressentait, même si rien n'était encore officiel. Après ces Finals 1998, Jordan partira à la retraite. Jackson quittera Chicago. Pippen aussi. Rodman idem. C'est la fin d'une histoire. D'une époque. D'une certaine idée de la NBA. Ce 14 juin 1998, Michael Jordan a fait ce qu'il savait faire de mieux. Gagner. Faire gagner son équipe. Frapper l'adversaire en plein cœur. Après avoir vaincu Magic, terrassé Drexler, écoeuré Barkley et surpassé Payton, il va passer deux couches de son génie sur les illusions de Karl Malone et John Stockton. Vaincus deux années de suite.
Ce 14 juin 1998, Utah y croit pourtant dur comme fer. Oui, Chicago mène 3-2, mais les deux derniers matches des Finals sont à Salt Lake City, qui dispose de l'avantage du terrain. A quelques secondes du terme, le Jazz mène 86-85. C'est encore le temps de l'espoir, d'autant que le ballon est pour Utah. Jordan entre alors en scène. En deux temps. D'abord, une interception sur Malone, à 16 secondes du terme. Jordan était, aussi, un fabuleux défenseur. Puis, à l'autre bout du terrain, il mystifie Bryon Russell, sans solution, comme tant d'autres avant lui. Comme Ehlo, comme Starks, comme Majerle. Jordan rentre un tir comme il en a rentré des centaines. Une fois le ballon dans le filet, il prend la pose. Immobile. Bras levé vers le ciel. Sa dernière image avec les Bulls. Jordan a inscrit 45 points dans son dernier match sous le maillot rouge. C'est l'adieu parfait. Oui, il reviendra avec Washington. Mais c'est bien au bord du Lac Salé que le roi Jordan a paraphé sa sortie, assis sur son sixième trône.
2. THE SHRUG
Printemps 1992. Champions en titre, les Bulls retournent en finale, après une bataille monstrueuse face aux Knicks, achevée au septième match. Face à elle, la franchise de l'Illinois retrouve Portland, mené par Clyde Drexler. Drexler, "Clyde the Glyde". Même poste que Jordan. D'un an son ainé. C'est parce que les Blazers l'avaient drafté en 1983 que, un an plus tard, ils ont fait l'impasse sur Michael Jordan, optant à la place pour le pivot Sam Bowie avec le deuxième choix. Voilà comment Chicago, avec le troisième pick, hérita du plus grand joueur de l'histoire. Pour la première fois, Drexler et Jordan sont donc aux prises pour le titre suprême. Et comme souvent, MJ va puiser un surcroit de motivation dans une affaire d'ego. Chez lui, l'orgueil est toujours bien placé. Surtout quand il est fouetté. Avant ces Finals, Jordan est servi. Il vient d'être désigné MVP mais pour beaucoup, Drexler aurait mérité ce titre. Les mêmes annoncent que la vitesse de jeu de Portland balaiera le champion sortant.
Alors, la star des Bulls va mettre à profit ce premier match de la finale, au Chicago Stadium, pour régler quelques comptes. Les meilleurs, c'est nous. Le meilleur, c'est moi. Le boss, c'est moi. Jordan livre une première mi-temps d'anthologie. Un chef d'œuvre. A la fin du premier quart-temps, il a déjà inscrit 18 points, dont trois paniers à trois points. Il fait tout aux Blazers. Des fade-away à gogo. Un panier improbable où il efface Cliff Robinson d'un dribble dans le dos avant de tirer à six mètres. Le deuxième acte est la copie conforme du premier : il ajoute 17 points et trois paniers à trois points supplémentaires. 35 points en une mi-temps et six paniers à trois points. Du jamais vu en finale. Sur son sixième shoot longue distance, Jordan se tourne vers le côté, écarte les bras et hausse les épaules comme pour dire "ce n'est pas de ma faute, je n'y peux rien, tout rentre". Cet exploit restera connu sous le nom de "The shrug", "le haussement d'épaules". Chicago s'imposera en six matches, réussissant son "back-to-back".
