Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout
Opinion
Cyclisme

En attendant le réveil de Peter Sagan

Benoît Vittek

Mis à jour 30/04/2019 à 09:44 GMT+2

Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) a traversé le printemps comme l'ombre de lui-même et, s'il n'a pas été ridicule, il a parfois fait peine à voir, loin de ses standards étourdissants. Le sport a horreur du vide et la place qu'il occupait a rapidement été comblée, dans son équipe comme sur les hauteurs du cyclisme.

Peter Sagan (Bora-Hansgrohe sur La Flèche Wallonne 2019

Crédit: Getty Images

Peter Sagan n'est toujours pas un coureur comme les autres. L'arc-en-ciel sur ses maillots se limite désormais à un liseré, mais le champion de Slovaquie reste à part. Il a rasé son bouc, dompté sa chevelure flamboyante et son sourire s'est éteint, mais il déclenche toujours acclamations et hystérie lors de ses apparitions. Il a semblé traverser le printemps comme l'ombre de lui-même, y compris sur le vélo (ça reste l'essentiel, même pour la rock-star de la Petite Reine), mais il en ressort avec deux solides tops 5 à Sanremo et Roubaix et était à l'avant (sans franchement peser) sur le Tour des Flandres.
En somme, on a vu un Sagan en retrait après quelques saisons lumineuses - il avance notamment l'argument, légitime, d'un méchant virus en février quand la rumeur se concentre sur sa vie privée - mais pas à la ramasse, avant qu'il apparaisse au bout du rouleau sur l'Amstel et la Flèche. Laissons-lui le temps de souffler, avec un tour aux États-Unis, où il va conjuguer entraînement et délassement avant de reprendre sur le Tour de Californie. Bref, ne lynchons pas Sagan après l'avoir léché - et lâchons-le un peu, le temps qu'il se retrouve.
L'ex-champion du monde reste un champion unique. Et pendant qu'il se cherche, le grand monde de la Petite Reine voit bien qu'il n'est pas obligé de tourner autour de l'astre le plus flamboyant de ces dernières années, porteur d'un nouveau souffle très attendu au début des années 2010. La première preuve qu'une vie sans Sagan peut être brillante nous est apportée par son équipe, qui signe un superbe début de saison (19 victoires) ; la seconde par l'enthousiasme suscité par les courses et les champions de ce printemps 2019.
Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) sur Paris-Roubaix 2019

Pas de Sagan ? Pas de problème pour Bora

Dimanche, le forfait de Peter Sagan à Liège n'a pas empêché les Bora-Hansgrohe de briller par leur force collective et de prendre les 2e et 3e places derrière l'intouchable Jakob Fuglsang. Les hommes en noir et vert ont couvert tous les mouvements dans les 120 derniers kilomètres d'une course éprouvante. Et ce n'était que logique, à écouter Davide Formolo, le dernier à avoir résisté à Fuglsang : "On avait une équipe très solide avec Max (Schachmann), moi, et aussi Koni (Patrick Konrad), et Jay (McCarthy) en cas de sprint. Donc la question est toujours de savoir comment jouer avec autant de cartes. On est passé tout près de la perfection, avec Max qui a dominé le sprint du premier groupe et moi qui n'étais pas loin de rester avec Jakob pour ensuite lui disputer la victoire."
En cette fin avril, on tourne la page des classiques printanières pour se tourner vers les grandes épreuves par étapes. Formidable chasseur de bouquets, Sagan doit être une star en toutes saisons. Le Tour de Romandie offre plutôt une nouvelle illustration de l'abondance de biens chez Bora, à partir de mardi. L'équipe allemande s'organisera autour de son grimpeur Emanuel Buchmann et du sprinteur irlandais Sam Bennett. Étant donnée la forme qu'ils tiennent, difficile de ne pas les imaginer briller…
Buchmann, vainqueur d'étape début avril sur le Tour du Pays-Basque, devrait ensuite retrouver Sagan sur le Tour de France. Sam Bennett, lui, est absent de la sélection (encore très provisoire) annoncée par la Bora. L'Irlandais est pourtant un scoreur hors-pair : il a remporté au moins un bouquet sur toutes les courses par étapes qu'il a disputées depuis un an (Giro, Turquie x2, San Juan, Tour des Émirats et Paris-Nice). Mais la place de sprinteur est déjà prise au sein de la formation allemande…

Supplanté au printemps, géant en été ?

Le vide laissé par Sagan ne s'est pas franchement ressenti chez Bora, et cela vaut aussi sur les hauteurs du cyclisme habituellement squattées par le Slovaque. Les classiques ont enthousiasmé par leurs scénarios et une nouvelle génération a pris le pouvoir pendant que Sagan, mais aussi Alejandro Valverde et Greg Van Avermaet, tiraient la langue. Julian Alaphilippe est une star qui séduit bien au-delà des frontières françaises. Et puis, il y a eu la tornade Mathieu Van der Poel.
Sur une poignée de courses, le Néerlandais de 24 ans a tout emporté sur son passage, les bouquets et le coeur de nombreux fans. Sur le vélo, il s'éclate. Et ça lui réussit à merveille. Ce n'est évidemment pas sans rappeler le "jeune" Sagan, irrésistible dès sa première saison pro. Loin du spleen des derniers mois, on s'amusait alors des facéties et de l'insolence du champion, protagoniste d'anecdotes infinies qui nous faisaient écrire, il y a deux ans, qu'il était "une formidable raison d'aimer le vélo".
Surtout, on s'émerveillait de sa facilité et de son panache en course. Je ne doute pas que ce Sagan existe toujours, qu'il va bientôt retrouver l'étincelle. Et faire des merveilles. La semaine dernière, j'ai pu étudier en détails le profil du prochain Tour de France avec Rolf Aldag, directeur sportif de Dimension Data. Petits coups de cul ou véritables côtes, derniers kilomètres tortueux... La plupart des étapes pour sprinteurs présentent des difficultés plus ou moins notables dans le final. Et le constat reste sans appel : "Sagan va encore gagner le maillot vert avec 300 points d'avance."
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité