Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Championnats du monde de canoë-kayak - Nicolas Gestin, "un homme pressé" au cœur de la nouvelle vague du canoë français

Fabien Esvan

Mis à jour 05/10/2023 à 12:03 GMT+2

Il est l'un des céistes en vogue du moment. A 22 ans, Nicolas Gestin est en train de se faire une sacrée place au soleil chez les grands. Au sein d'une équipe de France aussi riche que talentueuse, le Breton sera l'une des têtes d'affiche des Bleus aux Mondiaux à Augsbourg (du 26 au 31 juillet). Avec les Jeux de Paris dans un coin de la tête, forcément. Portrait.

Colossal Gestin : un premier succès en Coupe du monde et un sacré message

Le canoë-kayak français a de beaux jours devant lui. Presque un adage. Considéré comme l'une des meilleures écoles de l'histoire, l'académie bleue continue sa production de jeunes sensations et ce, malgré une dernière olympiade mitigée. Auteur d'un début de Coupe du monde sensationnel, Nicolas Gestin incarne cette nouvelle vague pleine de promesses.
Habitué aux titres et aux performances de choix chez les jeunes, en vue lors de ses premières sorties chez les séniors, le céiste tricolore débarque avec le plein d'ambitions à Augsbourg pour ses deuxièmes Championnats du monde chez les séniors, un an après sa quatrième place à Bratislava. Avec un temps d'avance, comme il a toujours essayé de le faire depuis ses premiers coups de pagaie dans le sud du Finistère.
picture

Nicolas Gestin lors de la première étape de Coupe du monde de canoe/kayak slalom à Prague, juin 2022.

Crédit: Eurosport

Prendre le "train" en avance, comme toujours

Car le Breton a toujours gravi les échelons à vitesse grand V. "Tout a toujours été très vite pour moi, nous explique-t-il. Dès les juniors, j'ai été invité pour des Coupes du monde, chez les séniors où j'avais réussi à faire des finales. J'ai connu mes premières saisons chez les U23 et j'ai eu la chance et j'ai réussi à vite décrocher des titres. Disons que je suis pressé et j'espère ne pas être en retard sur les prochains temps de passage", avance le double champion du monde U23 en 2019 et 2021.
Auteur d'un début de saison remarqué avec deux podiums en Coupe du monde et notamment une victoire à Cracovie pour sa première saison complète chez les séniors, le céiste se satisfait d'avoir coché les premières cases de sa feuille de route. "J’avais envie d’apprendre à gagner chez les grands. Ce n’était pas une surprise pour moi, mais j’étais ravi de pouvoir performer dès la première Coupe du monde et de confirmer dès la deuxième."
Brillant chez les jeunes, Gestin s'est surtout offert une bouffée d'oxygène rapide et forcément bienvenue en ce début de saison chez les (très) grands. "C’est compliqué car d'un côté, on s'y attend, mais de l'autre, on se demande quand ça va tomber. Je suis content que ce soit arrivé tôt. On a mis plein de choses en place cette année et ça valide des étapes."

Le modèle Estanguet… jusqu'au bateau

Pressé donc, mais toujours terre à terre, Gestin espère bien sûr marcher sur les traces des très grands et notamment Tony Estanguet. "Estanguet pour nous, c'est celui qui a montré la voie. Une carrière 'à la Estanguet', forcément ça ne peut que faire rêver. J'ai grandi en regardant un tas de vidéos de Tony, j'ai toujours été fan, j'essayais de reproduire ses gestes", abonde le céiste qui n'en oublie pas de saluer le reste de la meute bleue et notamment celle de l'Ouest. "On a de la chance d'avoir un vivier énorme en France. Dans mes premières années, j'ai été derrière des noms comme (Fabien) Lefèvre et (Sébastien) Combot en Bretagne. J'essaie de faire mon chemin à moi maintenant."
picture

En 2012, Tony Estanguet décrochait son 3e titre olympique à Londres

Si le triple champion olympique est forcément une source d'inspiration sur l'eau, il l'est aussi sur le plan "matériel", comme le confie Gestin. "J'ai déjà eu la chance d'échanger rapidement avec lui, notamment de matériel parce que j'utilise encore 'son bateau'. Il a utilisé une forme pendant les Jeux de Londres en 2012 et je suis tombé accro. Je suis un des rares à utiliser une forme aussi 'peu récente', qui a déjà dix ans."

