Popovich, collectif à construire, "bague NBA ASAP" : Victor Wembanyama aux San Antonio Spurs, mariage idéal ?

Les Spurs sont vraiment les rois de la lottery, et c'est peu dire. Après avoir attiré David Robinson en 1987 puis Tim Duncan dix ans plus tard, à chaque fois avec le premier choix, la franchise texane a encore décroché le jackpot avec un nouveau "big men" générationnel. En héritant du first pick pour la troisième fois de son histoire, San Antonio a tiré le gros lot avec la très, très, très probable arrivée de Victor Wembanyama dans le Texas.

Considéré comme l'un des plus gros prospects de tous les temps, si ce n'est le plus grand selon les termes d'Adrian Wojnarowski, le prodige débarque chez les quintuples champions NBA avec une kyrielle d'attentes. A raison. Entre la filiation française, dans la lignée de Boris Diaw, Nando De Colo, Ian Mahinmi et bien évidemment Tony Parker, la présence de Gregg Popovich et une institution à son service, "Wemby" peut viser très grand comme il a toujours su le faire. Mais tout cela va prendre du temps. La pression sera là aussi. C'est surtout à ça qu'il faut se préparer.

Soyons francs, Victor Wembanyama arrive en terrain presque conquis dans le Texas. Après deux décennies jalonnées de succès à la pelle, marquées par le trio Duncan-Parker-Ginobili, les Spurs ont quelques peines à se trouver un fer de lance. Un leader, surtout. De Kawhi Leonard à DeMar DeRozan, en passant par LaMarcus Aldridge, personne n'est vraiment parvenu à incarner le visage de la franchise.

En deux ans, San Antonio a fait un immense ménage pour se trouver une nouvelle tête d'affiche. Les Texans ont mis toutes les chances de leur côté pour tenter d'attirer Victor Wembanyama. C'est presque avec un costume de messie que le natif du Chesnay arrive. Néanmoins, le Français est un "joueur d'équipe" comme il a tenu à le rappeler à ESPN cette nuit. L'étiquette de leader va pourtant vite lui échoir.

Propulsé pierre angulaire et cœur du projet Spurs d'emblée, "Wemby" débarque dans un environnement très "vert", mais avec une base de qualité. San Antonio possède l'un des effectifs les plus jeunes de la ligue avec pelletée de talents de moins de 25 ans. Avec leur profil de slasher pour attaquer le panier, Keldon Johnson (23 ans) et Devin Vassell (22) sont parvenus à tirer leur épingle du jeu dans ce chantier. Jeremy Sochan (19), Blake Wesley (20) ou encore Malaki Branham (20) ont montré de belles choses depuis quelques mois. Toutefois, aucun ne semble endosser le rôle de star en puissance.

Il ne sera également pas surprenant de voir Gregg Popovich essayer le joueur à plusieurs postes du frontcourt. La présence d'un meneur d'expérience et capable de nourrir le géant français est aussi un sujet. Bien servi par Tremont Waters aux Mets 92, avant le départ de l'Américain, le "big man" français a besoin de cartouches. Reste à savoir qui les Spurs pourront lui flanquer lors de l'intersaison ou si une association avec Tre Jones, drafté en 2020, peut faire mouche.

Le projet de développement est encore conséquent pour Gregg Popovich et son staff. Pour ses premiers pas dans la grande ligue, Victor Wembanyama n'aura pas de "sidekick" ou de lieutenant de choix. Même si tous les joueurs cités sont susceptibles de constituer un noyau très solide pour les années à venir. San Antonio n'est pas une destination "de rêve" pour les agents libres. La maturation du noyau déjà présent sera capitale. Avant d'éventuellement pouvoir attirer quelques beaux poissons de la ligue, qui sait…

"Je vais tout faire pour gagner le plus de matches possibles. Je vais essayer de gagner une bague ASAP (ndlr, dès que possible) donc soyez prêts". Victor Wembanyama a annoncé la couleur d'emblée cette nuit au micro de Brian Windhorst d'ESPN. Bourré d'ambition, le Francilien va devoir se montrer patient.

Car là encore, la question de l'effectif est la principale composante pour viser haut tout de suite. C'est tout l'inverse des époques David Robinson et Tim Duncan où les Texans avaient des bases plus solides et cumulé 35 victoires de plus que l'exercice précédent avec "l'Amiral", 36 avec "The Big Fundamental" qui avait d'ailleurs évolué avec le premier cité.

Dans une Conférence Ouest toujours plus compétitive, les San Antonio Spurs vont devoir se montrer patients. Très patients, même. Il ne serait d'ailleurs pas surprenant de voir les quintuples champions NBA squatter les bas-fonds de la ligue la première saison de "Wemby", à minima. Du temps, il en faudra aux Texans pour trouver la bonne formule autour du géant français. Il faudra également repasser par la draft pour trouver le complément du futur numéro 1. Le projet Wembanyama va prendre du temps.

Ce nouveau "first pick" de la draft rajoute aussi de l'eau au moulin Popovich. Il a beau avoir 74 ans, le boss est encore là. Légende du jeu, "Pop" va donc avoir le loisir de polir un nouveau diamant. Et on peut faire confiance les yeux fermés à la légende texane sur la capacité à développer le talent tricolore. Victor Wembanyama va grandir en tant qu'homme avec Popovich. Tony Parker peut en témoigner.

Mais la question de l'âge du technicien va forcément revenir sur la table. Habitué aux succès pendant près de vingt ans, le natif de l'Indiana a dû se réinventer et a retrouvé du plaisir dans le développement des jeunes talents ces dernières saisons. Mais jusqu'à quand le Hall of Famer va-t-il faire du tableau noir sur les bancs ? Popovich n'est pas éternel. On peut espérer le voir pousser encore quelques années dans le Texas. Mais sa succession à moyen terme sera très scrutée.

C'est aussi la question que tout le monde se pose. La réponse est évidente : oui, Victor Wembanyama a les clefs pour vite se fondre dans le moule de la NBA. Ses prestations ont déjà suscité l'admiration des cadors de la grande ligue, de Stephen Curry à Giannis Antetokounmpo en passant par LeBron James, qui l'avait qualifié d'alien.

Sa capacité à porter le danger dans tous les secteurs de jeu, dans la raquette avec des tirs en mid-range, mais aussi à l'extérieur en font une menace qui sied à merveille aux exigences de la NBA actuelle. Ses qualités défensives, sa taille et surtout son QI basket sont des outils importants dans son arsenal.

Reste donc la grande interrogation physique et sa capacité à se coltiner les golgoths que peuvent représenter les Giannis Antetokounmpo, Joel Embiid, Anthony Davis et autres Nikola Jokic. "Wemby" avait annoncé avoir axé une partie de sa préparation à la NBA sur le plan physique notamment pour aller au cercle. Il lui faudra probablement un peu de temps avant d'être le monstre dominateur qu'on attend, mais le phénomène a déjà pléthore d'atouts dans sa manche. A commencer par sa très probable future franchise, et c'est déjà un sacré point.