Le numéro de Botero

On avait annoncé cette 6e étape du Dauphiné comme l'étape reine de l'épreuve. Tout simplement parce qu'elle était digne du Tour de France avec 155 km entre Albertville et Avoriaz par-delà six cols, quatre de première catégorie et un hors-catégorie. Tout était donc réuni pour que l'on assiste à une grande bagarre entre les favoris à la victoire finale. Et pour la première fois depuis le début de la semaine, elle a bien eu lieu cette bagarre. Avec au final, le retour cinglant du Colombien Santiago Botero.

Le leader de la Phonak s'est imposé en solitaire et en costaud à Morzine-Avoriaz. Personne n'est parvenu à suivre le rythme retrouvé du grimpeur dans le terrible et fameux Col de Joux-Plane.

Personne excepté le Français David Moncoutié (Cofidis) qui a fait la course en tête avec le Colombien. Avant de s'effacer et de concéder sur la ligne d'arrivée 23 petites secondes.

"J'avais fait le plus dur en revenant sur lui dans le Joux-Plane, a expliqué Moncoutié. J'avais les jambes mais lui était tout de même un ton au dessus. J'aurais bien aimé la gagner cette étape. Ce n'est pas trop grave. J'ai fait ce que j'ai pu. L'essentiel est que je monte en puissance. A quelques jours du départ du Tour de France, c'est bien."

Pas déçu Moncoutié ou peut-être un peu. Du côté de la direction de la maison Cofidis, on affiche clairement sa grande satisfaction à l'issue de cette journée.

"Il ne pouvait rien faire face à Botero, nous a avoué Francis Vanlondersele, le manager de l'équipe française. David (Moncoutié) monte en puissance, il l'a prouvé sur cette étape. Il tient plus que la distance en montagne puisqu'il termine devant les gros bras du peloton. Il est 6e au général à quelques secondes des meilleurs Armstrong, Leipheimer, Vinokourov.... Franchement, on peut lui tirer un grand coup de chapeau. Il va conforter sa première place de premier français au classement Pro Tour. Je ne m'attendais pas à pareille performance. C'est plus que rassurant avant le Tour de France..."

Botero et Moncoutié, les deux hommes forts de la journée. Avec tout de même un niveau plus haut pour Botero. Car, non seulement le Colombien a dominé cette étape alpestre en distançant à l'arrivée Armstrong, Vinokourov et compères de 2'50" mais il aurait pu s'emparer du maillot jaune et bleu de leader.

Pour 49 petites secondes, l'Espagnol Landaluze (Euskaltel), 13e de l'étape à plus de 4 minutes, a réussi à conserver son bien. Au courage.

"Je me suis battu tout seul car nous ne sommes plus nombreux dans l'équipe (4 coureurs), a convenu Inigo Landaluze au micro de France Télévisions. Je me suis accroché et ça a marché. Je ne sais pas si ça suffira pour gagner ce Dauphiné. L'étape de dimanche est difficile et cela va attaquer. Mais je vais essayer tout dépend de ma récupération et si j'ai encore de bonnes jambes."

Landaluze tout près de l'exploit. S'il conserve son maillot jaune et bleu dimanche à Sallanches, il succéderait à son compatriote et coéquipier Iban Mayo vainqueur l'an passé sur le Dauhpiné.

"Ce serait un bel exploit pour notre équipe de réaliser le doublé", a reconnu Landaluze. Sauf que Botero, Leipheimer (Gerolsteiner), Armstrong (Discovery-Channel), Vinokourov (T-Mobile) et Moncoutié, tous à moins de trois minutes au général, pourraient déclencher une nouvelle bagarre pour essayer de déloger de la première place le "petit" Basque.

D'autant que le profil est idéal aux offensives avec 128 km entre Avoriaz et Sallanches par-delà 8 côtes de 4e catégorie. Bref, cette 7e et dernière étape casse-pattes pourrait nous réserver un épilogue à grand spectacle.