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Liège-Bastogne-Liège | Romain Bardet dauphin de Tadej Pogacar, l'inattendu retour en pleine lumière

Amaury Erdogan-Gutierrez

Mis à jour 21/04/2024 à 22:31 GMT+2

Six ans après, Romain Bardet (Dsm-firmenich PostNL) est de retour sur le podium de Liège-Bastogne-Liège, deuxième de la Doyenne dimanche. Le Français revient au sommet de l’affiche, et il le doit autant à ses jambes qu’à son sens tactique, qui lui a permis de piéger ses poursuivants malgré un vent de face dans le final. De bon augure avant le Giro.

"Je m'étais presque fait une raison pour Liège, comme quoi...", savoure Bardet

La campagne des Ardennaises édition 2024 est à ranger parmi les cuvées les plus réussies de ses dernières années côté français. Benoît Cosnefroy (Decathlon AG2R La Mondiale) vainqueur de la Flèche Brabançonne, trois tricolores dans le top 10 de l’Amstel, rajoutez-en deux de plus dans le top 10 de la Flèche Wallonne, avec en point d'orgue la deuxième place de Kévin Vauquelin (Arkéa – B&B Hotels). Reste Liège-Bastogne-Liège, l’acmé de ces classiques du printemps. Le tir groupé est une nouvelle fois français, avec trois représentants dans les 10 (première nation à ce niveau). Au sommet de l’affiche, l’inusable Romain Bardet (Dsm-firmenich PostNL) dont on n’attendait plus ce genre de performances.

"De très bonnes jambes" et un coup de maître

Et pourtant. L’Auvergnat n'a pas attendu le final pour montrer son casque blanc aux avant-postes du peloton, quitte à laisser échapper quelques gestes témoignant d’une tension prégnante chez le grimpeur français. Le natif de Brioude est pétri d’expérience et d’un sens de la course aigu, alors ce sentiment d'urgence devait être justifié. Demandez plutôt à Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck) et consorts, piégés par une chute massive à un peu moins de 100 kilomètres du but.
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Grand froid au départ, carambolage et l'éclair Pogacar : le résumé de la course

"Je savais que le temps allait être difficile, que ce serait une course usante, a confié Bardet au micro d’Eurosport à l’arrivée. Je l’ai prise sans pression et je me suis retrouvé avec de très bonnes jambes dans le final, ce que j’ai pu exploiter. Je pense que ma connaissance tactique de la course m’a aussi aidé à me retrouver au bon endroit dans les moments-clés de la course, ce qui m’a permis de me projeter avec de très bonnes jambes." Une connaissance tactique mûrie après neuf participations (ce dimanche étant la dixième) et un podium décroché il y a six ans, une époque où Bardet logeait à une tout autre hauteur dans la hiérarchie présumée du peloton.
"C’est vrai qu’autant le premier podium (3e en 2018, ndlr), je l’attendais parce que ça faisait plusieurs années que je tournais autour, autant celui-là, je m’étais fait une raison, a reconnu sans ambages le triple vainqueur d’étapes sur le Tour de France. Comme quoi, il faut toujours y croire." Y croire, insister, même lorsque les vents contraires battent la chaussée escarpée de la Doyenne. D’abord placé dans un contre à l’initiative de Ben Healy (EF Education – EasyPost), Bardet a contré l’Irlandais sur les pentes de la Roche-aux-Faucons, dernière difficulté du jour. Problème, les débats se sont emballés à l’arrière, avec les offensives conjointes d’Egan Bernal (INEOS Grenadiers) et de Maxim Van Gils (Lotto Dstny). Sur le dernier rebord avant l’ultime redescente, Bardet ne pouvait plus fuir, en point de mire de ses chasseurs, la bave aux lèvres.
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Une attaque tranchante dans la Redoute et Pogacar file vers la victoire

Alors, malgré le vent de face, les attaques incessantes, les auspices aux échos défaitistes, l'Auvergnat s'est entêté dans son entreprise. Parce qu'il a déjà tout lu, tout connu, surtout. "C’était très tactique au sommet, le vent de face était vraiment important, ça a été dur, mais pour avoir vécu la situation plusieurs années de suite, je savais qu’il suffisait, parfois, de 5-10 secondes au sommet pour tenir, parce qu’il peut y avoir une grosse mésentente dans le groupe des poursuivants." L’oracle de Brioude a eu tout bon, et la mésentente constante régnant à l’échelon inférieur a servi les affaires du Français, lancé à 9 kilomètres de la ligne avec un maigre pécule (10 secondes) certes, mais suffisant pour s’ouvrir la voie d’un deuxième podium sur la Doyenne.

Une montée en puissance programmée en vue du Giro

Si la présence de Bardet (33 ans) sur la boîte au milieu des deux phénomènes Pogacar et Van der Poel a de quoi détonner, la montée en régime de l’Auvergnat est balisée depuis des mois. Avec à l’esprit un retour attendu sur le Tour d’Italie, deux après une édition 2022 qu’il a quittée le teint blafard, le corps retourné par la maladie, et le rêve sacrifié du plus grand accomplissement de sa carrière.
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Seul dans son monde, le dernier kilomètre de Pogacar à Liège

Sur le chemin menant à Turin, Bardet n’a rien laissé au hasard, comme ce Tour des Alpes où il s’est fait les dents. Cinquième dimanche, Aurélien Paret-Peintre (Decathlon AG2R La Mondiale) confirme. "Moi, l’an passé, j’ai fait mon meilleur Liège après le Tour des Alpes, a-t-il rappelé à Eurosport. Là, c’est encore le cas. On a eu des mauvaises conditions mercredi, mais c’était moins long qu’eux. Les étapes étaient courtes, donc c’était une super semaine pour venir ici ensuite." Avec un pic de forme programmé sur le Giro, Bardet n'a sans doute pas fini de nous surprendre.
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