Mondiaux de Nove Mesto : La Norvège est la grande favorite, mais la France peut lui faire de l'ombre

Deux armadas s'apprêtent à se faire face sur les skis et face aux cibles tchèques. D'un côté, peut-être la meilleure équipe norvégienne de l'histoire du biathlon international chez les messieurs. De l'autre, une sélection française d'une densité exceptionnelle chez les dames. Dès mercredi à Nove Mesto lors du relais mixte qui ouvrira les championnats du monde, la bataille pourrait faire rage entre la Norvège et la France pour l'or et ainsi lancer une rivalité qui s'annonce alléchante au vu de ce qui s'est passé lors des six premières manches de Coupe du monde de l'hiver.

Les chiffres sont formels, la France est le seul pays en capacité de contester un tant soit peu l'hégémonie norvégienne annoncée. Elle le doit donc quasiment uniquement à son équipe féminine aux résultats époustouflants : 8 victoires sur 14 courses individuelles – 4 pour Justine Braisaz-Bouchet, 2 chacune pour Julia Simon et Lou Jeanmonnot –, 15 places sur le podium sur 42 possibles et deux victoires lors des deux derniers relais. Il n'y a eu que quatre courses individuelles depuis le début de saison lors desquelles les Bleues n'ont pas pris l'une des trois premières places. De quoi espérer multiplier les médailles dans les jours à venir.

"Nous avons des athlètes à très haut potentiel, confirme à Eurosport Stéphane Bouthiaux, directeur des équipes de France. Justine et Julia, on les voit venir depuis très longtemps, on savait que Lou avait un gros moteur et que c'était une super tireuse, donc on se doutait bien que ça allait performer à un moment ou à un autre. A ce niveau-là dès cette saison, on n'en aurait pas mis nos mains à couper. C'est une réussite insolente oui, mais il y a aussi dans ce groupe une très forte émulation. D'autres jeunes arrivent derrière qui sont très fortes."

Avec trois Françaises – Braisaz-Bouchet (2e), Simon (4e) et Jeanmonnot (6e) – parmi les six premières du classement général de la Coupe du monde (sans oublier Sophie Chauveau qui est aussi montée sur la boîte à Oberhof), le potentiel de médailles est d'autant plus important que la densité est au rendez-vous. Mais à ce petit jeu-là, la Norvège n'a pas d'égal. Car si le collectif tricolore semble plus fort chez les féminines – Ingrid Tandrevold (leader de la Coupe du monde), Juni Arnekleiv et Karoline Knotten ayant néanmoins des arguments de poids –, la domination norvégienne chez les messieurs est tout simplement ahurissante.

Alors même que le monstre Johannes Boe semble plus prenable, malgré son dossard jaune, la concurrence vient donc de ses propres compatriotes. Là encore, les chiffres sont éloquents : ils sont six aux six premières places du classement général de la Coupe du monde (Johannes Boe, Johannes Dale-Skjevdal, Tarjei Boe, Vetle Sjaastad Christiansen, Endre Stroemsheim et Sturla Holm Laegreid), ont réalisé six triplés (dont un quintuplé sur la poursuite d'Oberhof) et ont récolté 31 places sur les 42 possibles sur les podiums cet hiver. Aucune des 14 courses individuelles masculines ne s'est terminée sans un Norvégien sur la boîte.

Le contraste est saisissant avec l'état des lieux dans l'équipe de France masculine : 15e au classement général, Emilien Jacquelin est le premier Bleu et aucun d'entre eux n'a réussi à finir une épreuve dans les trois premiers. "Avec l'équipe de France masculine, on fait une saison qui est en-dessous de nos ambitions bien entendu, mais on a eu des signaux plutôt positifs fin janvier en termes de progression. Ils arrivent avec les dents longues et vraiment l'envie de bien faire, d'aller chercher des podiums si c'est possible, voire mieux. Donc ça peut être le début d'une nouvelle histoire", constate néanmoins Stéphane Bouthiaux.

Et pour cause, sur les quatre dernières courses individuelles, Jacquelin et Quentin Fillon Maillet ont échoué à trois reprises au pied du podium, respectivement deux fois à Ruhpolding pour le premier et une fois à Antholz-Anterselva pour le second. Ces Mondiaux ne comptant pas dans la course au globe de cristal, ils peuvent aussi être pris comme une bouffée d'air frais et une opportunité de surperformer par rapport au reste de la saison.

La météo difficile avec peu de neige et des rafales de vent pourrait aussi bousculer la hiérarchie. "Les conditions atmosphériques peuvent rebattre les cartes, mais on a déjà montré dans ces conditions-là l'an dernier aux Mondiaux à Oberhof et à Pékin aux Jeux qu'on avait un certain savoir-faire. Les surprises sont possibles avec ces conditions-là, ça permet à sans doute plus d'athlètes de croire en leurs chances", fait enfin valoir le directeur des équipes de France.

Forte également de sa domination en relais (sauf chez les dames), la Norvège s'avance donc comme la grande favorite au classement des médailles et la France comme une solide dauphine sur le papier, prête à surgir. C'est tout le charme d'une compétition où des médailles sont en jeu, de courses d'un jour où tout est possible. A nos Bleues de confirmer et à nos Bleus de surprendre. C'est tout le mal qu'on peut leur souhaiter.