3. MJ SUR SON 63
Victime d'une fracture du pied, Jordan a manqué 64 matches dans ce qui est sa deuxième saison NBA. Malgré sa longue absence, les Bulls ont réussi à accrocher un strapontin pour les playoffs 1986. Ils y affrontent les Celtics au premier tour. Autant dire qu'ils n'ont aucune chance. Boston, avec Larry Bird, Robert "double zéro" Parish, Danny Ainge, Dennis Johnson ou Kevin McHale, est au sommet. Boston remporte la série 3-0. Elle pourrait rester anecdotique. Au lieu de quoi elle va passer à la postérité. Dans le premier match, Jordan a inscrit 49 points. Avant le deuxième duel, le public du Boston Garden, bluffé par la performance du jeune arrière de Chicago, lui réserve des applaudissements appuyés à la présentation des équipes. Mais le public n'a encore rien vu. Dans ce match 2, les C's auront besoin de deux prolongations pour s'imposer (135-131). Malgré la défaite, Jordan brille de mille feux. Il marque 63 points. Un record en playoffs, qui tient d'ailleurs toujours plus d'un quart de siècle après les faits.
"Je n'ai pas de mots pour décrire ce que je viens de voir aujourd'hui", dira après la rencontre le coach de Boston, K.C. Jones. "Vous voulez savoir à quel point Jordan a été grand ce soir ?, ajoute-t-il. Je vais vous le dire: 'quand je cherche une solution tactique, je regarde mon banc et je vois les gars chercher mon regard comme pour me dire 'moi coach, je peux être utile'. Mais quand je cherchais quelqu'un pour stopper Jordan ce soir, je voyais les regards me fuir. Tout le monde baissait les yeux." "Je crois que dieu s'est déguisé en Michael Jordan, sourit de son côté Larry Bird. Je ne pensais pas que quelqu'un était capable de faire ça contre notre équipe. Il a failli nous battre à lui tout seul." Failli, seulement. Car voilà la morale de l'histoire : un joueur, aussi exceptionnel soit-il, aussi insolent de réussite fut-il comme Jordan ce soir-là, ne peut battre un collectif flirtant avec la perfection. Les Celtics étaient plus forts que Jordan, encore trop seul. L'arrivée de Scottie Pippen, puis celle d'Horace Grant, et de quelques autres pièces du puzzle, transformeront au fil du temps le redoutable soliste en génial chef d'orchestre. Et plus un collectif ne pourra arrêter ni Jordan ni les Bulls.
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Michael Jordan face à Larry Bird en 1986.

Crédit: Getty Images

4. PIZZA AVARIEE = 38 POINTS
Il est 16h30. 90 minutes avant le début du match 5 de ces Finals 1997. Scottie Pippen voit Michael Jordan sortir d'une pièce adjacente au vestiaire visiteurs du Delta Center de Salt Lake City. Il raconte: "La tête qu'il avait… Je pensais qu'il n'y avait aucun moyen qu'il puisse se mettre en tenue. Je ne l'avais jamais vu comme ça et je le connais depuis dix ans. Il avait l'air mal, vraiment très mal." La veille, Jordan a mangé une pizza. Pas bonne, visiblement. Malade, il vomit, est pris de vertiges. Une intoxication alimentaire est diagnostiquée. Il est vidé de ses forces et ne peut plus supporter d'aliments solides. Le lendemain, jour du cinquième match, il reste alité quasiment toute la journée. C'est une rencontre déterminante. Les deux équipes comptent deux victoires chacune. Le match 5 est souvent crucial dans les finales. Sans Jordan, Chicago n'a quasiment aucune chance de s'imposer sur le parquet du Jazz.
Jordan retourne s'isoler dans une pièce sombre et s'allonge. Il n'en ressortira qu'à 17h50, dix minutes avant le coup de feu. "Je vais jouer, dit-il à Phil Jackson. Je te dirai au fur et à mesure comment je me sens." Pendant un quart-temps et demi, Jordan ne sert à rien ou presque. Utah mène de 16 points. L'affaire est mal embarquée. "Je me souviens qu'il y a eu un temps mort. Michael est revenu vers le banc, il avait à peine la force de s'asseoir", témoigne le pivot australien des Bulls, Luc Longley. Puis quelque chose se produit dans son corps. Il ne saura jamais l'expliquer. Cette métamorphose incitera certains à douter de la véracité de la "maladie" de Jordan. On le soupçonnera d'avoir bidonné tout ça. Si tel est le cas, Jordan est, non content d'être un immense joueur, un remarquable acteur car il avait vraiment l'air au plus mal par moments.
