Biathlon - Nove Mesto - "C'est un peu l'histoire de ma carrière…" : Jacquelin, en mode revanchard

Il est décidément très étonnant. Malgré un petit coup de froid et des Mondiaux frustrants, Emilien Jacquelin a sorti la course qu'il fallait sur le sprint de Nove Mesto (République Thcèque), ce jeudi. Auteur d'un sans-faute au tir et d'un très bon temps de ski, le Grenoblois a parfaitement rebondi en répondant de la meilleure des manières, sur les skis, au staff français qui ne l'avait pas retenu sur le relais suite à des performances décevantes sur les épreuves individuelles. "Les coachs ont réussi leur pari, puisque leur but (en ne le sélectionnant pas pour le relais hommes des mondiaux, ndlr) était de le secouer", a révélé Fabien Claude (20e) au micro de la Chaîne L'Equipe, après la course.

Après sa victoire, c'est un Emilien Jacquelin apaisé et satisfait qui se réjouissait de sa deuxième victoire de la saison, la cinquième de sa carrière. "C'est un peu l'histoire de ma carrière, avoir des hauts et des bas, des passages où je n'ai pas confiance en moi. Après des Mondiaux compliqués, c'est bien de pouvoir sortir la tête de l'eau", confie-t-il. C'est peu dire qu'il est passé à côté du rendez-vous à Lenzerheide. Après une victoire sur le relais mixte, il a rencontré de grosses difficultés au tir sur le sprint (15e), la poursuite (19e) et enfin l'individuel (67e), où il avait totalement lâché. Ce jeudi, il s'est totalement repris, remonté comme un coucou et libéré dans son approche de la course, malgré un petit rhume qui le handicape, lui et Eric Perrot, 4e de la course à 9/10 au tir.

"J'étais juste concentré sur le fait de faire la plus belle course que je pouvais. Je suis un peu malade depuis hier, a avoué l'Isérois. Aujourd'hui, je ne suis pas en super forme, je me suis dit peut-être que je peux quand même bien tirer, pas forcément avoir le meilleur rythme, mais faire de mon mieux et faire une belle course. Je suis content parce que ça a fonctionné." Ce détachement lui a permis de réaliser deux tirs de haute volée, et comme sur le sprint de Kontiolahti en décembre, son sans-faute l'a mené sur la plus haute marche du podium.

Plus encore, cette victoire lui permet d'encore croire au globe du sprint. Grâce à son succès devant Tommaso Giacomel et Johannes Boe, il revient à 17 points de la légende norvégienne, alors qu'il ne reste qu'un sprint à disputer. Ce sera à Oslo, dans un environnement hostile, mais qui sait ? Avec la pression du moment, il y aura peut-être un coup à jouer. Il reprend aussi la troisième place au général à Eric Perrot, loin derrière Johannes Boe et Sturla Laegreid qui dominent de la tête et des épaules ce classement.

Forcément, l'épisode suisse a été difficile à avaler pour le vainqueur du jour, qui a confié avoir cherché à se vider la tête durant ces derniers jours, passés en Suède à Stockholm, avec d’autres membres de l'équipe de France. "J'ai essayé de penser à autre chose, je n'ai dû tirer qu'une seule fois", a-t-il expliqué au micro de la FFS. Cette victoire pourrait même constituer un déclic pour lui. "J'ai réussi à faire ce que je sais faire avec un peu plus de naturel, une chose que je recherchais ces dernières semaines. C'est surtout ça qui me rend fier ce soir." A Kontiolahti, il n'avait pas eu l'occasion de défendre sa première place puisqu'aucune poursuite n'était au programme. Ce samedi, il pourrait bien prolonger cette fierté et continuer à prouver qu'il faut compter sur lui.