Mondiaux 2024 / "On voit la puissance du biathlon" : Les Français savourent leur incroyable remontée

Le biathlon a cela de cruel que tout, absolument tout, peut être remis en cause à chaque passage sur le pas de tir. Vetle Christiansen en a fait l’amère expérience ce samedi. Alors que la Norvège était engagée sur un boulevard menant jusqu’au sacre mondial, le biathlète de 31 ans a complètement perdu pied sur son tir debout, offrant bien malgré lui la médaille d’or à la Suède. C’est sans doute l’image que l’on retiendra du relais masculin des Mondiaux de Nové Mesto, haletant et renversant à plusieurs titres. La France en sait quelque chose.

Les Bleus ont terminé sur la troisième marche du podium. Dit comme ça, il n’y a peut-être pas de quoi s’extasier. Il convient toutefois de préciser que les vice-champions olympiques en titre revenaient de très, très loin. Leur affaire était mal engagée après le passage d’Éric Perrot, le premier relayeur, qui a pioché à six reprises et est allé sur l’anneau de pénalité. Elle paraissait quasiment désespérée lorsque Fabien Claude est allé tourner deux fois dès son tir couché. À ce moment-là, la France était dix-septième, à 1'10'' de la tête de course. Autrement dit, un gouffre.

Le Spinalien a heureusement bien fini son relais, avant de transmettre le témoin à Émilien Jacquelin. "À l’expérience, je me dis qu’il y a deux options, a rejoué ce dernier au micro d’Eurosport. Soit faire un all-in pour essayer de remonter, soit être conscient que faire un bon relais, ça suffisait pour remonter et remettre l’équipe sur les rails." L’Isérois a opté pour la seconde option, et bien lui en a pris, puisqu’il a replacé la France dans la lutte pour la médaille (5e). "Je suis content d’être resté calme et de n’avoir pas fait n’importe quoi !", s’est-il félicité.

S’il reconnaissait avoir "un peu ragé" en voyant son équipe accumuler du retard en début de course, QFM a fait parler sa forme du moment et son expérience pour donner aux Tricolores toutes les raisons d’y croire dans le final. "J’ai donné le max, c’était du biathlon en confrontation, a-t-il analysé. J’ai essayé de mettre les Allemands dans le rouge." Impérial sur le tir couché, le quintuple médaillé olympique aurait même pu espérer rafler le gros lot sans une petite faute sur le debout. "Ça se joue à rien. On avait l’or dans les jambes, un peu moins dans les doigts, c’est malgré tout une médaille", a souligné le Franc-Comtois.

Au moment de faire le bilan, Perrot et Claude n’ont pas manqué de saluer la performance majuscule de leurs deux coéquipiers, qui ont rendu cette remontée insensée possible. "J’étais détruit après mon relais, dégoûté", a avoué le premier. Avant d’ajouter : "On a galéré avec Fabien, on est dans le même bateau. Émilien et Quentin ont totalement fait basculer l’équipe vers le podium, c’est magnifique." "On voit la puissance du biathlon, a insisté le second. Ça prouve qu’il faut y croire jusqu’au bout."

Cette première médaille obtenue à 100% par le groupe masculin à Nove Mesto (contre six pour les féminines et deux sur les relais mixtes) redonne aussi le sourire à un collectif qui fait la grimace depuis le début de la saison. À un mois du terme de l’édition 2023-24, aucun Français n’est monté sur un podium individuel en Coupe du monde. Le résultat inespéré obtenu ce samedi prouve au moins que Jacquelin, Fillon Maillet et consorts n’ont pas dit leur dernier mot. Ils auront l’occasion de le montrer à nouveau sur la mass-start, dimanche.