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Biathlon - Les départs de Vincent Vittoz et Patrick Favre : le petit malaise devenu grosse incompréhension

Cyril Morin

Mis à jour 18/03/2023 à 10:51 GMT+1

Vendredi, à Oslo, Vincent Vittoz et Patrick Favre ont annoncé leur départ en fin de saison de leur poste d'entraîneurs de l'équipe de France masculine. Malgré les nombreux succès glanés ces dernières années, le tandem a senti que le moment de tourner la page était venu, notamment après cette saison cauchemar pour le biathlon français. Mais les paroles sont offensives.

Quentin Fillon Maillet dépité.

Crédit: Getty Images

L'annonce a surpris le grand public. Un peu moins les connaisseurs, conscients de la petite crise traversée par le biathlon français cet hiver. Vendredi, à Oslo, juste avant le dernier week-end de compétition, Vincent Vittoz et Patrick Favre ont annoncé leur départ effectif en fin de saison. Les deux entraîneurs de l'équipe de France masculine, émus à en croire les journalistes présents sur place, ont révélé l'ampleur du malaise qui guettait les Bleus.
"On est à la fin d’une histoire, a reconnu Vittoz, les yeux embués. Nous sommes forcés de constater que nous ne sommes plus en phase avec nos athlètes. On était prêt à poursuivre, mais aujourd’hui il y a une rupture dans le discours et on ne peut pas continuer". Arrivés en 2018, les deux hommes avaient surtout connu la victoire avec cette équipe tricolore, entre les derniers succès de Martin Fourcade, les deux titres mondiaux d'Emilien Jacquelin et cette saison 2022 ahurissante de Quentin Fillon-Maillet.
Mais, cet hiver, redémarrer la machine fut plus compliqué, comme ils l'avaient prévu. Résultat, à l'orée de ce dernier week-end, les Bleus n'ont remporté aucune victoire cette saison, une première depuis 27 ans. A écouter Vittoz, c’est surtout la "faillite" des deux leaders tricolores qui provoque cette disette.
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Vincent Vittoz, entraîneur de l'équipe de France

Crédit: Getty Images

Jacquelin et Fillon-Maillet fatalement visés

"Pour Émilien, un athlète dépressif depuis un an et demi, on l’a accompagné, guidé et fait tout ce qui ce qui était possible, rembobine l'ancien fondeur dans des propos relayés par Ski Chrono. On a peut-être même trop donné d’énergie à certains moments et trop cherché à essayer de le ramener dans le droit chemin. Mais on parle de maladie et on n’avait peut-être pas les bonnes réponses non plus. Pour Quentin, sur cette année post olympique, je pense qu’il n’a jamais voulu entendre les messages d’avertissement en disant que ce ne sera pas une année comme les autres, pas avec la même gestion. Il s’est peut-être trompé de lecture, on a essayé de le mettre en garde". Le double champion olympique nous expliquait encore récemment avoir été surpris de cette méthode.
Les deux hommes avouent sans souci leur limites quant à la gestion de ces situations atypiques. Face à l'impasse qu'aurait représenté une année de plus à cohabiter avec les quatre biathlètes majeurs de l'équipe, ils ont donc décidé de se retirer. "Ils sont un peu fatigués d'entendre toujours le même discours, rebondit Patrick Favre, l'entraîneur du tir. On avait beaucoup d'idées pour pouvoir bien faire, mais ça ne colle pas avec les leurs. Notre manière n'est plus acceptée".
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Émilien Jacquelin

Crédit: Getty Images

A Nordic Magazine, Stéphane Bouthiaux, directeur des équipes de biathlon, a avoué sa surprise face à cette annonce : "Je ne m’attendais pas à une décision aussi radicale parce que j’ai toujours tendance à penser qu’en discutant, on peut faire changer les gens d’avis et voir les problèmes de façon différente". "Sur le fond, continue-t-il auprès de L'Equipe, il n'y a pas de réel problème de méthode d'entraînement. C'est au niveau du discours des coaches que les athlètes ne trouvent plus d'évolution".
C'est aussi un décalage générationnel qui a fini par avoir raison de l'alliance entre les entraîneurs tricolores et leurs athlètes. "La chose de différente par rapport à notre époque, que je vois aussi dans la société et que l’on n’arrive peut-être pas à gérer, ce sont les réseaux sociaux. Si tu ne connais pas les athlètes, mais que tu vois les réseaux de certains, ce sont déjà des stars, même ceux qui n’ont rien gagné. Avant de faire la star sur les réseaux, il faut le faire sur la piste et sur le pas de tir. Certains pensent être des stars sans rien faire, et, cela, c’est difficile à coacher. C’est une chose qui n’existait pas à notre époque. On parlait après avoir gagné, maintenant ils parlent avant d’avoir gagné…", assène, cash, Patrick Favre.

Quelle réaction après la poursuite ?

Voilà donc le petit monde du biathlon tricolore ébranlé par une crise qui s'invite sur le terrain médiatique. Joint vendredi par L'Equipe, Emilien Jacquelin, qui a déjà mis un terme à sa saison, a refusé, justement, de remettre une pièce dans la machine. "Je ne sais pas s'il y a intérêt à parler à chaud, a-t-il expliqué. Je ne veux pas que ça parte dans tous les sens. C'est une période qui n'est pas simple pour les athlètes, pour les gars qui courent encore. Je préfère attendre avant de parler".
Mais, ce samedi, face aux mots employés, il a tenu à réagir sur son compte Twitter. "Affirmer que quelqu’un est dépressif ou malade, est du ressort d’un médecin. L’annoncer publiquement sans l’accord de la personne trahit le secret médical. La dépression est un sujet important, difficile, s’en servir pour expliquer un manque de performance est maladroit", a-t-il avancé.
Fillon-Maillet, Antonin Guigonnat, Fabien Claude et les autres risquent eux aussi de devoir s'exprimer. Ce samedi, ils sont attendus au départ de la poursuite, histoire de sauver quelque peu le bilan français de la saison. Histoire de tourner la page, aussi, et ouvrir un nouveau chapitre. Pour le bien de tout le monde, visiblement.
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