Le Grand-Bornand - Lou Jeanmonnot, week-end rose pour dossard jaune : "Je pouvais difficilement faire mieux"
Mis à jour 22/12/2025 à 08:08 GMT+1
Lou Jeanmonnot était passée à un point du dossard jaune à Hochfilzen. Cette fois, après une victoire et trois podiums en trois courses, elle quitte Le Grand-Bornand campée en tête de la Coupe du monde. Malgré sa faculté à pointer ce qu'elle pourrait faire de mieux, la Française a franchi un cap important ces derniers jours. Elle est dans la bonne direction pour être couronnée en fin de saison.
Lou Jeanmonnot termine l'année en jaune
Crédit: Getty Images
Elle aurait signé des deux mains. Des deux bâtons, même. Lou Jeanmonnot est LA grande gagnante du long week-end du Grand-Bornand. En trois courses, la Française a décroché trois podiums : une victoire dans la poursuite et deux deuxièmes places, lors du sprint jeudi et dans la mass start ce dimanche. Comme, dans le même temps, ses principales rivales ont calé dans des largeurs plus ou moins amples, d'Anna Magnusson à Dorothea Wierer en passant par Suvi Minkkinen, elle va passer les fêtes de fin d'année avec le dossard jaune sagement plié au pied de son sapin.
On n'ira pas jusqu'à dire que la Doubiste avait inquiété en tout début de saison, mais elle n'était pas tout à fait elle-même. Physiquement, on pouvait s'attendre à ne pas la trouver pétaradante d'emblée de ce long hiver dont le summum sportif et émotionnel est attendu bien plus tard, du côté de Milan-Cortina. Mais il y avait aussi ce soupçon de nervosité, presque palpable de temps à autre sur le pas de tir. Hochfilzen avait déjà marqué une sensible amélioration. Mais c'est vraiment ces derniers jours, au Grand-Bornand, que Jeanmonnot s'est pleinement retrouvée.
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Jeanmonnot intouchable sur la poursuite : les meilleurs moments de la course en vidéo
Video credit: Eurosport
Que ce soit ici, et maintenant, en ce (haut) lieu du biathlon français qu'elle avait eu tant de mal à dompter jusqu'ici et où elle n'avait jamais brillé, c'est tout sauf anodin. "Ça faisait partie des objectifs de ce week-end, de voir sa capacité à répondre à ses démons, souligne Cyril Burdet, en charge du groupe féminin. J'espère qu'elle a enlevé quelques freins qu'elle se mettait elle-même dans la tête. Ce week-end, elle a été irréprochable, avec trois courses incroyables, notamment aujourd'hui avec le dossard jaune sur le dos."
Ça commence à ressembler à du très beau biathlon
C'était effectivement un autre de ses défis. Depuis le début de sa carrière, chaque fois que Lou Jeanmonnot avait pris le dossard jaune, elle l'avait perdu dès la course suivante. Pas une malédiction, mais sans doute une manière de marquer ses difficultés à gérer ce statut si particulier. Dimanche, cela ne lui a jamais pesé. "Je crois même que le dossard jaune lui a fait du bien", juge le consultant d'Eurosport, Loïs Habert. Il y a vraiment un côté patronne dans sa performance et son comportement ces derniers jours. Patronne du biathlon français. Du biathlon tout court peut-être, même.
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Final incroyable, Kirkeeide impitoyable et triplé manqué : les derniers mètres de la Mass Start
Video credit: Eurosport
Toujours très exigeante envers elle-même, jamais la dernière pour pointer ce qui aurait pu être mieux, la native de Pontarlier accepte cette fois de s'accorder un sacré satisfecit à l'heure de quitter Le Grand-Bornand : "Ça commence à ressembler à du très beau biathlon et c'est très agréable. C'est vraiment bien, je pouvais difficilement faire mieux. Ce sont des courses quasi pleines". Elle pourrait même s'autoriser à supprimer le "quasi", mais, après tout, ce ne serait pas tout à fait elle.
Ce week-end restera en tout cas celui où elle a pris le pouvoir au classement général, avec désormais 68 points d'avance sur Maren Kirkeeide, la jeune et impressionnante Norvégienne, qui a un peu douché l'euphorie bleue dimanche lors de la mass start en venant s'imposer devant Lou Jeanmonot, Justine Braisaz-Bouchet et Camille Bened, dans cet ordre. "Elle a quand même bien amorti son dossard jaune, relève Loïs Habert, elle s'est donné un petit matelas d'écart, elle va pouvoir passer les fêtes sereinement, profiter de la famille qu'elle n'a pas vue depuis deux mois."
L'exigence, une vertu, jusqu'à un certain point
Mais plus que ces considérations comptables, à prendre encore avec quelques pincettes alors que nous atteignons juste le tiers de la saison, c'est l'impression dégagée par la Française qui compte le plus. Elle ne dit d'ailleurs pas autre chose au moment de jauger l'importance de l'avantage qu'elle vient de prendre dans l'optique du classement général. "Il n'y a rien qui est fait, insiste-t-elle. C'est juste de la confiance, une manière d'entrer dans la saison en validant des belles courses." "Elle s'assume, elle était en manque de confiance en ce début de saison parce qu'il y a des choses qu'elle se crée parfois elle-même", témoigne Cyril Burdet.
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"On n'a pas été assez malignes pour rester collées à Kirkeeide"
Video credit: Eurosport
Peut-être Lou Jeanmonnot est-elle parfois sa première adversaire. Son propre frein sur l'autoroute de la gloire. Sa quête d'une forme de perfection la tire incontestablement vers le haut, mais jusqu'à un certain point. Tout est affaire d'équilibre. D'ailleurs, même après son impeccable bilan du Grand-Bornand, elle refuse d'être totalement satisfaite. Dimanche, elle aurait pu gagner et, même si elle ne le dit pas ainsi, à ses yeux, elle aurait dû : "J'aimerais quand même bien valider un beau dernier tir, parce que ça fait deux fois que j'en sors une sur ce dernier tir, voire deux à Hochfilzen. Ce sont encore les points sur lesquels je veux retrouver de l'assurance et de la sérénité."
Accordons-lui cela, elle n'est pas parfaite. C'est vrai, elle peut faire encore mieux. Même au Grand-Bornand, elle avait la place pour faire encore mieux. "Je pouvais difficilement faire mieux". "Des courses quasi pleines". La sémantique doubiste demeure la même. On ne se refait pas. "Mais dans l'ensemble, ça donne de la confiance", finit-elle par sourire. Lou Jeanmonnot pourrait repartir d'Antholz-Anterselva en février avec trois titres et cinq médailles qu'elle vous dirait que, certes, tout ceci n'est pas mal du tout, mais qu'elle a tout de même manqué ceci ou raté cela. Si elle ne se crée pas de nouveaux problèmes toute seule, comme l'évoque le staff, il n'y a pas de raison qu'elle n'enchaîne pas les week-ends où il sera "difficile de faire mieux". Que le Grand-Bornand devienne sa norme.
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