Critérium du Dauphiné : Froome et Contador vont pouvoir se jauger en vue du Tour de France

Pour leur ultime grand rendez-vous avant le départ de la Grande Boucle, dans un mois, les deux vainqueurs du Tour de France (2013 pour Froome, 2007 et 2009 pour Contador) s'affrontent sur un terrain montagneux. Avec, pour point d'orgue prévisible, le final de la 7e et avant-dernière étape par la Forclaz et la montée jusqu'au barrage suisse d'Emosson, tout près de la frontière française.

Froome, qui n'a plus couru depuis son succès début mai au Tour de Romandie, et Contador, absent des pelotons depuis sa victoire au Tour du Pays Basque à la mi-avril, ont sacrifié le mois de mai à l'entraînement. Tout comme le troisième favori dans la course au maillot jaune. L'Italien Vincenzo Nibali, vainqueur du Giro 2013, a lui aussi tout axé cette saison sur le Tour. Tous trois utilisent le Dauphiné comme une répétition de juillet, un examen de passage que les deux derniers vainqueurs du Tour ont réussi haut la main. L'an passé, Froome avait imité son compatriote Bradley Wiggins (vainqueur en 2012) et pris rang de grand favori après un parcours sans faute dans les cols alpestres.

A Lyon, le Britannique se présente dans les meilleures conditions. Les problèmes de santé qui ont contrarié son début de saison semblent lointains. Quant à son équipe, elle lui est toute dévouée en l'absence de Wiggins, qui sauf surprise sera, écarté du prochain Tour. L'Australien Richie Porte, deuxième du Dauphiné l'an passé, est lui toujours présent à ses côtés. En cas d'une improbable défaillance de son leader, le vainqueur du Paris-Nice 2013 pourrait être une solution de secours plus que crédible pour la Sky. "Richie est dans une très grande condition en ce moment et a le potentiel pour monter sur le podium (du Tour)" avait d'ailleurs déclaré lui-même Froome, dans un article du site anglais Mirror.co.uk.

Pour Contador aussi, les clignotants semblent être au vert. L'Espagnol, dominé l'an passé par Froome en montagne, a retrouvé la verve qu'il possédait avant sa suspension (février-août 2012). Depuis le début de l'année, l'ancien double vainqueur du Tour (2007, 2009) a gagné avec éclat Tirreno-Adriatico et le Tour du Pays Basque. Son coup de force lors de la 5e étape avait marqué les esprits, avec une victoire en solitaire à Guardiagrele après 40 kilomètres de raid. "Il va affiner sa condition. Le Dauphiné est une course difficile, parfaite pour préparer le Tour", estime son directeur sportif, Philippe Mauduit. Comprenez qu'il ne visera pas la victoire à tout prix au départ à Lyon, lui qui n'a pourtant jamais remporté le Dauphiné. "D'ailleurs, gagner pourrait me mettre le doute" avoue-t-il sur letour.fr, expliquant vouloir retarder son pic de forme le plus tard possible. Pour la troisième semaine annoncée décisive de la Grand Boucle.

Leur présence permet en tout cas aux autres candidats du classement général de se jauger. L'Américain Tejay Van Garderen ("je vais tester mes limites", dit-il), son compatriote Andrew Talansky et le Polonais Michal Kwiatkowski incarnent la jeune génération tout comme le Français Romain Bardet associé à son aîné Jean-Christophe Péraud, leaders d'une formation AG2R La Mondiale qui s'était auto-suspendue l'an passé. Si tous se projettent déjà vers le Tour, d'autres viennent sur la lancée du Tour d'Italie pour l'épreuve organisée par ASO. Avec le risque d'accuser la fatigue, ce que sont en droit de redouter le Néerlandais Wilco Kelderman (7e du Giro) et le Canadien Ryder Hesjedal (9e en Italie).

Dès le deuxième jour, l'arrivée au col de Béal (13,6km à 6,6%) dans le Massif Central doit donner le ton. La suite réserve des étapes souvent accidentées, qui laissent peu d'espace pour les rares sprinteurs présents dans le peloton des 21 équipes (Démare, Nizzolo, Hushovd, Impey, voire Meersman et Alaphilippe).

Le terrain avantage, en revanche, les attaquants. Dans cette catégorie, le cyclisme français attend beaucoup de ses valeurs sûres (Voeckler, Sy. Chavanel, Vichot) après les satisfactions en tous genres du Giro. Voeckler, vainqueur d'étape l'an passé, a rappelé l'importance de la course: "Au Dauphiné, je ne suis pas en recherche de motivation, c'est un objectif naturel."