"Le côté mental, émotionnel, a pris le dessus sur le physique", dira Jordan pour expliquer sa résurrection. Soudainement, il parait plus vif, plus rapide. Action après action, il redevient lui-même. A la mi-temps, on le couvre de serviettes froides pour faire tomber la fièvre artificiellement. Il parvient à ingurgiter du liquide. Dans le troisième quart-temps, MJ est à nouveau pris de nausées. Puis il repart. Utah mène 77-69 lorsque Chicago inflige un 10-0 à son hôte, pour prendre le pouvoir. Le dernier quart est étouffant. Jordan s'y montre décisif. Chicago s'impose 90-88. A quelques seconds de la fin, on le voit s'écrouler dans les bras de Scottie Pippen, scellant l'image qui restera de ce match connu aujourd'hui sous le nom de "Flu-game". "C'est la chose la plus dure que j'ai eu à faire dans ma vie", souffle Jordan, qui a joué 44 minutes sur 48. Il a inscrit 38 points. Le mot de la fin est pour Pippen : "Michael n'est pas seulement le plus grand joueur de l'histoire. C'est aussi le plus grand leader de tous les temps."
5. RETOUR AU GARDEN, 55 POINTS ET UN CAVIAR
28 mars 1995. Jordan n'est pas sorti de sa retraite depuis dix jours. Lors des quatre premiers matches de sa deuxième vie de basketteur, il a souvent été maladroit, parfois en manque de rythme. Mais rien de tel qu'un petit voyage au Madison Square Garden pour redevenir lui-même. Le Garden, la Mecque du basket. Un temple à sa mesure pour lui, le New Yorkais de naissance. Jordan rentre six de ses sept premiers tirs. C'est parti. Plus rien ne l'arrêtera. Surtout pas le pauvre John Starks, dépassé comme jamais. "Je ne l'ai pas beaucoup vu ce soir", rigolera MJ après la rencontre, au cours de laquelle il inscrit 55 points (21 sur 37 aux tirs, 11sur 13 aux lancers), son record au Garden. Difficile de marquer de façon plus nette son retour à Big Apple.
Mais le véritable génie de Jordan va s'exprimer sur la toute dernière action du match, celle qui va offrir la victoire aux Bulls (111-113). Tout le monde s'attend à ce qu'il prenne le tir décisif. Jordan s'élève mais au lieu de shooter, il sert son pivot, l'obscur bûcheron canadien Bill Wennington, qui file tranquillement au dunk. De la même façon, deux ans plus tôt, lors du game 6 des Finals face à Phoenix, alors que Jordan avait inscrit les neuf malheureux points de Chicago dans un quatrième quart-temps étouffant, John Paxson avait hérité du tir décisif à trois points. Le crime parfait, par surprise. Au Garden, il a refait le coup avec Wennington, lequel résumera à merveille le talent du maestro : "Michael est probablement le seul joueur au monde capable d'inscrire 55 points et dont l'action la plus marquante est une passe."
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Michael Jordan en 1995

Crédit: Getty Images

6. MONSIEUR 50%
Les Finals 1993, entre Chicago et Phoenix, sont peut-être les plus belles de toute l'histoire de la NBA. Intensité, spectacle, dramaturgie, final d'anthologie, il n'a rien manqué. Elles ont été sublimées par la plus grande performance de l'histoire dans une série finale. Michael Jordan, justement sacré MVP après le troisième titre de rang conquis par les Bulls, a réussi à tourner à la moyenne exceptionnelle de 41 points par rencontre en six matches. Les hommes de Phil Jackson ont dominé les deux premiers matches dans l'Arizona. Lorsqu'ils reviennent à la maison avec un avantage de deux victoires et trois matches à domicile à venir, on se dit que l'affaire est pliée.
