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Liège-Bastogne-Liège : Julian Alaphilippe - Jakob Fuglsang, drôle de duel, sacrée finale

Benoît Vittek

Mis à jour 28/04/2019 à 09:22 GMT+2

LIÈGE-BASTOGNE-LIÈGE - Des Strade Bianche à la Flèche wallonne en passant par l'Amstel, le printemps a fait naître une belle rivalité, teintée de respect, entre Julian Alaphilippe et Jakob Fuglsang, deux coureurs aux qualités différentes mais qui se retrouvent quand la pente met chacun face à ses limites. La Doyenne leur offre l'occasion de régler leurs comptes dans cette campagne des classiques.

Jakob Fuglsang face à Julian Alaphilippe dans le Mur de Huy sur la Flèche Wallonne 2019

Crédit: Getty Images

Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) sera favori de Liège-Bastogne-Liège, dimanche, comme on s’y attendait depuis plusieurs semaines. Jakob Fuglsang (Astana) portera l’autre grande pancarte au moment de gravir les côtes de la Redoute, des Forges et autre Roche-aux-Faucons, dans des proportions qu’on n’imaginait pas il y a encore dix jours. “Alaf” vs “Birdsong”, le duel est inattendu… Mais, en l’absence de Mathieu van der Poel, il offre une finale parfaite sur la Doyenne entre les deux hommes forts des deux équipes fortes de ce début de saison.
C’est surtout le profil de Jakob Fuglsang, ses qualités propres et son palmarès, qui ne laissait pas présager pareil duel. “Au final, ma spécialité, ça reste les courses par étape et c’est peut-être là qu’il a un peu plus de faiblesses”, observait le Danois au sujet de son nouveau meilleur rival mercredi, après l’avoir poussé dans ses derniers retranchements sur le Mur de Huy. “Mais il est plus explosif, ce qui correspond mieux à ces courses.”

Fuglsang, 34 ans, aucune course d'un jour remportée

L’analyse des palmarès abonde dans le sens de Fuglsang : lancé dans sa 11e saison World Tour, il compte “seulement” 19 victoires à son palmarès, aucune sur les courses d’un jour. Alaphilippe, de 7 ans son cadet, a accroché 27 victoires pro parmi lesquelles Sanremo, la Flèche Wallonne (x2), San Sebastian, les Strade Bianche… Il est depuis un an le meilleur puncheur du monde. Mais depuis leur superbe duel sur les Strade Bianche, le printemps a rééquilibré les débats. Troisième dimanche dernier, Fuglsang dominait Alaphilippe sur une course du triptyque Amstel-Flèche-Liège pour la première fois depuis l’abandon du Français lors de sa découverte de l’Amstel, en 2014 (le Danois avait fini 29e).
Je ne peux rien dire de mal sur lui et ça me fait plaisir qu’il ne puisse rien dire de mal sur moi
Aujourd’hui, Alaphilippe, rarement avare en compliments envers ses rivaux, ne peut que constater : “Il est capable de me mettre dans mes limites dans les bosses.” Et ça a certainement joué dans le final gâché de l’Amstel : au-delà de la performance de Van der Poel, des incompréhensions sur les écarts et du choix d’Astana de ne plus collaborer dans le final, Alaphilippe semblait lui-même à la limite. “Bien sûr il y avait de la déception mais avec Jakob (Fuglsang), on a fait une course vraiment solide, j’ai pris du plaisir à courir comme ça”, a-t-il évacué après son succès à Huy. “Maintenant, c’est loin derrière moi.”
Dans la salle de presse au sommet du Mur, les deux hommes ont naturellement été invités à deviser sur leurs duels. Alaphilippe arrivait seulement lorsque Fuglsang, qui répondait déjà à nos questions depuis cinq minutes, a été branché sur le sujet :
- Vous n’avez pas peur de vous réveiller cette nuit et de trouver Julian dans votre lit ?
- Je n’espère pas (rires) ! Ce serait un vrai cauchemar. (…)
- Comment décririez-vous votre relation ?
- Nous avons une bonne relation et on parle aussi pendant les courses. Bon, ici, on ne peut pas beaucoup, c’est très nerveux. Nous sommes de bons amis et je le respecte pour le coureur qu’il est.
- Si vous deviez le décrire en un mot ?
- Fort... Trop fort.
Assis sur la table abandonné par les attachés de presse de la course, Alaphilippe se masse le mollet gauche. Son sourire dessine une moue approbatrice et il ne manque pas, une fois son tour venu, de saluer en Fuglsang “un coureur humble, qui aime se faire mal et n’hésite pas à aller au charbon. C’est un très beau coureur et c’est pour ça que je ne peux rien dire de mal sur lui et ça me fait plaisir qu’il ne puisse rien dire de mal sur moi.”
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Comment Alaphilippe a dompté le Mur de Huy et Fuglsang : son arrivée triomphale en vidéo

Liège, la finale idéale ?

La Doyenne est désormais le terrain parfait pour qu’ils règlent leurs comptes sur la route. Et le nouveau final, en centre-ville, s’y prête peut-être encore plus : les options tactiques s’ouvrent et, en l’absence des côtes de Saint-Nicolas et d’Ans, Fuglsang devra absolument créer des différences avant les 15 derniers kilomètres. “Il me reste une occasion”, relevait le Danois mercredi, tandis qu’Alaphilippe avait beau jeu de s’appuyer sur son début de saison réussi dans les très grandes largeurs (9 victoires, déjà) : “Maintenant, ce n’est que du bonus”.
Ce couplet n’a rien de neuf dans la bouche du Français : il l’emploie souvent dans l’espoir de conjurer un peu la pression, tempérer (sans grand succès) les attentes qui l'escortent sur à peu près toutes les courses et particulièrement dans son jardin ardennais. L’an dernier, il tenait déjà un discours similaire après avoir renversé Valverde à Huy et avant de courir en protection de son coéquipier et ami Bob Jungels vers Liège.
Cette fois, pas de Jungels, mais le “Wolfpack” présente tout de même Philippe “Mr Monuments” Gilbert ou encore Enric Mas, brillant dans son rôle d’équipier mercredi. Fuglsang sera également entouré de coureurs solides capables de jouer leur carte, particulièrement Alexey Lutsenko et les frères Izagirre. Ça promet une grande bataille, que ne manqueront pas de perturber des empêcheurs de tourner en rond comme Michal Kwiatkowski (Team Sky), Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) ou Romain Bardet (AG2R-La Mondiale). Il n’empêche, il sera difficile de détacher le regard des rivaux intimes Alaphilippe et Fuglsang.
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