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Pourquoi l'équipe Soudal - Quick Step a raté sa campagne de classiques

Raphaël Brosse

Mis à jour 23/04/2024 à 12:34 GMT+2

D’habitude très en vue au printemps, Soudal - Quick Step est passée totalement au travers de sa campagne de classiques, qui s’est achevée ce dimanche avec Liège-Bastogne-Liège. Cela n’a rien de surprenant aux yeux de Philippe Gilbert. L’ancien coureur de l’équipe belge estime que celle-ci, qui a décidé de mettre Remco Evenepoel au centre de son projet, paie le prix de ce changement d’ADN.

Les coureurs de Soudal - Quick Step avant le départ de Liège-Bastogne-Liège, dimanche 21 novembre 2024.

Crédit: Getty Images

Il fut un temps où le Wolfpack régnait quasiment sans partage au printemps. À cette époque, entre mars et avril, la Quick Step accumulait podiums et succès sur les classiques. Niki Terpstra, Philippe Gilbert, Bob Jungels, Julian Alaphilippe… Quel que soit son terrain de jeu, des routes italiennes aux chemins ardennais, en passant - surtout - par les pavés flandriens, la meute bleue et blanche était omniprésente aux avant-postes et n’avait pas son pareil pour mener l’un des siens jusqu’à la victoire. Maintenant, la meute semble cependant avoir beaucoup moins de mordant qu’auparavant.
La période des classiques printanières s’est refermée dimanche, à l’issue de Liège-Bastogne-Liège, et il ne paraît pas exagéré de considérer que la formation belge a réalisé sa pire campagne depuis des lustres. À l’exception de la Nokere Koerse et du GP de l’Escaut, deux semi-classiques de niveau Pro Series remportées par Tim Merlier, la Soudal Quick Step n’a pas décroché le moindre bouquet sur des courses d’un jour. Pire encore : ses coureurs n’ont jamais vraiment existé sur les Monuments, leur meilleure performance étant la sixième place de Mauri Vansevenant à Liège.
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Une chute évitée d'un rien et un coup de génie : La folle victoire de Merlier

Remco coûte très, très cher
Ces deux dernières saisons, les hommes de Patrick Lefevere n’avaient pas non plus été flamboyants au printemps. Mais, au moins, Remco Evenepoel avait sauvé la face en s’imposant sur la Doyenne. Lourdement tombé sur le Tour du Pays basque, le phénomène belge n’était pas de la partie cette année. Son absence a néanmoins permis de mettre en lumière le cœur du problème : désormais, toute l’équipe tourne autour de lui. "Les dirigeants ont beaucoup misé sur Remco. Et il coûte très, très cher", explique Philippe Gilbert, consultant Eurosport.
"Plein de coureurs-clés sont partis au fil du temps, sans jamais avoir été remplacés, parce que cet argent-là était réinjecté sur Remco", insiste le champion du monde 2012, qui a évolué sous la direction de Lefevere de 2017 à 2019. Et qui, pour étayer son propos, se lance dans une énumération lourde de sens : "Je pense à Tim Declercq, par exemple, qui était un coureur très important (le "Tracteur" a rejoint la Lidl-Trek en 2024, ndlr). Il y a aussi eu le départ de Zdenek Stybar. Iljo Keisse, pareil. Moi-même, quand je suis parti, je n’ai pas été remplacé."
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Remco Evenepoel sur le Tour du Pays basque

Crédit: Getty Images

Qu’il s’agisse de coureurs capables de lever les bras sur un Monument (Gilbert en a décroché deux sous ces couleurs) ou d’éléments très précieux sur ce type de rendez-vous, grâce à leur expérience ou à leur apport en tant qu’équipiers, le Wolfpack s’est donc inexorablement affaibli dans l’optique des classiques printanières. La tendance semble se poursuivre, si l’on estime que Lefevere, par son attitude et ses piques répétées, fait tout pour pousser Alaphilippe vers la sortie. En fin de contrat, le double champion du monde n’est certes plus au sommet de son art. Se séparer d’un chasseur de victoires au CV aussi impressionnant en dirait toutefois long sur le changement d’ADN opéré chez la Soudal - Quick Step.

Soucis financiers et fusion avortée

En misant autant sur Evenepoel, ainsi que sur des coureurs à même de l’escorter en montagne (tel Mikel Landa), l’emblématique manager belge espère voir sa formation briller sur des courses par étapes. Le gamin d’Alost a déjà triomphé sur la Vuelta en 2022 et découvrira le Tour de France, l’été prochain, avec de grandes ambitions. Une grosse performance de sa part sur la Grande Boucle représenterait un retour sur investissement bienvenu pour la structure créée en 2003, par ailleurs confrontée à de réels soucis financiers. Ce qu’avait illustré le projet de fusion avorté avec Visma, qui avait fortement secoué le peloton il y a quelques mois.
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Patrick Lefevere - Teamchef Soudal – Quick-Step

Crédit: Getty Images

"Ce n’est pas l’équipe la plus riche du peloton", concède dans un euphémisme Philippe Gilbert, qui considère, tout compte fait, que ses anciens coéquipiers ne "font pas une mauvaise saison. C’est juste qu’ils n’ont pas les coureurs pour faire ce qu’on a pu réaliser, nous, à l’époque des grandes années du Wolfpack, quand on gagnait tout. Maintenant, ça retombe, parce qu’ils ont réinvesti sur des très jeunes, des coureurs un peu moins talentueux." Avant de conclure, fataliste : "Et ça se paie."
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