Mais Phoenix s'accroche et remporte le troisième match après une triple prolongation. Le combat est en train de changer d'âme. Lors du game 4, Jordan est contraint de sortir le (très) grand jeu. Il marque 55 points (avec huit rebonds) soit quasiment 50% du total des Bulls, qui s'imposent au final 111-105. A 15 secondes de la fin, Jordan signe l'action du match, un panier en déséquilibre avec la faute, qui scelle définitivement la victoire des Bulls. Ce coup de poignard laisse Charles Barkley incrédule, à genoux sur le parquet, la tête dans les mains. "His Airness" devient le cinquième joueur de l'histoire à atteindre la barre des cinquante points sur un match en finale, après Elgin Baylor, Rick Barry, Jerry West et Bob Pettit.
7. THE SHOT
Une des plus extraordinaires fins de match de l'histoire des playoffs. Six secondes qui ont beaucoup compté pour installer Michael Jordan comme un vrai crack, capable de porter à bout de bras son équipe. 1989. Chicago joue à Cleveland un match décisif au premier tour des playoffs. Les deux équipes sont à égalité deux victoires partout. Le cinquième et dernier match se jouer à Cleveland. Les Cavs n'ont pas été menés une seule fois de la rencontre lorsque, à six secondes du terme, Michael Jordan claque un jump shot pour placer ses Bulls devant : 99-98. Ce pourrait être la fin de l'histoire. Ce n'est que le début. Sur la remise en jeu suivante, Craig Ehlo attaque le cercle et marque. Cleveland reprend l'avantage. Il reste trois secondes et deux dixièmes à jouer. Une dernière chance pour Chicago. Pour Jordan, en gros.
Il hérite du ballon, monte à cinq mètres et, après son fameux hang time, malgré la défense d'Ehlo, trouve la mire. Les 20 273 spectateurs sont plongés dans le silence. On entend les hurlements venus du banc des Bulls, ceux notamment du coach Doug Collins, qui saute dans tous les sens. L'image de la joie de Jordan reste, aujourd'hui encore, une des plus célèbres de sa carrière. C'est le plus grand "clutch shot" de Jordan jusqu'à celui contre Utah, en 1998. Ce panier offre la qualification pour la deuxième tour aux Bulls. C'est le premier grand exploit du Chicago de Jordan. Cleveland, tête de série numéro 3, était largement favori. Les Cavs avaient d'ailleurs remporté les quatre matches de saison régulière contre Chicago, dont le dernier en laissant au repos leurs quatre meilleurs joueurs : Price, Nance, Daugherty et Harper. "C'est le jour où Michael est devenu Jordan", dira plus tard Phil Jackson, alors entraîneur-assistant des Bulls.
8. LA NAISSANCE D'UNE LEGENDE
Impossible de passer outre ce moment là puisque Jordan lui-même l'a toujours défini comme un des temps forts de sa carrière de basketteur. Le 29 mars 1982, North Carolina joue la finale du Championnat Universitaire face au Georgetown de Patrick Ewing. Jordan a 19 ans. C'est un freshman. Il n'a pas encore l'autorité nécessaire au sein des Tar Heels, où évoluent également ses ainés James Worthy et Sam Perkins. Généralement, les tirs décisifs ne reviennent donc pas au jeune natif de Brooklyn. Pourtant, alors que Georgetown mène 62-61, c'est bien Jordan qui va prendre ses responsabilités. Le meneur Jimmy Black cherche Worthy à l'intérieur mais il ne le trouve pas. Il sert alors Jordan, décalé sur la gauche du cercle. Après un bref instant d'hésitation, Jordan décide de tirer. Il marque. UNC prend l'avantage à 15 secondes de la fin. L'énorme bourde d'Eric Floyd, qui donne directement le ballon à… Worthy sur la possession suivante de Georgetown, fait du panier de Jordan le dernier de la rencontre. Il a inscrit trois des cinq derniers paniers de son équipe, attirant déjà de façon irrésistible le ballon à lui dans les moments décisifs. Sa légende nait ce jour-là, devant 61 000 spectateurs.