Un "académicien" nourri aux grandes échéances

Inspiré par les grands, l'actuel troisième de la Coupe du monde fait pourtant "son chemin à lui". Le style a son importance comme il le rappelle. "On dit souvent de moi que j’ai un style académique. J’ai appris à faire du canoë avec des convictions techniques avec une main supérieure très haute sur ma pagaie, un bateau très à plat, un style classique plutôt en utilisant les mouvements d’eau et l'équilibre de mon bateau pour générer un maximum de vitesse. La grande richesse de notre sport, c'est qu'il y a toutes sortes de physiques et de stratégies sur l’eau."
Au niveau mental, il faut être fort. On se prépare toute une année pour une course d'une minute trente...
A l'aise sur les fondamentaux, le céiste insiste également sur le plaisir pris sur l'eau, le "gros moteur" à conjuguer avec les dimensions physique et mentale. "Il faut savoir tout faire. C'est un engagement physique très important. Il y a des chaînes musculaires qui doivent travailler ensemble et bien s’imbriquer. Au niveau mental, il faut être fort. On se prépare toute une année pour une course d'une minute trente. Il faut savoir réunir toutes les conditions au bon moment avec calme, garder la tête froide et en même temps avoir cette notion d'engagement la plus présente possible."
Bien qu'il prenne les grandes compétitions les unes après les autres, ce Mondial allemand compris, Gestin aborde pourtant chacune de ses sorties avec Paris 2024 dans un coin de la tête. "C’est un rêve, un moteur dans la préparation. C’est ce pour quoi je me lève le matin. J’essaye de m’accrocher à ce moment-là, de l’imaginer et c’est ce qui me motive." Suffisant pour mettre de l'huile dans le moteur et rivaliser avec les très grands, y compris ses coéquipiers de l'équipe de France de canoë, emmenée par Denis Gargaud, le champion olympique de Rio.
picture

Gestin : "Paris 2024, j'imagine souvent un moment partagé avec des supporters et des céistes"

L'appétit vient en gagnant

Rassuré par ses premières sorties en Coupe du monde, boosté par le stage de préparation sur le bassin allemand il y a quelques jours, le céiste du CKC Quimperlé veut désormais s'installer dans la durée au sommet de la hiérarchie mondiale. "Il faut être conquérant. Tout le travail qu’on a fait cet hiver doit payer maintenant. Il faut ajuster la mire, tout régler au bon endroit, au bon moment, être vigilant. Il faut aborder le Mondial avec beaucoup d’appétit, garder la tête froide. Il faut que je joue ma carte à fond. C’est si je ne joue pas que je serais frustré."
Malgré une sortie de route prématurée lors de la dernière étape de Coupe du monde, en Slovénie à Tacen, Nicolas Gestin est plus déterminé que jamais avant le rendez-vous de l'année. "On a encore beaucoup d'appétit. L'échéance terminale, elle arrive là, à Augsbourg et je suis déjà très content des repères que j'ai pu prendre sur les Coupes du monde avec deux podiums et une demi-finale en Slovénie. Je suis plutôt confiant pour la suite."
picture

Gestin : "Je ne peux pas y croire, ce n'était clairement pas parfait dans l'eau !"

Et même si le plateau sera XXL cette semaine en Bavière avec des champions olympiques et du monde à la pelle, Gestin ne compte pas faire de la figuration aux côtés des idoles. "L’objectif, c’est clairement de ramener l’or. Il n’y a pas de deuxième place ou de troisième place. Quand on est en Coupe du monde ou aux Championnats du monde et qu’on représente la France, on se doit de tout donner pour aller chercher l’or."
Alors que l'Allemand Sideris Tasiadis, troisième aux Jeux de Tokyo, a notamment impressionné sur les quelques sorties dans "son" bassin, les Bleus et Nicolas Gestin seront bourrés d'ambitions en Allemagne. "J’arrive avec les crocs avec beaucoup d’envie et je n’ai pas peur." La concurrence est prévenue.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité