Offredo avec les grands

Depuis l'an dernier, on savait que Yoann Offredo avait du culot. On sait maintenant qu'il a aussi beaucoup de talent. Il y a tout juste un an, le Français s'était révélé ici même en attaquant entre la Cipressa et le Poggio. Un coup plein de panache, mais pas forcément plein de bon sens. Félicité par tous les observateurs, Offredo avait même été tancé par son directeur sportif chez FDJ, Martial Gayant, qui lui reprochait d'avoir pensé à lui avant de penser à l'équipe. Un an plus tard, Offredo a remis ça. Beaucoup plus sérieusement...

Pourquoi mentir, Yoann Offredo nous a donné quelques frissons en attaquant en tête la dernière ligne droite de ce Milan-Sanremo. Alors, bien sûr, il n'avait plus rien dans les chaussettes pour le sprint final, dominé par le dernier des sprinters, Matthew Goss, et a dû se contenter de la 7e place. Mais le voir en compagnie de cadors comme Cancellara, Gilbert, Nibali, Ballan, Pozzato ou Scarponi, voilà qui en dit long sur le niveau atteint par le Francilien. Il n'a encore que 24 ans et au rythme où il va, il est promis à de très belles choses.

Plus encore que ses jambes, c'est son état d'esprit qui est remarquable. Offredo n'a pas couru petit bras, pour faire une petite place de 10 ou 15. Sur une des plus grandes scènes du monde, il a joué pour gagner. "Je n'ai pas de regrets à avoir, dit-t-il avec raison. J'étais là pour jouer la victoire. J'ai attaqué où il fallait. Dommage qu'il n'y ait pas eu davantage d'attaques, de mouvements. Sur la fin, on manquait d'infos sur la course". Dans une stratégie d'équipe menée avec le Lorrain Steve Chainel, admirable dans son sacrifice pour son pote, Offredo a pris les devants à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée. Puis, il a de nouveau tenté sa chance à 2400 mètres de l'arrivée, dans les rues de Sanremo.

Là, il y a vraiment cru. "Je pensais franchement avoir fait le plus dur. Quand je me suis retourné, j'ai vu que j'avais fait le trou. Puis Nibali et les autres sont revenus". Pour son plus grand malheur, Fabian Cancellara avait pris son attaque au sérieux. C'est le Bernois, en réagissant, qui a provoqué le retour des ténors. Offredo peut le prendre comme une marque de respect. "Je n'ai rien à me reprocher. Ma petite frustration, c'est que je n'ai peut-être pas tenté au bon moment dans le final", ajoute le Français. "Ca faisait un an que j'y pensais", a-t-il avoué. Après sa quatrième place dans le Het Nieuwsblad, fin février, il confirme qu'il est prêt à jouer dans la cour des grands. Et dire qu'il ne se sentait même pas à 100% après son abandon sur Paris-Nice, où il avait cumulé une chute et une gastro. Mais quand on a du talent et de l'envie...