9. LE ROI DU DUNK
Non content d'être un joueur hors normes, Jordan possédait deux aspects dans son jeu qui ont contribué à le rendre éminemment populaire: la grâce et le sens du spectacle. Ce deuxième élément n'est peut-être jamais ressorti de façon aussi évidente que lors du All Star Game 1988, chez lui, au Chicago Stadium. Michael Jordan et Dominique Wilkins, opposés en finale, livrent alors le plus célèbre concours de dunk de l'histoire. Après deux des trois dunks, Wilkins mène d'une courte tête: 100 (note maximale) à 97. Sur son troisième, Wilkins sort un dunk à deux mains monstrueux. "C'était féroce, c'était puissant, c’était mon meilleur dunk", estime-t-il encore aujourd'hui.
Pourtant, il ne récolte qu'un 45 (injuste), ouvrant la porte à Jordan. Ce dernier sort alors une séquence venue d'ailleurs. Après une course d'élan depuis l'autre moitié du terrain, il décolle sur la ligne des lancers-francs. Un dunk popularisé en son temps par Docteur J, alias Julius Erving. Envol majestueux, bouche grande ouverte, bras tendu vers le cercle. Le dunk parfait. Le temps parait suspendu pendant son vol. Jordan obtient un 50 et rafle la mise. Grand seigneur, il juge que "si le concours avait eu lieu ailleurs qu'à Chicago", il n'aurait pas gagné. "C'est dur de battre quelqu'un chez lui, ajoute Wilkins. Mais il a sorti un super dunk, il faut l'admettre. Si quelqu'un doit me battre, j'aime autant que ce soit lui". Jordan ne disputera plus jamais le slam dunk contest au All Star Game.
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1988 Dunk All Star Game Michael Jordan

Crédit: AFP

10. L'AGE N'EST RIEN D'AUTRE QU'UN CHIFFRE
Lorsque Jordan a pris sa deuxième retraite après le sixième titre des Bulls en 1998, il avait assuré que cette décision était irrévocable à 99,9%. Mais le 0,1% restant, celui de la passion, trop forte, finira par prendre le dessus. Le 25 septembre 2001, il annonce donc son retour à la compétition. A presque 39 ans, ce deuxième come back sentait le tour de piste de trop. Si son retour, en 1995, avait soulevé une vague d'enthousiasme national, celui-ci laissera sceptique y compris beaucoup de ses fans. C'est à Washington, pas à Chicago, que Jordan revient. En deux saisons, il ne ressemble que d'assez loin au gigantesque joueur qu'il fut mais tourne tout de même à plus de 20 points de moyenne.
"On parle d'un gars qui était trois crans au-dessus de tout le monde. Alors, même s'il n'est qu'à 50% de ce qu'il a été, il reste un des meilleurs", juge Allen Iverson. Certain soirs, Jordan redevient Jordan. Le 29 décembre 2001, il claque 51 points à Charlotte. Puis, le 21 février 2003, quatre jours après son 40e anniversaire, il marque 43 points contre New Jersey, devenant le premier joueur de l'histoire de la NBA à inscrire au moins 40 points après 40 ans. 43 points en 43 minutes, exactement. Sa dernière immense performance individuelle. "Mon corps a peut-être 40 ans, mais ma passion pour ce sport restera éternellement jeune, dit Jordan. Je me sens encore capable d'être compétitif et, certains soirs, d'être au niveau des meilleurs." Ce 21 février 2003 était un de ces soirs.
11. LE HAND SWITCH
Les Américains ont l'art de trouver une formule, un mot, caractérisant un moment. Une action. Celle-ci est connue sous le nom de "The hand switch". Une expression toute-bête (le changement de main) mais à compter de ce match 2 des Finals 1991, elle deviendra pour toujours associée à Michael Jordan. Face aux Lakers, vainqueurs du premier match au Chicago Stadium, MJ sort une action magique dont il a le secret. Servi plein axe par Cliff Levingston, il file vers le panier. Mais AC Green et Sam Perkins sont bien placés en défense, prêts à monter au bloc. Alors, dans les airs, en suspension, Jordan fait passer le ballon de sa main droite vers sa main gauche. Un coup de génie qui lui ouvre grand le chemin du panier. Technique, agilité, intelligence, physique. Tout Jordan est dans cette séquence de deux secondes à peine. Sur la ligne de touche, Phil Jackson esquisse un sourire et secoue la tête. Conscient d'avoir assisté à un moment unique.
