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L'état de grâce

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ParEurosport

Mis à jour 18/04/2011 à 10:54 GMT+2

Philippe Gilbert (Omega Pharma) a fait preuve d'une autorité et d'un calme impressionnants dans le final de l'Amstel Gold Race dimanche. A 28 ans, le Belge est au sommet de son art. Il maîtrise tout. Le meilleur coureur de classiques du monde, c'est lui. Sans la moindre contestation.

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Crédit: Eurosport

Oscar Freire parle rarement pour ne rien dire. Alors, quand l'Espagnol est venu féliciter Philippe Gilbert après l'arrivée de l'Amstel Gold Race, expliquant qu'il n'avait "jamais vu" une performance comme celle du Belge dimanche, cela donne une idée du niveau où se situe le natif de Verviers. Le message a touché l'intéressé. Droit au coeur. "Quand un grand coureur comme Freire, un triple champion du monde, qui a gagné tant de grandes courses, vous fait un compliment comme ça, ça fait vraiment plaisir", avoue Gilbert, avant d'ajouter: "il faudra sans doute que je vois les images pour comprendre ce que j'ai réussi. Pour l'instant, c'est difficile pour moi de juger".
Le verdict de Freire est pourtant le bon. Pas de doute. Le propre du grand champion est d'être au rendez-vous qu'il s'est lui-même fixé. Gilbert n'avait laissé à personne le soin de rappeler à quel point le triptyque ardennais était déterminant à ses yeux. Il ne s'agissait pas de se mettre la pression, mais simplement de ne pas se cacher. "C'est la semaine la plus importante de la saison pour moi et je ne voulais pas décevoir", a-t-il encore rappelé dimanche, avec dans les bras son petit garçon de six mois, Alan. Les statistiques étaient contre lui. Aucun des 30 derniers tenants du titre de l'Amstel n'avait réussi à doubler la mise. Il l'a fait. L'expérience de ce printemps 2011 pouvait également lui faire craindre le pire. Aucun des grands favoris des classiques n'avait réussi à s'imposer jusqu'ici, pas même Fabian Cancellara sur le Ronde ou à Roubaix. Gilbert, lui, l'a fait.
Tout pour la Doyenne
Personne ne lui a fait de cadeau dimanche. Dans le final, quand Andy Schleck est parti, pas une équipe, pas un coureur n'a relayé. Gilbert a alors montré qu'il n'avait pas seulement du talent, ce dont plus personne ne peut raisonnablement douter, mais aussi le sang froid qui fait les grands champions. Le soutien de ses équipiers, Jurgen Van den Broeck (après le Keutenberg) et Jelle Vanendert (dans les 10 derniers kilomètres), a été très précieux. Sans eux, peut-être n'aurait-il pas pu s'imposer au sommet du Cauberg. Mais c'est bien lui qui a été à la baguette, dirigeant la manœuvre sans jamais douter de l'issue. "Andy est parti au bon moment, raconte-t-il, mais j’ai dit à Jelle de ne pas revenir trop vite sur lui, pour ne pas nous exposer à un contreIl fallait le garder en point de mire. J'avais confiance, on n'a pas paniqué. J'ai toujours été très calme."
Depuis l'automne 2009, qui l'avait vu enchainé des victoires dans le Tour du Piémont, Milan-Turin, Paris-Tours et le Tour de Lombardie, Philippe Gilbert a changé de dimension. Voilà un an et demi qu'il surfe sur cette vague. Bien décidé à profiter de ses meilleures années, la star d'Omega Pharma Lotto se forge un palmarès enviable dont personne ne peut définir aujourd'hui les limites. Quand on lui demande s'il n'est pas aujourd'hui le coureur le plus complet du monde, il n'a pas contredit. "Oui, je peux gagner le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Lombardie ou l'Amstel, dit-il sans la moindre morgue. Je ne dis pas que je suis le meilleur ou le deuxième meilleur coureur du monde. On jugera ça à la fin de ma carrière. Pour l'instant, je veux courir avec toute ma passion et prendre tout ce que je peux prendre."
La moisson continue donc et il est légitime de penser qu'elle pourrait se poursuivre cette semaine. Même si, pour lui, l'Amstel est sans doute la course la plus "simple" à gagner. La Flèche Wallonne est peu sélective et le Mur de Huy ne lui plait que modérément. Reste Liège-Bastogne-Liège. Il ne le dit pas, mais on parierait que Gilbert échangerait volontiers ses deux victoires dans l'Amstel pour une Doyenne. C'est sa course. La seule, avec le Championnat du monde, susceptible de le faire rêver d'ici la retraite. Avec le côté affectif en plus pour un Wallon en ce qui concerne Liège. "Tout le monde sait que je veux gagner là-bas", dit-il dans un sourire. Et lui sait que tout le monde sera contre lui. Un défi à sa mesure.
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