12. LE TROPHEE, COMME UN BEBE
On l'oublie un peu vite devant l'énormité de son palmarès, mais avant de remporter six titres NBA, Jordan n'a pas été loin d'être considéré comme un loser. Un fabuleux soliste, oui, mais incapable de mener son équipe au titre suprême. Trop égoïste pour cela. Le basket, c'est du cinq contre cinq, pas du un contre un. Jordan a tout entendu, tout supporté sur son étiquette de loser. Grand joueur, oui, mais pas grand champion. Alors quand, à 28 ans, au terme de sa septième saison, il remporte enfin le titre NBA, après la victoire sans bavure face aux Lakers (4-1), Jordan, en larmes, garde jalousement le trophée dans ses bras dans les vestiaires du Forum d'Inglewood. Il le serre contre lui comme un enfant. Son père, James, est auprès de lui. Les détracteurs de Jordan viennent de perdre leur dernier argument.
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Michael Jordan et son premier titre en 1991

Crédit: Eurosport

13. ET PAN, SUR LA TETE A PAT EWING
A part un clutch shoot, il n'y a probablement rien de plus fort pour un basketteur que de dunker sur la tête d'un adversaire. C'est un de ces instants où le parquet se meut en ring, où ce sport, éminemment collectif, tourne au choc frontal. Il y a bien plus que deux points en jeu sur une action de ce type. Quand elle implique deux immenses stars, dans un match de playoffs au couteau, l'impact s'en trouve décuplé. Le 3 mai 1991, lors du troisième match de la série entre les Bulls et les Knicks Michael Jordan a donc postérisé Patrick Ewing après avoir attaqué le cercle ligne de fond (non sans avoir complètement enrhumé John Starks et Charles Oakley, qui le cherchent encore). Ni l'un ni l'autre n'ont oublié cette séquence. Le lendemain, le New York Times écrit ceci : "les mots ne seront jamais assez forts pour décrire la jouissance de l'un et l'humiliation de l'autre à cet instant."
14. LE (PREMIER) RETOUR
Le moment que tous ceux qui ont aimé Michael Jordan ont attendu et espéré. Après 21 mois d'absence, il entame sa deuxième carrière NBA. Toujours avec Chicago, évidemment. Avec le numéro 45 sur le dos. Nous sommes le 27 mars 1995, à Indiana. C'est un évènement national. Planétaire, presque. Ce match demeure la plus grosse audience de l'histoire de la NBA pour une rencontre de saison régulière. Le public d'Indianapolis, heureux comme tous les autres, lui réserve une énorme ovation. Bien sûr, Jordan est un peu rouillé. Il est maladroit (7 sur 28 aux tirs, mais 19 points, 6 rebonds et 6 passes tout de même) et les Bulls s'inclinent après prolongation à Indiana. Aucune importance.
"Le moment venu, écrit Phil Taylor dans Sports Illustrated, nous lui en demanderons plus. Mais dimanche, le simple fait de voir Jordan et son crâne parfaitement lisse, Jordan et sa langue pendue lorsqu'il file vers le basket, c'était suffisant pour nous. Il est de retour. Pas plus fort que jamais. Probablement même très loin de ce qu'il fut. Mais pour l'instant, il est de retour, et c'est suffisant". Larry Brown, le coach des Pacers, trouvera quant à lui la plus fabuleuse des formules pour résumer l'impact de l'évènement : "ce soir, dit-il, les Beatles et Elvis étaient de retour en même temps."
15. LE MATCH A 69 POINTS
Michael Jordan n'a jamais atteint la barre des 100 points dans une rencontre comme Wilt Chamberlain. Il s'est arrêté à 69. Pas mal, quand même. C'était en mars 1990, face à Cleveland, un de ses souffre-douleurs préférés. Ce soir-là, il rentre 23 paniers sur 37 (2 sur 6 à trois points) et 21 lancers sur 23. Mais Jordan n'est pas qu'un scoreur. Il compile aussi 18 rebonds (un autre record en carrière à ce moment-là), 6 passes et 4 interceptions et 1 contre en 50 minutes de jeu. Les Bulls s'imposent après prolongation. Le deuxième meilleur marqueur des Bulls, Horace Grant, finit avec… 16 points. Une de ses plus grandes performances individuelles, même si le peu d'importance du match en atténue la portée comparée à certains de ses matches de playoffs.
16. CA DOIT ETRE LES CHAUSSURES…
Michael Jordan et Spike Lee. Chicago et New York. Les Bulls et les Knicks. MJ a causé beaucoup de soucis à Spike, grand fan des Knicks devant l'éternel. Mais il n'a jamais pu s'empêcher de vouer une grande admiration à son bourreau. En 1988, dans une série de spots publicitaires tournés sur les chaussures "Air Jordan", Lee reprend le personnage d'un de ses films, Mars Blackmon. Dans une des pubs, Blackmon se demande pourquoi Jordan est si fort. "Ça doit être les chaussures", finit-il par se dire. Dix ans plus tard, le 8 mars 1998, Jordan dispute ce qu'il sait être son dernier match au Madison Square Garden avec les Bulls. Or il adore le Garden. Sa salle préférée. Elle le lui rend bien.
Les New Yorkais sont tous des Spike Lee. Ils ont hué Jordan, ils lui en veulent pour tous ces affronts. Mais ils l'admirent. Alors Jordan cherche un truc pour marquer l'évènement. Il va le trouver… en faisant le ménage, chez lui. Il tombe sur une vieille paire de "Air Jordan", modèle original, datant de 1984. La toute première de sa collaboration fructueuse (pour les deux parties) avec Nike. C'est donc avec ces chaussures-là que Jordan joue au Garden. "J'ai décidé de les mettre pour marquer l'évènement, en guise de remerciement à tout le respect que les gens ont pu me donner ici." Ses pompes ont 14 ans, lui en a 35. Mais Jordan reste Jordan. Il marque 42 points.
17. LA DREAM TEAM
C'est une aventure plus collective que personnelle. La Dream Team a marqué l'histoire parce que, en tant qu'entité, elle a surpassé la somme de ses individualités, pourtant exceptionnellement brillantes. La Dream Team, ce n'est donc pas Jordan, Magic, Bird ou Barkley. C'est la Dream Team. Son impact sur les J.O. a été colossal. Sur le développement du basket au niveau mondial aussi. Sur la carrière de Jordan, c'est déjà un peu plus secondaire, au moins en termes de performance pure. Il n'en reste pas moins qu'elle n'aurait pas possédé le même relief sans Jordan (et Magic, l'autre ressort indispensable du charme de cette équipe). MJ, auréolé de son deuxième titre NBA et de se ses quatre couronnes de MVP, incarne mieux que personne ce phénomène qui déferle sur les Jeux de Barcelone en 1992. Sur le terrain, il n'en rajoutera pas. Juste ce qu'il faut de spectacle et d'efficacité. Au passage, il décroche sa deuxième médaille d'or.
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Michael Jordan fête ses 60 ans : morceaux olympiques choisis

18. LE QUATRIEME, AU NOM DU PERE
Michael Jordan avait stoppé sa carrière en 1993 en grande partie parce que la mort de son père, assassiné à l'été de cette même année, lui avait fait perdre le goût du basket. Lorsqu'il décroche son quatrième titre NBA, en 1996, face à Seattle, le destin lui adresse un joli clin d'œil. Lors des Finals, Chicago mène 3-0. Mais les Sonics luttent et remportent deux matches chez eux pour revenir à 3-2. C'est tant mieux. Pour deux raisons. Les Bulls seront sacrés à domicile lors du Game 6. Surtout, ce match a lieu le jour de la fête des pères. Une fois la victoire acquise, Jordan restera de longues minutes au sol. Ballon dans les mains, larmes dans les yeux. A cet instant, il est aussi seul qu'il est heureux.
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Michael Jordan et son père James

Crédit: Getty Images

19. L'OR, BIEN AVANT LA DREAM TEAM
Michael Jordan a aussi été une star olympique. A Barcelone, bien sûr, avec la Dream Team. Mais huit ans plus tôt, à Los Angeles, il avait déjà connu l'honneur et le bonheur de l'or olympique. A l'époque, pour l'avant-dernière fois, les pros de la NBA sont interdits de J.O. La sélection U.S. est composée de joueurs universitaires. Lors de la préparation, le Team USA, mené par Jordan, bat par trois fois une sélection de joueurs NBA. Isiah Thomas, Kevin McHale ou Magic Johnson ont participé à tour de rôle à ces rencontres. C'est dire le niveau de cette équipe de jeunes, dirigée par Bobby Knight, où l'on retrouve aussi, entre autres, Chris Mullin, Sam Perkins et Pat Ewing. Les Américains remportent le titre en battant l'Espagne en finale. Jordan, avec 17.1 points par match, est la star du tournoi.
20. HIS AIRNESS AND MISTER SMITH
LaBradford Smith, ça vous dit quelque chose? Probablement pas. Avant de jouer en Espagne et même en Pologne (!), cet arrière s'est fait connaitre pour son match de feu contre Chicago le 20 mars 1993 où il inscrit 37 points. Les Bulls s'imposent de justesse, mais Smith vole la vedette à Jordan. Victoire ou pas, MJ est furieux. "Nice game, Mike", lui aurait soufflé à l'oreille Smith. Oser chambrer Jordan ? Hasard du calendrier, les deux équipes se retrouvent dès le lendemain. Jordan promet à ses équipiers qu'il marquera 37 points sur la seule première mi-temps. Il ratera son pari. Il n'en marquera que 36. Mais il est à nouveau la star. Des années après, Jordan avouera que jamais Smith ne lui a dit quoi que ce soit. Il avait simplement besoin d'un surplus de motivation. Il l'avait trouvé à travers ça.
21. LE PREMIER MESSAGE
29 octobre 1984. Michael Jordan dispute le troisième match de sa carrière NBA. Face à lui, Milwaukee, finaliste de la Conférence Est la saison précédente. Jordan envoie son premier message à la Ligue : il inscrit 22 points dans le seul dernier quart-temps pour offrir la victoire aux Bulls, alors loin d'être considérés comme des cadors. Ça va changer. Il terminera son année de rookie avec des moyennes extravagantes (28,2 points, 8,9 rebonds, 6,5 passes).
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Michael Jordan porte les Air Jordan 1 pour la première fois le 17 novembre 1984 lors d'un match entre les Bulls et les Sixers.

Crédit: Getty Images

22. L'INEBRANLABLE CONFIANCE
Même le plus immense des joueurs peut connaitre une soirée pourrie. Playoffs 1997. Les Bulls mènent 3-0 face à Miami en finale de conférence. Mais dans ce match 4, Jordan est à la dérive. Rien ne va. Il rate ses… 15 premiers tirs. A la fin du troisième quart-temps, il est à 1 sur 22. Ahurissant. Mais comme si de rien n'était, preuve de sa phénoménale force de caractère, il continue de prendre le jeu à son compte. Et comme par magie, dans la période finale, il redevient lui-même, inscrivant 20 points. Rien ne peut affecter sa confiance. A la dérive, Chicago échoue tout près de la victoire. "Cette performance est le symbole de la confiance et de l'arrogance de Michael", dira son coéquipier, Steve Kerr. Ne vous y trompez pas. Dans sa bouche, c'était un compliment, une marque d'admiration.
23. PITINO N'AURAIT PAS DÛ
Autre exemple, parmi tant d'autres, du monstre d'orgueil qu'était Michael Jordan. Tous ceux qui ont voulu le titiller l'ont payé au prix fort. Mais le faire en plein match, facteur aggravant, relevait quasiment du suicide sportif. Rick Pitino l'a appris à ses dépens. Alors qu'il était le coach des Knicks, il a commis une grosse bévue lors des playoffs 1989. Chicago mène la série 2-1 face à New York. Lors du 4e match, Jordan, touché à la cuisse, se fait soigner sur le bord de la touche. Il entend alors Pitino sous-entendre qu'il est en train de simuler. Furieux, Jordan se déchaine. Il compile 47 points (dont 18 dans le dernier quart-temps) et 12 rebonds. Fallait pas l'énerver…
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